« Datamatics [vers 2.0] » de Ryoji Ikeda, le 29/10 à 20 h 30, Centre Pompidou, place Georges Pompidou, Paris 4e, de 10 à 14 euros.
Datamatics, une esthétique minimaliste à la recherche de la fréquence ultime. © Ryoji Ikeda
< 29'10'07 >
Ryoji Ikeda triture les datas au Centre Pompidou
Abstraction et sollicitation des sens. Ryoji Ikeda, longtemps compositeur des Dump Type avant d’entamer une prolifique carrière solo, est à Paris, au Centre Pompidou, et c’est un événement. La dernière fois que le compositeur japonais présentait ses dérivations autour des datas, ces petites bestioles constituant l’essence du numérique, c’était l’été dernier, avec l’installation « Data.tron » première de la série « Data.series », qui épousait les immenses espaces du Fresnoy dans le cadre de Panorama 8. Plongée en noir et blanc dans des torrents mobiles de chiffres, sur fond de cliquetis fascinants. Son live audiovisuel « Datamatics [vers 2.0] », présenté ce soir à Paris, va encore plus loin, dans la continuité des recherches de l’impénétrable compositeur japonais (qui réside désormais à New York) sur ces fameuses datas. Depuis une dizaine d’années, Ikeda aborde par une approche raisonnée ces datas dans tous les aspects de son travail (musique, performances, installations), utilisant au maximum de ses possibilités Pure Data, un logiciel libre assez extraordinaire, pour peu qu’on sache le maîtriser et qui permet de « constituer ses propres instruments sonores et visuels dans un environnement graphique qui facilite l’assemblage de données » (voir le site Labomedia), en partant du désir de s’emparer (et donc de questionner) tous ces flux de données qui nous entourent. La démarche d’Ikeda part ainsi du souci d’explorer toutes ces substances sonores et visuelles qui nous constituent, d’une certaine façon pour les rediriger en un flux pétri d’une esthétique minimaliste et radicale, toujours à la recherche des sonorités extrêmes et « infra » (se situant « sous » la réalité physique des choses). Le résultat est à la mesure de ces ambitions « intellectuelles » et il faut se préparer à une immersion dans un univers granuleux, constitué de données informatiques propulsées par des fréquences sonores littéralement extra-ordinaires, très basses et très hautes, sculptées et spatialisées, qui contribuent à la perte des repères du spectateur. Car Ryoji Ikeda le dit lui-même, il aime tisser des ambiances sonores fines et pures comme une toile d’araignée piégée, dans la lignée des innombrables collaborations (avec Dumb Type, Carsten Nicolai ou Pan Sonic) qui ont façonné sa légende au sein du petit monde de la musique électronique expérimentale. « Datamatics [vers 2.0] » constitue une nouvelle étape de sa cosmogonie très singulière, plus que jamais à la recherche de la fréquence ultime. Court extrait de « Datamatics [ver 2.0] » : Et pour aller encore plus loin, poptronics exhume une interview (rarissime !) réalisée par notre maître ès sons, Jean-Philippe Renoult, en 1999 au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris… Avec des extraits de : « s/n » « +/- » « Headphonic » « Mort aux vaches » « 1000 fragments » « 0°C » (traduction : Jin Pascal Gourgeot)
Ryoichi Kurokawa, le naturaliste numérique
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