Un kit de tricots sur Paris, c’est « Knitta Please », le gang des tricoteuses qui a débarqué à Paris la dernière semaine de novembre. Dernier avatar du street art ou branchitude extrême ? Poptronics a pris le gang en filature.
Des graffitis 100 % laine disséminés dans la capitale. Paris habillé pour l’hiver ? © DR
< 10'12'07 >
Le gang des tricoteuses a tagué Paris
Peut-être avez-vous aperçu ces jours derniers une statue équipée d’une jambière, une bouche à incendie coiffée d’un bonnet, un arbre habillé d’un lainage, une antenne de voiture emmitouflée dans un genre de chaussette, des panneaux entourés de tricot, ou encore une colonne de Buren affublée d’une écharpe… ? Non, vous n’avez pas rêvé. Il s’agit bien de la dernière tendance d’un street art qui cherche sans cesse à se distinguer. Sauf qu’au lieu d’un individu, c’est un gang de tricoteuses qui entre ainsi en concurrence directe avec les tagueurs pas toujours rigolos de nos métropoles. Tout droit débarquées du Texas, armées de leurs grosses aiguilles et de leurs pelotes multicolores, les Knitta Please, le « gang des tricoteuses », a sévi in Paris ! Une semaine intensive de graffitis éphémères 100 % laine (avec tricotage, pose, workshop et médiatisation), qui ont réchauffé en couleurs le mobilier urbain de la capitale, et mis un peu de douceur dans ce monde de brutes… Ces cinq filles (et un garçon) de 21 à 70 ans manient l’aiguille sans complexe, et sous couvert de pseudos improbables (Poly CotN, Purl Nekklas, P-Knitty, The Knotorious N.I.T, GrannySQ et MascuKnitity) se livrent à des actions tricotées maison, pour un street art sur mesure, parfois acrobatique (pour les panneaux très hauts). Partout sur leur passage, tout ce qui dépasse y passe. Au gré de leurs voyages, même la Grande Muraille de Chine a eu droit à son petit tricot ! Tout a commencé le jour où Magda, alias Poly CotN, la « chef » du gang, a voulu mettre un peu de couleur sur la porte de son magasin de fringues branchées de Houston. Un simple tricot sur la poignée, et sa porte en fut aussitôt transfigurée. Elle honora ensuite d’un même tribut un panneau de stop qui officiait non loin de là, et les automobilistes se mirent à s’arrêter… pour le photographier. Et l’idée, simple, germa dans l’esprit d’un groupe de tricoteuses lasses de voir leurs ouvrages toujours inachevés. Ainsi naquit en août 2005 au Texas, le premier gang (et pas le dernier) de tricoteuses, le crew Knitta. Invitées en guest stars à Paris par Bergère de France qui fêtait son 60e anniversaire la semaine dernière, les tricoteuses semblent surprises par le succès. « Paris, it was insane and wonderful », dit Poly CotN, qui, loin de bouder son plaisir, se dit toute prête à revenir demain. Outre quelques commandes pour décorer des hôtels aux States et l’attente de propositions à l’étranger, le gros projet qui mobilise Magda actuellement, et pour les mois à venir, c’est la préparation du « livre » Knitta. Le manuel pour apprendre à tricoter et à monter son propre gang devrait s’adresser aux curieux de tous poils, et aux adeptes qui voudraient se lancer. Un aperçu des réalisations signées Knitta Please :
Papillote à l’âge du Faire
Jour 19, Carnet de bord du cercle polaire, Eunice PopAntivirus#6 Échanger pour changer « Poptronics » sur papier se lance à la Gaîté lyrique « In Situ », un webdoc à faire danser les pelleteuses Stephen Vitiello sonne la cloche chaque minute à New York |