Pierre Schaeffer a 100 ans et il vibre encore. Plus que jamais, le père de la musique concrète irrigue les compositeurs électro-acoustiques d’aujourd’hui, quinze ans après sa disparition. La preuve avec, ce week-end, en mode 100% gratuit, la sixième édition de Présences électronique, au 104, à Paris, qui offre un programme de concerts et expérimentations sonores qu’aurait apprécié le fondateur du fameux Groupe de recherche musicale (GRM).
Il y a un siècle, le 14 août 1910 à Nancy, naissait l’immense compositeur et théoricien. Le GRM profite de Présences électronique pour lui rendre hommage avec une série de neuf concerts envisagés pour croiser musiques savantes, avant-garde électronique et performance. « La “philosophie” de Présences électronique, explique Christian Zanési, le directeur artistique du GRM, dans la continuité des éditions précédentes, est de confronter différentes modalités musicales et différentes générations de musiciens. Décloisonner les genres (acousmatique, électronique, live..) en s’appuyant sur le point commun : l’invention du son ou, dit autrement, l’expression par le son. »
Pierre Schaeffer, qui fut également à l’origine de la création de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), a été le premier à imaginer et oser, dès 1948, une musique avec le son enregistré. « C’est une idée qui est toujours actuelle, rappelle Christian Zanési, dont les auditeurs de Popsonics radio ont pu entendre une création en direct (à télécharger ici). Nous sommes à un moment de cette histoire aux nombreuses ramifications où précisément nous avons besoin de perspectives historiques. Ce festival veut montrer qu’il y a une continuité tout en offrant aux artistes et au public le meilleur son possible. »
« Nous présentons aujourd’hui “Oktophonie” dans la configuration idéale. Stockhausen a composé cette œuvre en 1990-1991 pour huit groupes d’enceintes placées aux huit angles d’un cube. Cela pour composer des circulations du son à la fois horizontales et verticales avec toutes les possibilités qu’offre une telle implantation. C’est un spectacle auditif et musical exceptionnel, assure Christian Zanési. La difficulté étant de trouver la salle et le matériel qu’exige une telle œuvre. » Cette salle, c’est l’Atelier 4 du 104, où Présences électronique a pris ses quartiers l’année dernière quittant l’Acousmonium de la salle Olivier Messiaen à la Maison de la radio. « C’est une opportunité qui s’est présentée et c’était le bon moment pour faire évoluer la formule, explique Christian Zanési. Un nouveau défi, qui pousse l’imagination. » L’autre défi de Présences électronique, c’est de jouer les passeurs de ces musiques souvent réputées difficiles, en offrant ces hybridations gratuitement (merci le service public !) aux amateurs éclairés comme aux oreilles curieuses.
Présentation de la sixième édition de Présences électronique :
matthieu recarte
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commentaires
écrit le < 07'04'10 > par <
alexandre.grauer Js5 qwartz.org
> François Bayle n’est plus le directeur du GRM depuis longtemps. Il est aussi l’inventeur de l’acousmonium. L’actuel directeur du GRM est Daniel Teruggi.
écrit le < 07'04'10 > par <
matthieu.recarte 9Kt poptronics.fr
> Merci de réparer cette étourderie : les quarante années que François Bayle a passées au sein du GRM l’auront rendu inamovible sous ma plume ! Il n’en est effectivement plus le directeur depuis bientôt quinze ans. J’intègre cette correction dans l’article.