The Jesus & the Mary Chain, en concert le 25/08 à 20h20 (grande scène) au festival Rock en Seine au Domaine national de Saint-Cloud (92), le billet pour un jour : 42€, le pass 3 jours : 98€.
La formation "historique" de "Psychocandy" : Douglas Hart, William Reid, Bobby Gilespie et Jim Reid.
< 24'08'07 >
Les Mary Chain retrouvent la Seine
Un festival rock dans les Hauts-de-Seine, chez Sarkozy, qui plus est à Saint-Cloud, en bas de chez Le Pen... Rock en Seine avait tout d’une gageure à sa création en 2004. Devenu rapidement un des gros rendez-vous de l’été, il propose pour sa cinquième édition (jusqu’à dimanche) une affiche censée rameuter le plus de monde possible, alignant 45 artistes aussi dissemblables que Emilie Simon et Dizzee Rascal, M.I.A et The Hives, Tool et 2 Many DJ’s, les Rita Mitsouko et Björk. La majeure partie du public risque d’ailleurs de snober le reste de la programmation pour la diva islandaise dimanche, comme pour Radiohead l’an dernier. De ce fourre-tout émergent les revenants grunge Dinosaur Jr, les marionnettes hip-hop Puppetmastaz ou la sensation dancefloor brésilienne CSS. Avec en point d’orgue samedi, non pas le concert d’Amy Winehouse, annulé pour cause de désintox (remplacée par les Cold War Kids), mais le retour scénique des Ecossais de The Jesus & the Mary Chain, séparés à la fin des années 90 après quinze ans d’activité et un engueulo mémorable sur scène entre Jim et William Reid. Les deux frangins aux caractères de cochon ont épuisé une vingtaine de musiciens dans leur tentative de réconcilier le bruit blanc du Velvet avec le surf rock des Beach Boys (voir leur reprise diabolique de « Surfin’ USA ») et la folie pop de Phil Spector. En une poignée d’albums au cœur des années 80 (l’inaltérable « Psychocandy » puis « Darklands »), The Jesus & Mary Chain, épaulé à la batterie par le leader de Primal Scream Bobby Gilespie, a imposé un rock lysergique et noise, qui enserre ses mélodies dans un flot de larsens et de feedbacks. A l’arrivée, une flopée d’incunables (« Upside Down », « Never Understand », « Just Like Honey », « Some Candy Talking », « In A Hole », « Head On »…), qui ont exercé une influence décisive sur tout un pan du rock anglo-saxon, de My Bloody Valentine aux Pixies ou Black Rebel Motorcycle Club. Curieusement, les frères Reid n’ont jamais transformé l’essai : après un « Automatic » inégal en 1989, ils réussissent une ouverture dance sur « Honey’s Dead » trois ans plus tard, mais le single « Reverence » est censuré aux Etats-Unis pour cause de texte « offensant » (« I wanna die just like Jesus Christ/ I wanna die just like JFK/ I wanna die in the USA »). L’acoustique « Stoned & Dethroned » puis « Munki » en 1998 ne parviennent pas à les remettre en selle, pas plus que leurs projets solos (Freeheat pour Jim, Lazycame pour William). A cette discographie officielle, on préfèrera les nombreuses compilations de raretés rêches, notamment les lascifs et brutaux « Barbed Wire Kisses » et « I Hate Rock N’Roll ». Vingt ans après, l’extrémisme de The Jesus and the Mary Chain demeure toujours aussi cinglant. Sûr qu’entre Jarvis Cocker et Tool, les Glasgoans feront leur petit effet samedi à Saint-Cloud, même si avec le temps ils ont abandonné les provocations de leurs premiers concerts terroristes, assénés dos au public et excédant rarement le quart d’heure – ce qui déclenche régulièrement l’émeute. Seul regret : Scarlett Johansson et Bobby Gilespie, invités au festival Coachella en avril pour le premier concert de la reformation, ne seront pas de la fête.
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