Obama, président noir, président bête noire
C’est l’immense non-dit de la présidentielle qui éclate au grand jour, un an après l’élection du premier président noir américain. L’Amérique raciste et réactionnaire ne prend plus de gants et le dit haut et fort : un noir ne peut/ne sait/ne doit pas diriger la première puissance mondiale. La semaine dernière a été celle de toutes les turbulences pour Barack Obama, attaqué sur deux fronts, la réforme du système de santé et son discours aux écoliers. Jusqu’à la manifestation de dizaines de milliers d’opposants samedi à Washington DC et l’inédite intervention à la chambre des représentants du Républicain Joe Wilson, mercredi, qui a crié « You lie ! » (« Mensonges ! ») pendant le discours du Président au Congrès. Une accusation que même Bush n’avait jamais entendue siffler à ses oreilles quand il alignait les boniments sur « les armes de destruction massive » irakiennes. Tout ça parce que le président démocrate entend mettre en place un embryon de Sécurité sociale... Dénoncé comme rouge, le « socialiste » Obama se voit accuser de faire basculer les Etats-Unis dans l’« obamunisme » (Youtube et consorts regorgent de vidéos nauséabondes l’associant à Staline, Castro ou Chavez). Rebelote vendredi, où son discours à tous les enfants scolarisés a été dénoncé... comme « fasciste » -une vieille antienne des anti-Obama. Obama rouge et brun à la fois : qui eût cru que les hitléro-trotskystes chers aux staliniens renaîtraient un jour aux Etats-Unis ? Jim Greer, chef de file des républicains texans, s’est fait encore plus violent : « En tant que père de quatre enfants, je suis proprement scandalisé que l’argent du contribuable soit utilisé pour diffuser l’idéologie socialiste d’Obama. Les démocrates n’ont aucun problème à aller contre la volonté de la majorité des Américains et à se placer au-dessus des droits des parents en envoyer le joueur de flûte Obama dans les salles de classes américaines. » Rappelons que dans le conte, le joueur de flûte mène les enfants à la mort au son de son instrument... Il n’en fallait pas plus à Guillaume-en-Egypte, le chat pigiste de poptronics, pour rebondir sur le sujet (on le sait assez obamaniaque...). Point d’orgue de cette rude semaine, la manifestation qui a rassemblé plusieurs dizaines de milliers d’opposants au président démocrate, samedi à Washington. Organisée par le mouvement ultralibéral Freedomworks, elle a sans surprise vu se multiplier les pancartes aux remugles fascisants, associant Obama à Hitler ou le représentant en Joker avec le sourire de « l’homme qui rit » (une bouche élargie par la lame d’un couteau). Face à un tel déchaînement, les Républicains, John McCain en tête, ont compris que les trouvailles de leurs extrémistes risquaient de les desservir. Joe Wilson et Jim Greer se sont faits désavouer, le premier finissant par présenter ses excuses à la Maison blanche mais pas au Congrès. Réaction d’Obama, égal à lui-même : « We all make mistakes. » (nous faisons tous des erreurs). Car le président américain tient bon. Hier encore, sur CBS, il a bluffé les commentateurs en ne se montrant pas dupe des difficultés qu’il traverse, avant de s’exprimer aujourd’hui sur la crise : « Les Républicains croient pouvoir rééditer leur tactique de 1993-1994. Un jeune président est élu et tente une réforme de l’assurance santé américaine, qu’ils descendent en flamme, avant d’utiliser cette victoire pour regagner la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat suivantes. C’est le plan qu’ils sont en train de dépoussiérer. » Sauf qu’Obama n’est pas Clinton : lui est noir, ce qui, pour la droite extrême, autorise tous les débordements.
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