Une salle de cinéma plongée dans le noir, avec seulement un micro posé en face de l’écran. Ce dispositif propice à l’imagination et à la surprise est celui de la performance « Ekphrastic objects » de Jeff Guess, artiste américain basé à Paris, à découvrir ce mercredi au Centre Pompidou à 19 h. L’artiste se place devant le micro et sa parole anime l’écran. La rencontre entre l’image et le texte est au cœur de son travail actuel, comme son projet précédent pour la Société française de photographie, « Bank of Nature : Concepts », photographie des termes nécessaires pour chercher des images dans la banque d’images photos Getty, la plus importante au monde.

Le titre « Ekphrastic objects » donne des indices sur la performance ; pour Jeff Guess, le terme « ekphrasis » signifie « donner de la voix aux images, rendre présent et visible ce qui est absent. Ces “objets ekphrastiques”, ce sont des images véhiculées par la parole. » Le dispositif forme une boucle : l’artiste énonce ce qu’il est en train de faire et les énoncés produisent ce qu’on voit.

Ce n’est pas trop dévoiler l’expérience à venir pour les spectateurs du cycle « Films & co » à Beaubourg (qui accueille plutôt du cinéma expérimental que des performances audiovisuelles en temps réel) que de dire que la traduction et l’encodage en seront les thèmes. Il y a une sorte d’adéquation entre le fonds et la forme car sa voix est traduite et encodée à travers une série de logiciels pour arriver jusqu’à l’écran. Les programmes créés par l’artiste augmentent, commentent et réorientent la performance au fur et à mesure. Jeff Guess joue de cet espace entre sa parole et les signes qui apparaissent à l’écran. Un dispositif technique à la fois omniprésent et invisible, qui permet plusieurs niveaux de lecture, du plus pragmatique au plus conceptuel.

anne laforet