Willam Gibson donne quelques infos sur son prochain livre, "Spook Country", de l’anticipation contemporaine. © DR
< 25'07'07 >
Deux pères du Net inquiets pour leur progéniture
Ils sont les pères du Web, ne se connaissent probablement pas personnellement l’un l’autre et n’ont a priori d’autre point commun que d’avoir imaginé le réseau des réseaux. Le premier s’appelle William Gibson, auteur de science-fiction cyberpunk, qui a forgé le terme cyberespace dès 1982 avant de devenir carrément culte avec Neuromancien en 1984. Le deuxième se nomme Robert Cailliau, ingénieur retraité du CERN (l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire) et inventeur, avec le britannique Tim Berners-Lee, du World Wide Web, la partie multimédia de l’Internet, en 1990. L’un est interviewé dans Wired à propos de son prochain roman, à paraître le 7 août aux Etats-Unis, « Spook Country », le deuxième fait l’objet d’un portrait dans le journal le Monde daté du 25 juillet. Et tous deux se rejoignent aujourd’hui pour prédire des jours sombres au Net. Le cyberpunk noir qui a fait son deuil de la contre-culture et stigmatisé les effets négatifs de la société de consommation et le scientifique qui a œuvré au sein du W3C (le consortium du World Wide Web) pour préserver l’idée du standard contre la privatisation préconisée par les sociétés marchandes, se retrouvent pour critiquer la perte de repères qu’entraînent nos vies sous influence techno. En vrac, les effets négatifs du Web 2.0, la « recentralisation des données personnelles dans les serveurs des grands groupes » (Google en tête, qui accumule tout un tas d’informations sur la vie privée des internautes) pour l’ingénieur, le méli-mélo du réel et de la fiction à la Second Life pour William Gibson. Son nouveau roman est la suite d’« Identification des schémas » (2003), best-seller qui voyait l’auteur revenir à une science-fiction contemporaine. Spook Country n’est pas un drame mais une comédie, dit-il en substance à « Wired », puisque le rire est le dernier rempart contre l’absurdité et le chaos. L’action se passe à Manhattan, pas loin du trou du World Trade Center et brasse journaux qui n’existent pas, i-Pods transmettant des métadonnées, terroristes et autres réseaux hypersociaux. Robert Cailliau, qui vient de prendre sa retraite, dit redouter l’évolution des mondes virtuels à la Second Life qui « coupent davantage les gens de la réalité ». Deux dinosaures du Net qui mettent en garde contre les développements actuels, est-ce bien raisonnable ? Les gourous et prophètes de la révolution cybernétique réviseraient-ils aujourd’hui leur façon de voir ? Pas si simple. D’abord parce que Gibson, américain vivant au Canada, n’a jamais été très à l’aise sur le réseau (jusqu’à récemment il écrivait à la machine à écrire…), plus visionnaire qu’acteur des changements technologiques. Ensuite parce que les deux hommes s’inscrivent dans l’actuelle montée de la critique des réseaux sociaux en matière d’atteintes potentielles aux libertés publiques. L’arrivée massive de novices sur l’Internet, qui laissent naïvement des traces d’eux-mêmes un peu partout, inquiète jusqu’aux grandes entreprises… Vnunet rappelle ainsi qu’Equifax, spécialiste américain des technologies d’information, vient de mettre au point un mode d’emploi pour les nouveaux adeptes des réseaux sociaux (Facebook, Myspace, Digg it, etc.), pour leur apprendre à ne plus donner sur leurs pages de profil toutes les informations personnelles qui les exposent à la fraude. Et les experts en sécurité n’hésitent plus à stigmatiser les mauvaises habitudes des internautes, à l’instar d’un des dirigeants d’Auscert, Graham Ingram, rappelant que la somme d’informations personnelles laissées par les internautes est une mine d’or pour tous les délinquants du Web.
< 1 >
commentaire
écrit le < 26'07'07 > par <
info Co5 franck-ancel.com
>
NO MAPS FOR THESE TERRITORIES ! http://www.filmfreaks.nl/reel23/en/frameset02.html
L’icône Susan Kare
Anne Horel en interview pizza emoji La culture du online… offline Au Wif à Limoges, le webdesign en chaussettes Une Papillote dans la matrice cyberféministe de VNS Matrix |