En 2007, le rock à guitares stricto sensu s’est étiolé, le disco a refait surface, le folk souterrain est devenu mainstream, les synthés sont partout, les machines aussi. Cette année encore, pas de pays leader mais des nouvelles têtes qui viennent de partout, de The Teenagers, des Français exilés à Londres, aux très jeunes Islandais Jakobinarina (ou leurs compatriotes Singapore Sling), des Suédois pop Those Dancing Days aux gamins australiens d’Operator Please. Alors bien sûr, en 2008, il faudra (encore) faire avec AC/DC, U2, Coldplay, Lenny Kravitz ou encore Cure, Massive Attack, R.E.M. (qui décline la genèse d’« Accelerate » en vidéo) et même Michael Jackson ! Heureusement que remettent aussi le couvert, par ordre d’arrivée des galettes sur le marché, Brian Jonestown Massacre, le groupe du fou dingue psyché Anton Newcombe, paradoxalement remis en selle par le formidable documentaire rock « Dig ! », Nick Cave, qui retrouve les Bad Seeds après l’épatant dérapage Grinderman l’an dernier, sans oublier le post-rock baroque des Montréalais magnifiques A Silver Mt Zion, décidément partout.

Survol des tendances rock, folk et électro 2008, première partie.

Les filles à la fête

Bilans et classements de fin d’année (ici, là ou là, entre autres) ne reconnaissent pas cette hégémonie à sa juste mesure, alors on va l’écrire haut et fort : les femmes ont rapté 2007. Sans parler du succès planétaire d’Amy Winehouse et des frasques de Britney Spears, elles ont marqué l’année, sortant des disques importants (PJ Harvey, Scout Niblett, Electrelane), ringardisant un peu plus les postures rock revivalistes qui pullulent. Beaucoup de nouvelles têtes déboulées de nulle part (Taxi Taxi !, Alela Diane, Bat For Lashes), jusqu’à l’Anglaise Kate Nash, énorme carton en Grande-Bretagne.

En 2008, les voix folk s’échapperont les premières. Dès la fin du mois, Chan Marshall-Cat Power revient americana avec un album de reprises, « Jukebox », quelques jours après les lancés The Do, duo franco-finlandais qu’on vous présentait en juin, partis pour faire beaucoup parler, malgré ce « A Mouthful », en demi-teinte. On surveillera davantage deux outsiders folk, Joanne Robertson (premier album chez Textile fin février) et White Hinterland (en mars), nouveau projet baroque de Casey Dienel.

Cat Power en studio - « Dark End Of The Street »

Le disco à l’avant-scène

La déferlante Fluokids-Justice s’est cassée sur la forte tête James Murphy, héros électro 2007, auteur (avec LCD Soundsystem) de l’irrésistible « Sound Of Silver », du mix « Fabriclive 36 » et de la réédition de Pylon sur DFA. Avec en chef de file l’Ecossais Calvin Harris (février), 2008 s’ouvre disco, voire italo-disco (Glass Candy sur le label Italians Do It Better en février). Pour résister, les plus rétifs iront directement écouter Autechre en mars. Les autres s’enticheront de Crystal Castles, des Canadiens qui ont remplacé leurs synthés par un Atari 5200. Depuis 2006 et leur tube underground « Alice Practice », on attend d’eux qu’ils effacent tout sur leur passage. Premier album le 19 février.
Premier au rayon des inclassables, les Londoniens Hot Chip s’apprêtent à publier un troisième album, « Made In The Dark », un cran au-dessus du précédent (très pop de synthèse) « The Warning ». Ton durci, rythmiques plus hachées, Hot Chip a les idées noires et ça leur va bien au teint. On parlait cet été de Thieves Like Us, trio américano-suédois exilé à Paris (et sur Kitsuné) : leur premier album ne devrait plus tarder, très bonne nouvelle pour les amateurs de pop électronique à voix blanche.

Crystal Castles - « Air War »

Albion change ses pions

La mode power-pop garage née dans le sillage des Libertines semble toute essoufflée, sous les coups de boutoir nu-rave de Klaxons et consorts. Les impétrants de 2008 mettent toutes sortes de choses dans leur rock : des machines (These New Puritans, fin janvier) ou des machines et des glockenspiels (Los Campesinos, février). Une guitare hawaïenne aussi, mais là ça frise la variétoche (Lightspeed Champion, pourtant tonitruant avec Test Icicles, fin janvier). On attendra sagement mars et le troisième opus du duo (moitié américain) The Kills, VV et Hotel, l’autre couple, et autrement glamour, de 2008. Intransigeant, sauvage et concis, « Midnight Boom » devrait secouer un peu tout ça.

Los Campesinos - « Death To Los Campesinos ! »

matthieu recarte