Avec Mario Kart Wii et Wii Fit, ses deux blockbusters de saison (plus de deux millions de Wii Fit écoulés au Japon depuis son lancement début décembre), Nintendo creuse son sillon d’options vidéoludiques radicales, à base de console moins puissante, de graphismes moins reluisants et de jouabilité familiale à faire râler les gamers. Zelda et Mario Galaxy sont certes incontournables, mais poptronics a plus de mal avec les serious games « thérapeutiques », type entraînement cérébral, exercice des yeux ou cours de cuisine. Dès l’ouverture des boîtes, toute la patte Nintendo est là : Mario Kart Wii est vendu avec un volant et Wii Fit avec un pèse-personne. Alors, gadget ou innovation ultime ?

Mario Kart Wii croise deux principes fondateurs de Nintendo : la recherche d’un très large public et le confort d’une franchise éprouvée de jeux de course. Chacun des cinq précédents opus (un par console) a rencontré un double succès, d’estime et commercial. Sorti en France il y a quinze jours, ce dernier épisode est déjà en rupture de stock (et devrait le rester cinq semaines !). Plus encore que ses prédécesseurs, Mario Kart Wii s’adresse au plus grand nombre : un profane peut en théorie terminer la course devant un expert ès kart. Le bonus-boulet de canon (avec bras et yeux, comme il se doit) vous propulse de la douzième à la première place. Trop facile ? Pas si simple. Une série de chutes et d’accidents vous relègue dans les bas-fonds du classement. Et chacun s’y retrouve : les parties hyper techniques entre as de la carapace verte et du dérapage turbo sont possibles et les amateurs à deux mains gauches peuvent se mesurer à eux. Quant au volant, il remet tout le monde au même niveau : déboussolé.

D’un tout autre tonneau, Wii Fit est taillé pour séduire les non-joueurs. Fini joystick et manette qui rendent le profane hors-jeu, ici, le concept, c’est jouer avec ses pieds, grâce au pèse-personne, pompeusement appelé Wii Balance Board, qui promet de brûler vos calories devant la télé. Une balance ferait mieux qu’un vélo d’appartement ? L’insolente commence par calculer votre masse graisseuse puis ne cesse de commenter l’évolution de votre silhouette... Suivant le programme du prof de gym japonais (en VF), il faudra exécuter un des exercices de yoga, d’aérobic ou d’adresse sur la planche. C’est très stable et assez confortable, à condition de ne pas avoir des pieds immenses. L’odieuse mesure en permanence votre centre de gravité, ce qui lui permet de vous noter. Du coup, sur le principe d’une borne d’arcade ou d’un jeu chronophage, on se prend à recommencer indéfiniment le même exercice pour améliorer son score ou, mieux, battre celui des autres. L’émulation est encore plus forte avec les jeux : slalom (assez réaliste dans les génuflexions à effectuer), saut à ski, snowboard, boxe et hula hoop. Si la majorité des futurs acheteurs choisiront Wii Fit pour ses activités sérieuses (yoga, aérobic, gym, entraînement personnalisé, tonique et ludique, avec paliers de difficulté et suivi des performances), Nintendo a déjà réussi à endormir la méfiance des geeks. Trop fort.

Parodie de la démonstration Wii Fit signée Sarcastic Gamer :

mathias cena