Après-coup sur « La jeune fille à la bombe », mise en scène et texte de Christophe Fiat, présentés du 14 au 16/06, Grande Halle de la Villette, dans le cadre du festival « 100 Dessus Dessous », parc de la Villette, Paris 19e (forfait soirée : 15€, un spectacle : 12€).
"La jeune fille à la bombe" a été monté l’été dernier en Avignon pour la première fois. Si le texte est terrible, la mise en scène, elle, l’est beaucoup moins. © Pierre Grosbois
< 17'06'08 >
La bombe, la jeune fille et Fiat
C’est l’histoire d’une femme, Nathalie Moore, entendez bien Nathalie et pas Roger ou Michael, réalisatrice de bandes-annonces, qui part en vacances en Franche-Comté, sur fond de terrorisme et canicule, pour plonger dans une affaire policière à propos de la disparition de sa sœur Louise, reporter crackée, dont on apprend qu’elle a eu une liaison avec le commandant Massoud (celui qui ressemble à Bob Dylan). « La jeune fille à la bombe » est une pièce-performance de Christophe Fiat, poète performer solo (« Stephen King’s Stories ») qui reprend sa mise en scène pour Avignon en 2007 dans le cadre de « 100 Dessus Dessous » à la Villette. La 9e édition du festival aux formes iconoclastes propose jusqu’au 20 juin une dizaine de spectacles de danse-théâtre-performance. Christophe Fiat mélange clichés et effets de réel dans une histoire à rebondissements qui s’entortille et qui reprend (presque) toujours pied, en utilisant un dispositif radical : cinq personnes, trois hommes et deux femmes, lisent leur texte dos au public, avec micros sur pied comme sur une scène rock. Pour l’esthétique, c’est un collage samplé de films d’espionnage, de kung-fu et séries B à la Russ Meyer, kitsch en moins. L’audace consiste à ne pas chercher à lisser une écriture âpre, nerveuse, mordante, et à pousser très loin les ruptures et accidents de la langue : il est question de se faire sauter comme une porno star ou comme une terroriste... « Comment créer un nouvel imaginaire », demande Christophe Fiat. Si la fiction vient sans cesse heurter le réel, c’est en refusant l’illusionnisme. Fiat n’incarne pas ses personnages qui lisent sur le ton le plus neutre, et situe la performance résolument contre le théâtre. Un pari réussi, puisqu’on ne perd pas une miette du texte. Le seul hic, c’est qu’on attendrait plus de radicalité dans la mise en scène, sans ces jeux pas très convaincants et un peu trop appuyés autour des micros, des caméras, des écrans... Aucun bluff néanmoins chez Fiat, qui préfère entrechoquer l’esthétique de la lecture (du déjà écrit) et ce qui va se passer sur la scène, jusqu’au bafouillage.
Il est plus que temps d’« Exploser le plafond »
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