Chez poptronics, on aime l’outrance et la manière de Lokiss, graffeur première génération, artiste graphique et nouveaux médias qui accompagne la pop’aventure depuis ses débuts. Remonté comme un coucou, il nous a envoyé ce texte plutôt définitif sur le grand raout qui commence aujourd’hui 27 mars 2009 au Grand Palais : l’exposition TAG du collectionneur Gallizia. Et on lui fait largement confiance quand il dit que c’est « une exposition qu’il est inutile d’aller voir ». Lisez plutôt...
Berlin, 2005. © Lokiss
< 12'08'09 >
Graffiti : une culture suicidaire, par Lokiss
(Pop’archive). TAG au Grand Palais - inutile d’aller voir. En parler sans même regarder. (Tag verbal) Le tableau est trop beau. Vous avez d’un côté l’hypermarché Warhol, de l’autre la supervision de Christine Albanel qui s’est faite connaître récemment dans le domaine des modes d’expressions libertaires genre Hadopi, et une conjoncture de crise politique et morale. Au beau milieu du cadre et de ce haut lieu de la culture suburbaine qu’est le Grand Palais, on trouve un motif anachronique et livide : l’exposition TAG. Le Grand Palais. « La Rue » en octobre 2006. Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la Culture et de la Communication. Le Grand Palais. TAG - Collection Gallizia - 27 mars-26 avril 2009 - Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication. REFRAIN 2ème jet : j’ai refusé catégoriquement la commande d’une œuvre sur toile et l’invitation de TAG. Avez-vous oublié que le graffiti est rentré dans le code pénal ? Que l’on va en prison pour ça ? Que le célèbre Azyle attend son procès que lui a collé la RATP ? PAR AMOUR HEIN !!? L’avez-vous déjà oublié !?! HEIN !!? Ok, dans cet univers urbain qui ne cesse de rétrécir son champ de possibles, que l’on légifère à tour de bras, que l’on contrôle, que l’on surveille à la méga cam, que l’on nettoie culturellement pour le livrer à sa véritable vocation commerciale et publicitaire. Ok, dans tout ça, le graffiti reste the last buzz qui fait bander le Tout Paris – tous les cinq ans environ depuis 25 ans -qui veut la jouer canaille. On connaît la musique. Faut croire que l’on ne s’en lasse pas. Même de mon refrain. On organise un Barnum et on veut exposer l’extrême dynamique de la culture graffiti. C’est vrai que dégueuler sans discernement le tout et n’importe quoi d’une culture, sur un support matériel et temporel auquel il ne s’est jamais destiné, ça aide à la légitimer, HEIN !!? ça aide à le vendre en tous les cas. Pas d’art sans objet HEIN !!? Je conclue. Voilà pourquoi j’ai refusé l’invitation. Bravo à ceux qui l’ont accepté. Tout en sachant… car ils savent ! Je ne suis pas exempt de compromissions inévitables mais là… LÀ… NON. LOKISS – Sons of the Gun PAR AMOUR HEIN !!? PS : j’ai invité Monsieur Gallizia à venir polémiquer avec moi sous la forme d’une interview vidéo. Il n’a pas donné suite malgré un accord de départ. Merci. Liens : « The Death of French Culture », à la une du « Time », novembre 2007. En 2006, exposition « La Rue » au Grand Palais. En 2009, exposition « TAG » au Grand Palais. « Subway art », de Martha Cooper et Henry Chalfant, 1984, réédité en 2006 ed. Thames and Hudson. « Spray Can Art », de Henry Chalfant et James Prigoff, ed. Thames and Hudson, 1987. « Writers, 1983-2003, 20 ans de graffiti à Paris », documentaire de Marc-Aurèle Vecchione, 2004, Résistance Films. Azyle, interview vidéo, toujours en attente de procès. Cet article a été publié la première fois le 27 mars 2009. < 18 >
commentaires
écrit le < 27'03'09 > par <
lo 8XL lo.com
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avant de me faire lyncher par les artistes comme d’hab, soyons bien clair sur un point, je ne me présente pas comme le monsieur loyal de la scène graffiti, et dans cet article je n’attaque ni les oeuvres ni les artistes, mais je me concentre sur le (sous) propos et le contexte culturel, social et politique. Point barre. Lokiss.
