Clôture parisienne du festival des Inrockuptibles, à l’Olympia, 28 bvd des Capucines, Paris 9e, avec Loney, Dear, Beirut, Andrew Bird et Devendra Banhart (complet).
Nouvel album : « Smokey Rolls Down Thunder Canyon » (XL/Beggars).
Clôture parisienne du festival des Inrockuptibles, à l’Olympia, 28 bvd des Capucines, Paris 9e, avec Loney, Dear, Beirut, Andrew Bird et Devendra Banhart (complet). Nouvel album : « Smokey Rolls Down Thunder Canyon » (XL/Beggars).
Devendra Banhart, barbu folk sexy et tendance, vient de sortir son huitième album, pas le meilleur. © Lauren Dukoff
< 12'11'07 >
Devendra Banhart, sa nostalgie n’est plus ce qu’elle était
Le Festival des Inrockuptibles (qui se termine mercredi à Clermont et Toulouse), conclut en beauté ce lundi sa vingtième édition parisienne. Au menu de cette épatante soirée songwriting, le folk délicat du Suédois Loney, Dear, la pop subtilement métissée d’Andrew Bird et le chouchou des blogs Zach Condon alias Beirut, Américain écartelé entre les Balkans et la France des années 20. Trois artistes exigeants et sensibles qui, à eux seuls, justifient le déplacement. Mais c’est la tête d’affiche Devendra Banhart, en légère perte de vitesse, qui fait pourtant l’événement (le concert est complet). Il y a cinq ans, ce jeune Américain (26 ans aujourd’hui) jouissait du plus parfait anonymat, gratouillant sa guitare dans un resto éthiopien perdu de Los Angeles, entre deux dérives on the road. Repéré par l’essentiel Michael Gira en 2002, il a depuis, en une poignée d’albums à la nostalgie bavarde (« Oh me, Oh my », « Rejoicing The Hands »…), ravivé la flamme hippie avec toute sa bande (Vetiver, CocoRosie, Espers, Jana Hunter…, qu’on retrouve sur « The Golden Apples of the Sun », la compilation qu’il a dirigée pour « Arthur Magazine » il y a trois ans). Meneur (malgré lui ?) de ce qu’on nous vend comme un nouveau Summer of Love (voir le portfolio folk d’Annie Leibovitz pour « Vanity Fair »), Banhart est désormais assailli par les médias : bon client (délires mystico-naturalistes et tatouages indiens inclus) à la bio parfaitement atypique (enfant, il a vécu en communauté sous la férule d’un gourou hippy, puis à Caracas jusqu’à l’adolescence, avant de faire la route, passant par Paris notamment), il est on ne peut plus tendance, même si son couple photogénique avec Bianca Casady de CocoRosie n’a pas résisté aux tournées à répétition. Après « Cripple Crow », album de l’explosion (on l’entend dans les pubs, les reportages télé, les films), le barde barbu, relocalisé dans un canyon californien, ne sait plus trop à quel saint se vouer. Et commence, musicalement, à tourner en rond. Aussi volubile que de coutume (16 titres), « Smokey Rolls Down Thunder Canyon », sorti à la rentrée, est dédié à trois disparus : Alice Coltrane, passée du jazz à la musique religieuse hindoue, le folksinger indie Elliott Smith et Malachi Ritscher, le musicien chicagoan qui s’est immolé l’an dernier pour protester contre la guerre en Irak. Une façon d’enfoncer le clou nostalgique. Car, si ce huitième album recèle quelques belles chansons, qui retrouvent la simplicité folk hispanisante de « Niño Rojo », ce goût de déjà-vu tourne trop souvent à l’aigre : à grand coup de chœurs, tambourins, clochettes et flûtes, Banhart recycle avec une rare complaisance le rock psyché 1967 (on peut même l’habiller de fripes hippies sur une page de son site), de Donovan à Jefferson Airplane, en passant par les Doors ! « I’ve been a bad girl / I ain’t playin fair », chante-t-il avec gourmandise. Une mauvaise fille qui ne joue pas le jeu, on n’est pas loin d’être d’accord. Devendra Banhart chez lui avec sa bande pendant l’enregistrement de « Seahorse » :
L’émoi EMA
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