« Filmer la musique », 3e édition du festival du 9 au 14/06 au Point Ephémère, au 104 et au MK2 Quai de Seine, Paris.
Ne pas rater samedi le documentaire consacré à l’univers déglingué et psychobilly de Hasil Adkins. © DR
< 09'06'09 >
Filmer la musique, on connaît (et on aime) la chanson

Filmer la musique propose dès ce soir et jusqu’à dimanche une troisième édition toujours aussi intrigante dans trois lieux parisiens dévolus à la musique filmée et aux concerts (Point Ephémère, MK2 Quai de Seine et 104). Et ce, malgré la chute des subventions (la crise, ma bonne dame...). Normal, l’équipe, on a nommé le collectif MU, qui concocte ce programme qui fait tout pour la musique, sauf le documentaire musical lambda, est rouée à ce genre de défis (de European Sound Delta à Non Stop Music Planet). Comme son nom l’indique, ce festival est un cocktail de films et concerts pour passionnés de la musique, qu’ils aiment les yéyés ou le punk russe. Pour accompagner ce mélange subtil de documentaires long format et fictions (notamment deux films indé-bullshit de Jon Moritsugu), captations live et clips, haïkus vidéos et streaming, concerts et performances, Poptronics suivra quotidiennement cette édition 2009.

En guise de mise en bouche, petit tour d’horizon d’une programmation qui propose des concerts au Point Ephémère, entre rock’n’roll pur jus (soirée Born Bad), hip-hop expé (MC Supernatural), rock électronique pas bégueule (Krikor et The Chap) sans oublier quelques groupes qui montent (We Have Band). Mais n’hésite pas à aller chercher aussi du côté patrimonial, en diffusant deux films de la série « Les Grandes Répétitions », dont le « Karlheinz Stokhausen » de Gérard Patris et Luc Ferrari, conçue dans le cadre du Service de la recherche de Pierre Schaeffer à l’ORTF. Tout en immergeant le spectateur via la Noise Box installée au Point Ephémère, dans un bain de clips et petits objets filmiques non identifiés.

Ce panorama en forme de coups de cœur, on le doit à Olivier Forest et Eric Daviron, qui veulent d’abord restituer une énergie et naviguer entre des films rarement vus en France et des objets plus étonnants, punk et DIY dans l’âme, l’érudition en images des sites de partage vidéo. A preuve dès ce soir (reprise demain, on y reviendra), l’étonnant documentaire « The Transmigration of Donovan Lynch » de Thomas Cazals, qui raconte, au moyen d’un montage d’images glanées sur Youtube, les promenades transcendantales de David Lynch à travers le monde, au nom de sa fondation.

La méditation transcendantale selon Donovan et David Lynch (réal. « Empire » :


Eclectique jusque dans la boulimie musicale, tous les genres sont au programme : heavy metal (« Heavy Metal Valley », voyage cosmique punk-psyché orchestré par Koudlam et sa tribu hardcore-arty, et projeté ce soir lors du vernissage), disco (« Magic Night » de Nancy Walker, samedi), hip-hop (« West Coast Theory » de Maxime Giffard et Félix Tissier, mercredi), punk de l’Est (« East Punk Memories » de Lucile Chauffour, samedi), americana (« Drunken Bees » de Marianne Dissard, sur la flibuste Giant Sand-Calexico, samedi). On évoquera aussi les premières heures de la techno et de la house, ainsi que la naissance de deux clubs mythiques, le Paradise Garage et le Lost (« Maestro » de Josell Ramos, séance Allia samedi), sans oublier des captations expé-noise de l’excellente salle lyonnaise Grrrnd Zero ou « The Nomi Song » d’Andrew Horn, LE documentaire sur Klaus Nomi, chanteur d’opérette new-wave au succès massif et à la fin tragique (un des premiers people à mourir du sida). A relier à « Papa Broken Dance » de Marie Losier, qui poursuit le fil de son travail autour de Genesis P-Orridge, ce coup-ci façon Scopitone et garçons en maillot.

Maestro, bande annonce du docu de Josell Ramos :



Des maillots aux blousons noirs, il n’y a qu’un détour par les sixties, ce sera ce jeudi avec la spéciale mauvais garçons, en collaboration avec le label/magasin/bouillon de culture Born Bad. Une séance en partenariat avec l’INA permettra de se replonger dans l’incrédulité inquiète que les jeunes rockers et autres mods pouvaient susciter dans les années 60. A repérer, un reportage sur les Who signé Philippe Garrel, le fulgurant moyen métrage « Le Chemin de la mauvaise route » de Jean Vautrin, une bluette rock sur fond de guerre d’Algérie, et « Les Cœurs verts » de Luntz (1966), qui ausculte le quotidien d’une bande de blousons noirs errant entre la Défense et Nanterre, à l’époque en chantier. A mettre en parallèle avec la figure historique Hasil Hadkins, inventeur déjanté du psychobilly dans les années 50 et tête brûlée notoire, qu’on retrouvera également samedi dans l’excellent documentaire « The Wild World of Hasil Adkins ».

benoît hické et matthieu recarte 

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