« Homes & Graves & Gardens », exposition au Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière, Beaumont du Lac, jusqu’au 21 octobre, tous les jours 11h-19h, tel. : 05.55.69.27.27. Plein tarif : 3€ / Tarif réduit : 1,50 €.
« The Lake Arches », un plongeon aux sources de l’ultra-violence.© Benoît Hické
< 03'09'07 >
Au vandale ! Un artiste s’est glissé dans le paysage...
(Vassivière, envoyé spécial)
D’abord l’endroit, du genre maousse : à une heure de route de Limoges, le Centre international d’art et du paysage de Vassivière, sur la petite île du lac éponyme, se découvre par une passerelle prolongée en un sentier boisé. Après le château, qui abrite jusqu’au 30 septembre « Tokyo Redux », le Palais de Tokyo hors les murs, avec les vidéos de David Noonan, Roman Signer et surtout Joachim Koester, le Centre d’art lui-même. Sur l’ancienne colline transformée en île suite à la création ex nihilo du lac dans les années quarante, cette curieuse construction toute en longueur d’Aldo Rossi (1991), surnommée le « phare », semble le décor idéal pour les travaux de Cyprien Gaillard. A vingt-sept ans, ce jeune artiste qui monte-qui monte, diplômé de l’Ecole cantonale d’art de Lausanne, y présente sa première exposition personnelle (en plus de sa présence à Marseille). A la fois aquatique et très vert, ce cadre bucolique ne jouit que d’une apparente harmonie puisqu’il se cogne en permanence à sa naissance chaotique (huit villages engloutis, éparpillés façon puzzle). Le titre de l’exposition, « Homes & Graves & Gardens » (« Maisons & Tombes & Jardins ») s’inspire directement de ces histoires de vies ensevelies, tout en se situant dans le fil du questionnement/prolongement du Land Art opéré par Gaillard. L’artiste travaille au projet à l’intitulé borgésien d’un « parc à ruines », qui va l’amener bientôt à trimbaler jusqu’à Vassivière les décombres d’une tour d’habitation pour la reconstituer sur l’île, soit une première étape vers la création d’un parc utopique, très chargé symboliquement. Pour l’heure, il investit le vaste espace du Centre d’art en trois temps : d’abord avec ses « Geographical Analogies », 300 polaroïds disposés en quinconce, dont une partie a déjà été montrée au Jeu de Paume au printemps dernier (lire l’interview réalisée à cette occasion). Ces séries de 9 photos de lieux ou paysages différents (forêt, immeuble, cité) présentent de troublantes ressemblances, créant la sensation d’un rêve persistant, ce sentiment d’avoir déjà vécu une situation. L’homme contraint la nature pour mieux la domestiquer et tout finit ainsi par se confondre, autre effet de la mondialisation… Dans la même pièce plongée dans l’obscurité, le quatrième segment de « Real Remnants of Fictive Wars » affiche une forêt très dense peu à peu envahie par une épaisse fumée blanche... Phénomène plastique fascinant et étrange. L’artiste violente le paysage, le métamorphose par un acte d’abord anodin, en fait lourd de sens, métaphore en creux de notre rapport à l’environnement. A la base du film, ce geste vandale à l’aspect performatif (je fais ce que je dis et mon intervention aura des conséquences) constitue aussi un engagement et une démarche singulière. Enfin, une vidéo brève mais ultra-violente (la violence étant l’autre aspect essentiel de son travail) : « The Lake Arches ». Sur fond d’architecture post-moderne signée Ricardo Bofill, deux jeunes hommes, peut-être à la suite d’un pari absurde, plongent dans des eaux visiblement pas très profondes et l’un d’eux en ressort blessé, le visage sanguinolent. Ce geste convoque une foule de références, de Yves Klein à Jackass. En apparence gratuit, ce saut de l’ange débordant de sincérité résume la posture de l’artiste, qui, pour exister et créer, doit se soumettre à l’impératif du grand bond. Cyprien Gaillard, ses maisons enfouies, ses cimetières de pierre, ses jardins fantasmés, se place à mi-distance d’un Land Art déviant et de la performance. A découvrir d’urgence.
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commentaires
écrit le < 03'09'07 >
Peut etre l’effet de sans cesse en lire. mais tout cela sent fort la sur-estimation artistique. c’est pas mal ce qu’il produit de jeunes mais quand meme faudrait relativiser un peu. Evitez le syndrome Peinado por favor.
écrit le < 10'09'07 > par <
radichou G9o yahoo.com
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Faudrait pas croire que parce qu’on est jeune on est pas encore au point non plus... ne sombrer ni dans le jeunisme ni dans le "sont tous nazes ces petits cons". après tout l’histoire de l’art est remplie de génies précoces.
écrit le < 19'09'07 > par <
guillaumedet L9q hotmail.fr
>
J’ai eu la chance d’aller à cette exposition ainsi qu’à celle de l’an dernier, le lieu est idyllique. J’ai préféré l’exposition de 2006 avec notamment le moulin à prières de Huang Yong Ping, impressionnant ! Je n’ai pas grand chose à ajouter quant au résumé mais plutôt un conseil ; celui d’aller au Centre Internationale d’Art & du Paysage.
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