Poptronics au Off des Etats généraux de la presse écrite, organisés par Médiapart et Reporters sans frontières, le 24/11 au théâtre de la Colline, à partir de 20h, 15, rue Malte brun, Paris 20e.
Le site officiel des Etats généraux de la presse écrite est réalisé par le publicitaire de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy... Tout un symble. © DR
< 12'11'08 >
Etats généraux de la presse : Poptronics rejoint le Off
Evidemment, on aurait aimé nous aussi claquer la porte aux grands médias, à ceux qui nous gouvernent et à leurs petits arrangements entre amis. Et refuser aussi crânement que le site d’infos Médiapart les Etats généraux de la presse écrite, aussi douteux que la commission Copé sur la télévision publique. Mais Poptronics n’y a bien sûr pas été convié… Retour sur les 17 minutes de présence de Médiapart aux Etats généraux de la presse, par François Bonnet, directeur éditorial de Médiapart : Comme l’équipe de Médiapart, chez Poptronics, nous avons fait le choix de quitter la presse écrite pour expérimenter une autre façon de fabriquer l’information, plus dynamique, interactive et participative. Pour défricher les avant-gardes et expliquer le monde hypermédia, tout en restant farouchement attachés à une conception de l’information libre et irrévérencieuse quand il le faut. Quitter le papier pour l’écran, parce que l’Internet est un terrain de jeu encore vierge ou presque, un nouveau média qui nous a permis, sans l’aide d’aucun groupe de presse ou de pression, de faire vivre le premier agenda francophone des cultures électroniques (et plutôt pas mal, merci, en terme de fréquentation, puisque 50 000 visiteurs uniques sont passés par ici le mois dernier...) Nous n’avons pas été invités à réfléchir à la situation critique de la presse, situation explosive pour la démocratie, parce que ces Etats généraux n’en sont pas. Comment parler de l’avenir de la presse, de son indépendance et des conditions de sa survie dans un cadre totalement défini par le pouvoir en place et sous la coupe du Président ? On le sait, jamais les grands patrons des médias n’ont été si proches du pouvoir : Bolloré (« Direct Soir », « Direct Matin », Direct 8), Lagardère (groupe Hachette), Dassault (groupe le Figaro), Arnault (« les Echos ») ou Rotschild (« Libération ») sont amis de Sarkozy. Sans doute la presse a-t-elle besoin d’aides financières (l’indépendance a un coût, on en sait quelque chose chez Poptronics, où l’énergie tient lieu de prime de précarité). Mais fallait-il pour autant que les dirigeants des grands titres répondent tous présent à l’appel du Président, le doigt sur la couture du pantalon ? Du coup, quand Médiapart a lancé son appel à la mobilisation journalistique contre cette opération de communication politique, en lançant l’idée d’un Off, nous nous sommes sentis plus que solidaires, raccords avec cette proposition. Ce que nous avons écrit en primeur sur le site d’infos et redisons ici-même : Poptronics participera le 24 novembre au Off des Etats généraux au théâtre de la Colline. Parce que la presse française souffre d’un énorme déficit démocratique (on ne refera pas ici le débat sur la ratification de la Constitution européenne…) et d’évidents problèmes structurels (économiques, techniques…). Et que, face à la précarisation de la profession, à la prolifération de la « mal-info » (toujours moins de reportages et d’investigation, toujours plus de commentaires et de réécritures de dépêches d’agence), il s’agit de prendre en main une certaine refonte du métier. Pas avec le gouvernement et ses conseillers communication, mais avec les sociétés de lecteurs, les journalistes et pas seulement leurs rédactions en chef. Avec les sites d’information indépendants, avec les pigistes et, plus largement, avec la nébuleuse critique des Acrimed, Plan B, CQFD et autres blogs. Pour imaginer des alternatives à la concentration que le gouvernement appelle de ses vœux. Ce dont la presse a besoin, c’est de réinterroger ses pratiques, ses contenus, de revenir à ses fondamentaux : informer, par l’enquête, la confrontation des sources et le reportage. Pourquoi la défiance a-t-elle gagné les lecteurs ? Pourquoi le commentaire d’actualité a-t-il pris le pas sur l’information ? Pourquoi les médias généralistes ignorent-ils les scoops dès qu’ils émanent de titres sarko-incompatibles (« Canard enchaîné », @si, Médiapart, etc.) ? A toutes ces questions, Poptronics n’a pas la prétention d’avoir toutes les réponses. Il nous semble cependant urgent d’en débattre au grand jour, démocratiquement. En prenant le pari, puisque c’est le slogan du moment, que « yes, we can ».
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commentaire
écrit le < 02'12'08 > par <
pascale.lemoigne Laa mediapart.fr
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Mediapart et Reporters sans frontières La liberté de la presse n’est pas un privilège des journalistes, mais un droit des citoyens. Le droit à l’information, à la libre expression et à la libre critique, ainsi qu’à la diversité des opinions est une liberté fondamentale de tout être humain. Sans information libre sur la réalité, ambitieuse dans ses moyens et pluraliste dans ses fins, il ne saurait y avoir d’authentique délibération démocratique. Régime de tous les citoyens, sans privilège de naissance, de diplôme ou de fortune, une véritable démocratie suppose que tous soient pareillement informés pour être libres dans leurs choix et autonomes dans leurs décisions. De ce droit du public à connaître les faits et les opinions procède l’ensemble des devoirs et des droits des journalistes. Leur première obligation est à l’égard de la vérité des faits. Leur première discipline est la recherche d’informations vérifiées, sourcées et contextualisées. Leur première loyauté est envers les citoyens et prime toute autre responsabilité, en particulier à l’égard de leurs employeurs et des pouvoirs publics. Défendre et promouvoir cet idéal suppose l’indépendance, la transparence et le pluralisme. L’indépendance, c’est-à-dire : le respect général du droit moral des journalistes sur leur travail, afin de garantir que l’information ne soit pas réduite à une marchandise ; le refus impératif du mélange des intérêts industriels et médiatiques, afin de garantir que les opérateurs économiques n’aient pas d’autre objectif que l’information ; la préservation absolue de l’intégrité du service public de l’audiovisuel, afin de garantir que ni ses informations ni ses programmes ne soient contrôlés par le pouvoir exécutif. La transparence, c’est-à-dire : un véritable accès, rapide et facile, à toutes les sources documentaires d’intérêt public pour la vie démocratique et le sort des citoyens, à l’image du Freedom of Information Act en vigueur aux Etats-Unis depuis 1967 ; une large protection des sources des journalistes, assurant le droit des citoyens à les alerter et à les informer, inspirée de l’excellente loi belge en vigueur depuis 2005 ; une publicité étendue sur tous les actes du pouvoir exécutif ayant une incidence directe sur notre vie publique, de façon à permettre l’interpellation libre et le questionnement contradictoire des gouvernants par les journalistes. Le pluralisme, c’est-à-dire : une concentration limitée et régulée, de façon à éviter tout monopole de fait ou tout abus de position dominante ; une égalité de traitement de la presse numérique et de la presse imprimée, de façon à éviter toute discrimination stigmatisante d’Internet ; une reconnaissance à part entière de la place des lecteurs en tant que commentateurs, contributeurs et blogeurs, de façon à accroître la diffusion et le partage démocratiques des informations et des opinions. Toute voie qui s’éloignerait de ces principes serait une régression. SIGNER L’ APPEL DE LA COLLINE http://www.mediapart.fr/node/28527
And the Show must go on, Hello World, épisode 5, par Systaime
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