écrit le < 27'03'09 > par <
nidm acv free.fr
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Merci, ça fait du bien - en ces temps de total carpettes
écrit le < 27'03'09 > par <
rb ad9 gmail.com
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Bonsoir, Encore ton billet il a un sens, tu défends un point de vue, tu soutiens mordicus ton avis, ca fait vibrer. Encore on peut respecter la caricature taillée au burin que tu fais du contexte culturel, social et politique, bien que ce soit une niche à raccourcis de pensée. Mais en revanche, le coup du commentaire "je dis ca je dis rien" ensuite, je trouve ca mortel. Si tu mets en avant le fait d’avoir refusé de participer à cette "farce" sans "sang ni sperme" etc ..., comme un sceau "voila ce qu’est le tag", tu induis inévitablement qu’accepter d’y participer en est le contraire. Et que tu le veuilles ou non, tu te présentes comme le monsieur loyal de la scène graff, tu attaques les oeuvres et les artistes, et tu caricatures grossièrement le (sous) propos et le contexte blablabla. Une chose est certaine, tu ne parles pas d’amour, mais de haine. De haine, pure, simple, hors propos, hors contexte et intemporelle. En somme, exactement l’opposé de ce que cette expo veut mettre en avant. Elle parle d’amour, via le tag. Parce que le tag, c’est le nouvel amour de ce monsieur apparemment. Aux artistes de choisir s’ils veulent ou non exprimer leur vision de l’amour avec leur outil ; la bombe. Point barre. Le reste ressemble étrangement au blabla intemporel que l’on a déjà lu, entendu et ressenti des centaines de fois et qui, au fond, sonnera toujours creux. RB
écrit le < 28'03'09 > par <
flowone CoK free.fr
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juste un bon gars avec un bon cerveau et qui en plus peint des murs respect
écrit le < 28'03'09 > par <
abac Xgi gmail.com
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Quand la révolte devient un fond de commerce, on peut compter sur Lokiss pour faire son beurre... Vendu comme les autres, mais drapé de vertu. On rigole.
écrit le < 28'03'09 > par <
oldsckool83 fQk fuck.com
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plutot d’accord avec toi sur cette farce d’expo. La recup a tué le graffiti, lui a enlevé sa moelle et nous le ressort asseptisé et tièdasse.Il faut que les jeunes cartonneurs viennent en masse tout peter au grand palais, au delà des esperances de cet architecte opportuniste. Merci lk
écrit le < 28'03'09 > par <
lo 9GE lo.com
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Bon et bien je vois que cela fait réagir et je ne peux que m’en réjouir. Je suis à peu près d’accord avec vous tous. C’est comme l’expo TAG c’est l’école des fans - tout le monde est bon fort beau et full of love. 10 pour tous. La révolte un fond de commerce on me l’avait pas encore faite celle là. On vend toujours quelque chose. Et les raisons d’être ’contre’ sont tjrs moins évidentes que celles d’être simplement opposé à l’objet de son combat. En tous les cas ’ce’ fond de commerce me fait perdre plus que ne me fait gagner, ok ? Sinon dis moi ce que j’y gagne ? Concrètement. Car là plus grillé hum hum tu me dis ? Je vais tâcher de donner du concret à cette critique pour ne pas juste ’fabriquer’ un discours vide. Sur ça aussi vous avez raison. Allez allez peindre. Prouvez moi que j’ai raison. Ou mieux prouvez moi que j’ai tort. paix et amour dans le monde. lokiss
écrit le < 29'03'09 > par <
EE
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Le " graffiti" n’as que ce qu’il mérite.. "faire de "l’art" , sa profession..c’est comme faire de "l’amour" sa profession .. ! La guerre est faite par des gens qui ne se connaisssent pas et qui s’entretuent pour le compte de gens qui se connaissent et qui ne s’entretuent pas !!! à quand des customisations de missiles sponso par ecko ??????? comprenne qui voudras ...
écrit le < 01'04'09 > par <
chrisshenson972 FjV hotmail.com
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Chacun a le droit d’ exprimer son opinion, je suis d’ accord avec toi dans le fond. Mais bon, concrêtement c’ est dommage , je trouve que c’ est une bonne chose, ça permet de voir la qualité artistique pure des artistes !!!! bonne continuation !!!
écrit le < 20'04'09 > par <
jellyblabla tRe yahoo.fr
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Oh que ça fait du bien de lire cette critique… ça met simplement des mots sur le volcan interne que cette expo me provoque !
