pop’live, le tour des concerts et soirées de la quinzaine à ne pas rater
Le collectif Godspeed You ! Black Emperor, de retour en France pour une tournée événement. © DR
< 14'01'11 >
Sortez ! Godspeed You ! Black Emperor, Nuits Ouf, Patti Smith, Plaid...
(pop’live) La moisson de concerts est maigre en ce début janvier, mais le retour de l’immense Godspeed You ! Black Emperor en France suffit à notre bonheur. Personne n’a mieux qu’eux décrit le monde des années 2000, celui du capitalisme roi à l’inculture portée en sautoir, du chacun pour soi tête la première dans l’hédonisme hébété, de la mémoire militante noyée dans l’àquoibonisme révolté ; ces années sombres qui révéraient les cyniques 80’s pour mieux porter la guerre partout. Après un long hiatus de sept ans, les Canadiens Godspeed You ! Black Emperor sont en tournée française et c’est l’événement de cette rentrée, sinon de l’année. Silencieux depuis le chef-d’œuvre absolu « Yanqui U.X.O. » (2002), GSYBE est sans doute aucun le groupe « rock » le plus important (et influent) depuis disons Sonic Youth, tant par sa musique radicale que son attitude intransigeante et son propos libertaire. Tête de pont du label Constellation (Silver Mount Zion, Vic Chesnutt, Do Make Say Think, Clues…), Godspeed a remis le fer au feu l’an dernier au festival ATP et donnera ce soir à Paris le treizième concert de sa reformation. Actif dès le mitan des années 90 et sabordé à l’aube de la deuxième guerre d’Irak (en pleine gloire montante pour éviter toute manip médiatique), le collectif canadien savait déjà toute l’histoire : les guerres (à l’Irak, à l’intelligence, à la différence…), la course folle à l’argent, la vie sans but, les destructions sans fin. Ce monde violent, en décrépitude, il transpire de chacun de ses morceaux étouffants, malaisants, intranquilles, à la beauté du diable. La musique de Godspeed est belle comme un seppuku, triste comme un suicide. On a souvent accusé le collectif animé par Efrim Menuck d’être jusqu’au-boutiste, d’écrire une musique à se pendre (il est vrai qu’on chancelle toujours après l’écoute des rares productions du groupe - 4 albums, 2 EP’s). Bien que devenue totalement instrumentale au fil des années (de longues plages de 10 à 30 minutes), cette musique est aussi et d’abord une musique militante, à jeter des bombes sur une ambassade belligérante, à casser le système, à semer le désordre. Plus qu’un carnet du désastre en cours, c’est une musique pour les ruines. Pour après la catastrophe. En fouaillant au plus profond mélancolique, Godspeed constate l’ampleur des dégâts mais, contrecarrant les violons et les nappes de guitares grandiloquentes avec ce qui fait la radicalité dans le rock depuis trente ans (dissonance, repons, drone), il donne aussi des motifs d’espoir, de rébellion, des armes pour reconstruire. Enfin, c’est l’un des très rares groupes de rock à proposer une véritable expérience de concert (performances inoubliables aux Instants chavirés en 1999, à l’Echangeur en 2002 ou au Cabaret sauvage en 2003). Le concert de ce soir à la Grande Halle de la Villette est complet, mais il reste des places pour ceux de Marseille (28/01) et Toulouse (Bikini, 01/02). Ceux qui aiment prendront le train. Godspeed You ! Black Emperor - « Moya » (live 2010) : Un nouveau directeur (José-Manuel Gonçalves, ex-Ferme du Buisson) et une nouvelle programmation qui se dévoile par petites touches : on attend beaucoup de la nouvelle ligne éditoriale du 104 - qui devra faire oublier ses premières années. Les Nuits Ouf, initiées et programmées par Frédéric Elalouf, rassurent sur les nouvelles envies de décloisonnement du 104 : soirées trimestrielles thématiques qui ont l’ambition de revisiter les mouvements musicaux fondateurs, des années psyché à la disco ou au post-punk, à l’honneur ce soir. Dans de tels espaces et avec le dress-code exigé (pantalons à pince, nœuds coulants en cuir et choucroute + kohl) , un grain de folie pourrait bien s’abattre sur le 19ème. James Chance accompagné de ses Contorsions s’époumonera derrière son saxophone pour tenter de faire oublier que trente années se sont écoulées depuis ses brûlots publiés sur le mythique label Zé Records. Moins obsédée par son passé et plus que jamais sur la route (et derrière sa machine à écrire), et portée par un groupe à ressort, Lydia Lunch nous en apprendra quant à elle des vertes et des pas mûres sur son monde tel qu’il tourne, son show terroriste et dessalé n’ayant jamais été aussi contemporain (et pâlement copié). A noter : la ressortie de son chef-d’œuvre empli de venin, de sperme et de lendemains de mauvais vin, « 1313 ». Au programme également, Oof lui-même, pour un live audiovisuel spécial, et Joakim, pas le dernier prosélyte du post-punk en France. Lydia Lunch & Big sexy Noise - « Your Love Don’t Pay My Rent » (filmé à Paris par Julien Perrin) : Enfin le 21/01 le duo Plaid, canal historique de la maison Warp (en concert à l’occasion de la soirée de projections Warp Films Premiere, à la Machine du Moulin rouge), évoquera peut-être la mémoire de Trish Keenan, la chanteuse du groupe Broadcast disparue au petit matin ce 14 janvier, groupe discret qui synthétisait depuis une dizaine d’années une certaine fragilité pop saupoudrée de nappes de synthés vintage et de paroles à l’os. Broadcast - « Come on let’s go » : Concerts et soirées :
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commentaire
écrit le < 24'01'11 > par <
prigent.claire dgy gmail.com
>
Juste pour info, pour ceux qui comme moi auraient loupé Adam Kesher à Main d’Oeuvres, ils passent à la Ferme du Buisson le 4février ! http://www.lafermedubuisson.com/adam-kesher-panico-DJ-pizarro
L’émoi EMA
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