Sarkozy a beau s’agiter et jouer l’émotion à outrance, en matière de marketing électoral, il n’arrive pas à la cheville des pratiques américaines, où tous les coups sont permis dans la course à l’investiture pour la présidentielle. Comme cette vidéo apparue sur le Web samedi, à quelques heures du Super Tuesday qui devrait départager les deux candidats démocrates à couteaux tirés, Hillary Clinton et Barack Obama.

La vidéo en question mixe le discours fondateur du sénateur de l’Illinois et la musique de Will.i.am, le leader des Black Eyed Peas, comme Bob Marley l’avait fait avec le discours d’Hailé Sélassié à l’ONU pour « War ». « Yes We Can » est une sorte de « all-stars clip », à la manière du caritatif « We Are The World » des années 80, où apparaissent une quarantaine de « célébrités », dont une palanquée d’acteurs de séries télés (du « Prince de Bel-Air » et « Lost » à « Prison Break », « Grey’s Anatomy » ou « les Experts »), des stars (Scarlett Johansson, Herbie Hancock ou encore le basketteur Kareem Abdul-Jabbar), des musiciens hip-hop (Common, John Legend…) et associés (Esthero, Nicole Scherzinger des Pussycat Dolls…).

Et tous reprennent les mots d’espoir qui ont lancé la campagne d’Obama, dans son discours du 8 janvier à Nashua, dans le New Hampshire : Obama, après avoir emporté l’Iowa, vient de perdre de deux petits points face à Hillary Clinton. Reconnaissant sa défaite, il joue son va-tout et prononce une profession de foi volontariste qui fait chanceler l’ex-Première dame et le réinstalle en tête.

« Yes We Can », le discours mis en musique par Will.i.am :

Après « I Got A Crush On Obama », dont on vous a déjà parlé, c’est la deuxième vidéo virale de soutien à Obama à exploser les connexions (déjà près d’un million de vues sur Youtube). L’équipe de campagne assure qu’elle n’est pour rien dans l’initiative de Will.i.am (ce que confirme le rappeur), mais la vidéo figure en page d’accueil du site officiel du candidat. Sa mise en ligne vient à point nommé, à quelques heures d’une journée décisive pour le camp démocrate, le Super Tuesday, ce mardi, où plus de la moitié des délégués à la convention du parti seront désignés.

Sonnant comme une piqûre de rappel, cette vidéo virale (et lacrymale), tente de faire oublier les déclarations reaganiennes d’Obama. Truffé de références, le discours s’inspirait doublement du syndicaliste paysan californien (et chicano) César Chavez et du bien connu « I Have A Dream » de Martin Luther King du 28 août 1963. « Yes We Can », veut lui répondre Obama en écho. Le clip du réalisateur Jesse Dylan, fils de Bob (décidément, on fait des œillades à tout le monde), en souligne évidemment la filiation en jouant avec la solennité du noir et blanc.

matthieu recarte