écrit le < 22'04'09 > par <
feridh Ntb gmail.com
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Je me souviens du temps ou on venait de Belgique, de Suisse, d’Allemagne, d’Italie etc pour voir les grafs a la Chapelle ou ailleurs dans les rues de Paris... Oui cet art est aujourd’hui recuperé par ceux qui le critiquaient a l’epoque... Ces petites toiles (trop) bien rangees sont des oeuvres d’atelier, pas de la rue.
écrit le < 22'04'09 > par <
feridh iLP gmail.com
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Je me souviens du temps ou on venait de Belgique, de Suisse, d’Allemagne, d’Italie etc pour voir les grafs a la Chapelle ou ailleurs dans les rues de Paris... Oui cet art est aujourd’hui recuperé par ceux qui le critiquaient a l’epoque... Ces petites toiles (trop) bien rangees sont des oeuvres d’atelier, pas de la rue.
écrit le < 08'11'09 > par <
oldersunny 5kk gmail.com
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Lokiss, comme je suis heureux de lire tes lignes, elles m’apportent le soutien légitime dont je manquais lorsque ces derniers temps je me faisait taxer d’obscurantisme artistique dans mon refus d’adhérer au "format" et au "formatage", moi qui ne suis pas un peintre.Le pire à mon sens nous vient de la "fondation Cartier" c’est du cynisme dégueulasse, cette classe récupératrice, lignifiante, pue.J’ai écris un morceau en 1998 sur le graff dont personne n’a voulu, j’y disais "le graf, la griffure, la brûlure, la déchirure grave aggravée par la gravure, seule bavure, celle qui s’écoule au fil des bouches, ça me touche de prêt..." Ce Hip Hop parisien de Merde a toujours élu des Pantin à Panthéoniser, Sons of The Gun my Mel. Merci.
écrit le < 04'04'09 > par <
atnleclub70 eiy hotmail.com
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Rien à ajouter, tout pareil. Il fallait qu’un insider le dise et l’écrive. Heureusement que quelques uns, dont toi, ont vu clair et ont refusé le GP. Félicitations.
écrit le < 14'04'09 >
tout a fait d acord pour l elan d une peinture libre, merci de parler bien de ca. mais a cote aller mettre tes pieces a 2nd nature les proutprout du numerique propre et sans rature tu risque pas de te salir. bonne continuation chef.
écrit le < 21'04'09 >
"Aux artistes de choisir s’ils veulent ou non exprimer leur vision de l’amour avec leur outil ; la bombe. Point barre." Je ne pratique ni le graff ni le tag, pourtant il me semble qu’un des outils fondamental de cette culture est le support. Toute la réflexion et les avancées indéniables qu’ont permis ces artistes (consciemment ou non) autour du support et de son inscription au cadre urbain sont ainsi annihilées. Contraindre à un support (ici la toile) et à un format me paraît antinomique avec le graff. Les artistes qui exposent leur productions dans un tel cadre ne peuvent prétendre faire du graff à ce moment précis. Cela reste une œuvre mais en aucun cas un graffiti. Sinon le graffiti se réduirait à une peinture faite à la bombe ? Non, tout le monde est d’accord avec ça je pense. Un gars qui n’y connaît rien mais qui abonde dans le sens de votre critique de la culture et de sa marchandisation. Un peu dans le même genre l’expo un siècle de jazz au Quai Branly, un amoncèlement d’images …
écrit le < 24'06'09 > par <
zidane ULa yahoo.fr
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Bon texte Lokiss, putain au mois un qui gueule... Il dit simplement la vérité, c’est très bien de vendre des grafs, là n’est pas le problème. Mais vendre sur des thèmes imposés c’est débile, et pire encore l’Amour... c’est une blague, en quoi le graf représente l’amour, ça à toujours été une expression de "haine" de notre société, ou du moins de refuser par ce moyen d’y adhérer et d’être une chèvre... Et là ce que j’ai vu, c’est je t’impose par le format et le thème, donc t’es une chèvre et en rien un Artiste. Imaginez... Ya même Fuzi LOL (dsl pour la pub) dans cette exposition qui va faire un thème sur l’Amour alors qu’il cartonnait des pauvres gamins tous chétifs pour voler leurs beubz. La bonne blague, mais putain on va où ?
L’icône Susan Kare
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