Code-traduction, Sonde à la Chartreuse de Villeneuve-Lez-Avignon. Les rencontres autour des conditions contemporaines de la scène de la Chartreuse ont lieu du 27 au 29/04, à Villeneuve-Lez-Avignon, et sont retransmises en streaming sur le site Selfworld. Entrée libre, rens. : 04 90 15 24 24.
« Talk Saver », un outil de traduction instantanée augmentée conçu par Pierre Giner, était présenté hier à la Chartreuse par l’artiste, dans le cadre de la Sonde code-traduction. © DR
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Lost in translation ? La Chartreuse lance une Sonde

Villeneuve-Lez-Avignon, envoyé spécial

Trois jours pour se perdre et se comprendre, explorer le territoire de la traduction, qui, depuis le numérique, n’est pas cantonné à l’échange d’une langue étrangère à l’autre (sauf à songer au code comme l’une d’elles). Les Sondes de la Chartreuse de Villeneuve-Lez-Avignon font le pari de faire se rencontrer experts et artistes, gens de théâtre et ingénieurs réseau. Pendant trois jours, du 27 au 29/04, autour de la thématique « code-traduction », artistes et chercheurs examinent la façon dont « la traduction d’une langue vers une autre est affectée par l’environnement numérique » et comment « les êtres humains, dont les communications et les échanges sont devenus quasi-instantanés et planétaires depuis quinze ans, ont peut-être plus que jamais besoin de se comprendre, à défaut de s’entendre », expliquaient en ouverture hier Florence Gendrier, chef de mission à la Délégation à la langue française et aux langues de France (DGLFLF) et Franck Bauchard, directeur artistique de la Chartreuse-CNES (centre national des écritures du spectacle).

Côté pile de cette thématique de la traduction, les enjeux et les débats sur le devenir de la linguistique, sur l’exploration et l’exploitation des archives (notamment sonores). Côté face, les machines ou comment le Web sémantique permet de creuser, de penser ou d’élaborer une nouvelle théorie langagière. La première journée de cette Sonde était placée sous l’autorité de trois grands noms de la linguistique, Ferdinand de Saussure le fondateur du structuralisme en linguistique, Emile Benveniste, le spécialiste de la grammaire indo-européenne, et l’historien et ex-dissident polonais Adam Michnik. Histoire d’entrer en matière, la première après-midi a mis à l’honneur le « comment » de la traduction, c’est à dire la manière dont la traduction oriente, élabore et transforme les matériaux issus d’une création.

Métalangage
Pierre Giner, artiste (estampillé pop), présentait « Talk Saver », outil de visualisation de la pensée d’un théoricien en amont de son discours, qu’il avait mis au point à la biennale de Venise en 2005. En temps réel, la retranscription du texte du conférencier est augmentée, grâce à un système algorithmique, de toutes les traces (images et textes) de cet auteur sur Internet. Ce métalangage est projeté dans le dos du conférencier pendant son discours. Un sous-texte/sous-titre vient éclairer/transformer l’écoute du spectateur en donnant accès à une pensée qui se veut multiforme. Le déplacement du texte vers un ailleurs pour en relever à la fois les présupposés et les nuances est au centre du projet de Pierre Giner comme de celui de Jean-François Peyret autour de « Walden ». Ce récit du penseur américain Henry David Thoreau (le père de la désobéissance civile), est la matière première de l’œuvre à venir de Jean-François Peyret. Ces deux projets explorent le cheminement entre la traduction et la translation.

Sons du monde
Pour présenter « Re:Walden », les acolytes du metteur en scène, Thierry Coduys et Julie Valéro, montrent comment les pionniers de la philosophie américaine, Thoreau et Emerson, et leurs textes permettent au dramaturge de réfléchir à une nouvelle écriture de la scène. Tout en fougue et en verve, Thierry Coduys fait voyager la matière textuelle des penseurs au sein de machines et de logiciels pour la rendre lisible, jouable et incarnable en temps réel. La cabane que décrit Thoreau (qu’il construit seul pour s’extraire du monde et mieux l’observer, dans « Walden »), Peyret entend la monter au Fresnoy avec la complicité de Jean Nouvel en y et y intégrer des flux d’images et de sons. Et si cette cabane était un nouvel Atlas Mnémosyne ? La cabane de Peyret (on y revient très vite, avec un texte du metteur en scène sur son projet) sera sera elle aussi extraite du monde… pour être présente sur Second Life.

L’après-midi s’est achevée avec la présentation d’Olivier Baude, Wolf Ka (compagnie Res Publica) et Norbert Schnell de « Drôles d’histoires » ou comment le témoignage sonore devient un lieu, une installation, une composition où les diverses langues du monde permettent maladroitement mais sûrement de percevoir l’Autre.

Aujourd’hui et demain, autour du code et de McLuhan, interviendront les artistes Magali Desbazeille (autour de « C2M1 »), René Sultra et Maria Barthélémy (« Hiatus 2.0 ») et le poète Philippe Boisnard, qui évoquera « Eyes of ear », un logiciel de sur-titrage interactif. On saura également tout de l’état de l’art de la traduction automatique, du « traducteur biologique » Jörn Cambreleng, qui dirige le Collège international des traducteurs littéraires à Arles ou enocre de l’outil de traduction collaborative, Traduxio.

cyril thomas 

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