« Ceci n’est pas une légende ipe pe ce, », de Jérôme Game (textes et voix), Nebahat Avcioglu (images) et Valérie Kempeneers (réalisation vidéo), collection « le point sur le i », ed. Incidences, 2007, DVD n° 14, présenté le 16/12 dans le cadre de Relectures IV : « Quelle famille ? », rencontres arts visuels / littératures vivantes, à l’espace Khiasma, aux Lilas, entrée libre.
15 rue Chassagnolle, Les Lilas, Métro Porte ou Mairie des Lilas.
"Ssurf", image extraite de DVD "Ceci n’est pas une légende ipe pe ce". © Valérie Kempeneers
< 16'12'07 >
La gamme vidéopoétique de Jérôme Game
Des « vidéopoèmes » à découvrir comme autant d’objets à dimensions variables qui font éclater les frontières traditionnelles entre les genres, associant la lecture de textes poétiques à des images vidéo, c’est ce dimanche à l’espace Khiasma aux Lilas. Le festival Relectures présente cinq nouveaux DVD de la collection « Le point sur le i » des éditions « Incidences », dirigée par l’artiste Giney Ayme. Un résultat étonnant pour « Ceci n’est pas une légende ipe pe ce », numéro 14 de la collection. Les textes lus en voix off sont de Jérôme Game, poète né en 1971, les images de Nebahat Avcioglu et la réalisation vidéo de Valérie Kempeneers. « C’est un film vidéo dont la bande-son est moi-même en train de lire mes poèmes », dit Jérôme Game. Pas d’illustration du texte par l’image, mais un objet à lire « dans tous les sens », qui captive et déroute tout à la fois. L’écrivain désosse le langage et fait du bégaiement son rythme, son style. « Le poème est la trace active d’un processus par lequel le monde comme chaos se propage en se métamorphosant », déclare Game, qui aime aussi proclamer : « J’ai fait exploser la syntaxe ». Et au final, de quoi parlent ces textes ? De surf, de vitesse, ou encore de l’« angoisse du travail poétique ». On attrape des bribes de phrases, puis les choses se floutent. Sur le papier, ça donne : « L’angoisse u travail p oétique – ise en mots – e son erratique a jouissance son aberrant son incongru […] ». En son et image, on peut se faire une petite idée avec cet extrait d’« Un pur objet volant » que propose la revue x. A l’image, souvent floue, décadrée, quadrillée, beaucoup de plans séquences ou de plans fixes, sur un avion, des gouttes de pluie, ou, plus banal encore, une façade d’immeuble. Un reflet court sur un rail, puis la pellicule se découpe. Le montage se veut radical, les plans verticaux se démultiplient tandis que les mots se bousculent, s’essoufflent, s’entrecoupent. Pourquoi associer poèmes et vidéo ? « Parce qu’un plan-séquence, un montage, un cadrage m’apprennent ce que c’est qu’une phrase », disait Jérôme Game dans un entretien. La richesse de la poésie contemporaine, c’est cette faculté à assimiler d’autres langages, pour créer une forme de pensée en mouvement. En allant du côté du cinéma, mais aussi du pictural. Car la poésie, « c’est visuel, c’est plastique », explique le poète. Un aperçu de la poésie de Jérôme Game avec cet extrait de « ss urf » : « ss urf un talent pour la défonce & pour le surf, un talent pour la défonce qui surfe A chaque fois que l’on f’ que l’on atteint la et le néant qui va avec à par capillarité alors dans les tuyaux ça part en trombes à par longues trompes coudées évasées à l’extrémité de la base ouverte & par démultipliés. le voyage, la métamorphose u téléscopement Ici il faudrait s’attacher à comprendre l’orifice ystérieux, l’image qui fait le durcissement, la pétrification échelonnée le corps qui devient grue, béton, acier qui le qui lévite à force de sombrer chute vers l’avant vol plané légèreté du coude, légèreté empierrée de la tige du pied, épanouie, à l’extérieur du temps. »
Il faut qu’on parle, naturellement !
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