Après-coup sur le festival Make Art, qui s’est tenu du 25 au 30 novembre à Poitiers.
Accompagnant l’œuvre de software art "exist.pl" de Pall Thayer, une affiche existentielle. Je compile donc je suis ? © DR
< 03'12'08 >
Festival Make Art, un sacré décodeur
(Poitiers, envoyée spéciale) Make Art ou l’art compilé, mode d’emploi, puisqu’en informatique, la ligne de commande « make » permet de compiler un logiciel. Poptronics est de retour de Poitiers, des pixels plein les yeux (et les oreilles). Des artistes-programmeurs et autres passionnés mais aussi des étudiants, des amateurs d’art, des usagers de l’informatique ou des curieux se sont rués à la Maison de l’architecture à la rencontre des œuvres et performances sélectionnées par le collectif international goto10. Chacun pour sa pomme ? L’ambiance d’échanges et de découvertes autour de MetaStudio d’Edward Kelly par exemple, n’a pas empêché les débats animés voire fiévreux, notamment lors de la présentation du projet RjDj, une application sonore pour l’iPhone d’Apple créée à partir du logiciel libre Pure Data. Grand succès chez les utilisateurs du mobile de la firme à la pomme, cette application permet de jouer avec des éléments du téléphone (le micro, un accéléromètre à l’intérieur, l’écran tactile), de manière intuitive et ludique, mais, même si elle met dans la poche de dizaines de milliers d’utilisateurs un logiciel libre, elle se conforme aux pratiques commerciales contraignantes d’Apple qui n’ont que faire des libertés associées aux dits logiciels libres (liberté d’utilisation, de modification, de distribution) et des modes de production et de diffusion de ces mêmes logiciels. Pas de doute, on n’est pas à l’Apple Expo : « Pourquoi travailler à perpétuer les hiérarchies commerciales au lieu de développer pour du libre ? » Des versions sont néanmoins prévues pour le téléphone libre Openmoko ou l’Android de Google. Labyrinthe en cubes La Maison de l’architecture accueillait également l’exposition du festival, très cohérente (bien au-delà de l’utilisation de logiciels libres), présentant cinq œuvres qui chacune développe un mode d’opération distinct. Outre l’installation de live-coding « Al Jazari » de Dave Griffiths (sur laquelle poptronics revient demain, tout comme sur la très chouette soirée de performances), c’était l’occasion de voir en France l’installation « Levelhead » de Julian Oliver, entre autres primée par une mention honoraire au dernier Prix Ars Electronica. C’est un jeu de réalité augmentée et de mémoire spatiale, où la manipulation de trois cubes sur une table (grâce à une caméra) permet de résoudre une énigme : un personnage habite un cube-labyrinthe, dont chaque face représente une pièce d’une maison, et il faut l’en faire sortir pour entrer dans le suivant, plus complexe. « Levelhead » de Julian Oliver : Hardware porn Danja Vassiliev est venu avec son installation « m/e/m/e 2.0 », sculpture critique d’une conception du Web orientée uniquement vers le commerce. C’est un site mécanique, composé des matériaux d’ordinateur (surtout des lecteurs de CD-Rom), qui, assemblés, forment un objet bien loin des empilements de machines des serveurs habituels. Sur l’écran d’un ordinateur placé devant la sculpture, le visiteur (mais aussi l’internaute à distance) choisit de cliquer sur un des mots-clés chers au Web 2.0 (« acheter », « accepter », etc.), ce qui déclenche un mécanisme faisant apparaître au centre de l’ordinateur-site recyclé un disque sur lequel est écrit ce mot-clé. Du hardware porn pour geek : la sculpture rend visible le déplacement d’un internaute sur un site Web, mais, comme le Web 2.0, promet plus qu’elle ne délivre. Six ordinateurs en quête d’auteur D’autres machines mises à nu avec l’installation « Sei Personaggi pt. 2 » de Valentina Vuksic qui propose une suite à la pièce de Luigi Pirandello de 1921, « Six personnages en quête d’auteur », sauf que cette fois les personnages sont remplacés par des processus informatiques. Six ordinateurs obsolètes rejouent la pièce, essayant d’attirer l’attention des visiteurs, comme chez Pirandello. Chaque lettre du texte de la pièce est traduite en signal (par les ordinateurs jouant tel ou tel personnage de la famille), signal ensuite amplifié par un micro captant les ondes électro-magnétiques de chaque ordinateur, et que le visiteur peut écouter grâce à des casques. Valentina Vuksic se joue de l’anthropomorphisme qu’on prête aux machines en les transformant en personnages. La conscience de la machine « exist.pl » de Pall Thayer est une œuvre de software art qui s’interroge sur l’existence de la conscience de la machine, du point de vue de l’ordinateur même. L’artiste a donc écrit un programme simple (un « script » dans le langage Perl) qui questionne cette existence. Il a ensuite poussé la réflexion sur l’importance du code source dans l’art numérique. Déjà dans l’un de ses précédents projets, « Codechat », les listes spécialisées Rhizome et Netbehaviour, où il avait porté la discussion, l’avaient amené à changer le code de sa pièce plusieurs fois. L’œuvre montrée à Make Art est un écran où s’affiche une simple ligne, ne variant pas, alors que le code est exécuté et la machine active, avec une série d’affiches : quatre versions du code source et des citations issues de la discussion. La présentation à Make Art amènera-t-elle l’artiste à développer une nouvelle version d’« exist.pl » ? Pour continuer à voir des créations réalisées avec des logiciels et matériels libres, c’est à Bergen en Norvège qu’il faut aller pour l’édition 2008 du festival Piksel, du 4 au 7 décembre !
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commentaire
écrit le < 05'12'08 > par <
dgspa krk free.fr
>
trop bien tout cela !!! à quand sur paris ?
Métavers, tout doit disparaître (et Hubs aussi)
Cybernétique en papillotes Mal au Pixel #9, l’art du réseau sans paillettes ni selfies Instagram, 15 millions d’utilisateurs et moi, et moi, et moi… Allô, t’es où ? A Marseille, je pop’philosophe L’icône Susan Kare 36 trucs pour faire passer les fêtes sur tablette et smartphone En voiture, Papillote ! Papillote ouvre les sources de la création libre Le bonheur, la mort, la religion et le code (archives live « Je veux savoir ») Papillote à la dérive |