Vingt ans d’Inrocks, la semaine sera dure pour la concurrence. Le Zénith, l’Olympia, la Cigale et la Boule Noire : jusqu’à lundi, le Festival des Inrockuptibles truste les salles parisiennes (et s’invite jusqu’au 14 pour quelques soirées dans cinq grandes villes). Le programme, du coup, est forcément gargantuesque, avec plus de quarante invités.

Qu’il semble loin le temps où le festival des Inrocks s’installait trois jours à la Cigale pour présenter une petite dizaine de groupes triés sur le volet, souvent des découvertes. Etoiles filantes, grands en devenir ou futurs maîtres underground. L’hebdo était alors mensuel, soignait sa ligne et faisait discrètement la tendance. Depuis une petite dizaine d’années, le festival a changé de catégorie. En grossissant, il a pris goût aux tartes à la crème (Yelle, Cajun Dance Party, Jack Peñate, samedi), est parfois devenu moins regardant sur la qualité (Second Sex, quand même…).

Pour élargir son public, il s’est acoquiné avec des sponsors maousse qui le font savoir dès l’affiche (Motorola pour 2007, après le Crédit Mutuel ou Orange) et laissé tenter par les stars. Vendredi au Zénith, les inénarrables Justice seront en tête d’affiche d’une soirée 100 % électro (avec Midnight Juggernauts, MSTRKRFT et Klaxons), succédant à la reformation des Happy Mondays, la veille à la Cigale, véritable pari du festival tant les Mancuniens se sont toujours montrés incapables, même à l’époque, de jouer correctement plus de vingt minutes…

Ceci posé, il reste plein de choses à voir, entre l’ouverture, le 8 à Paris, avec les buzzés Bonde Do Role et New Young Pony Club, et la clôture, le 12 à l’Olympia, pour un dégagement songwriting classe avec Andrew Bird, Loney, Dear et Beirut (avant le barde Devendra Banhart). On retrouvera quelques vieilles connaissances du festival (les lancés Bloc Party, pour la troisième fois !, les excentriques The Go ! Team et, drôle d’entêtement, les tristes Anglais Editors), ainsi qu’une flopée de groupes dont on parle (Foals, These New Puritans, Los Campesinos !…).

La Cigale devrait voir l’avènement du trio The Gossip, mené par l’activiste lesbienne Beth Ditto (le 10), sinon du précieux songwriter Elvis Perkins (le 11), voire des New-Yorkaises tendance Effi Briest (le 9). Il faudra, cette année encore, fréquenter assidûment la Boule noire, salle de poche surchauffée, pour entre autres y surveiller Lightspeed Champion, en rupture folk du météore terroriste Test Icicles, vendredi ; l’Américain Seasick Steve et son blues rachitique, le lendemain ; ou les épatants Canadiens disco-punk de You Say Party ! We Say Die !. Tout le programme du marathon là, et trois outsiders à suivre ici-même.

Lightspeed Champion - « Galaxy Of The Lost » :

These New Puritans - « Now ! Pluvial. A » :

The Gossip - « Listen Up » :

matthieu recarte