Les sites pour télécharger, légalement ou pas...
Campagne anti-piratage avec une "sous" Lara Croft, sous-titrée : "Le piratage tue l’industrie du film. Achetez l’original" © DR
< 01'06'07 >
Streamons ensemble pour écouter du bon son
Alors qu’on fête les dix ans d’eMule, le logiciel-star du P2P (peer to peer ou pair à pair, les partages de fichiers sur l’Internet), le conseil d’Etat est venu la semaine dernière doucher l’enthousiasme des téléchargeurs compulsifs, rappelant les risques encourus : des poursuites au civil ou au pénal. Difficile de mesurer la portée de cet arrêt qui, s’il sonne sans doute le glas du P2P « à l’ancienne », paraît encore fort éloigné des modes actuels d’échanges de fichiers en ligne, dont la musique reste l’étalon (même si le cinéma et les séries télé grignotent le terrain). Illustration en deux points.
L’offre. A côté des mastodontes iTunes, Fnac.com ou VirginMega.fr, les solutions de téléchargement légal pullulent désormais sur le Net. Il y a bien sûr tout le continent de l’autoproduction et des minilabels, de ceux qui se lancent jusqu’aux artistes forcément maudits (beaucoup de références ici et ). On y trouve de tout, et pas toujours le meilleur. Le hic, c’est que les grands consommateurs de musique fraîche préfèrent surfer sur MySpace et consorts pour trouver la perle rare. Le Web anglophone est déjà plus structuré. A côté du pionnier eMusic.com, on retiendra Insound pour son catalogue pointu et gargantuesque et le malin Amie Street qui donne la prime à la découverte : plus la notoriété d’un artiste monte, plus le tarif augmente (0,99 $ maximum). Liste exhaustive ici et comparatif des services .
Sentant le vent du boulet, EMI a été, en avril, la dernière major du disque à abandonner les DRM (Digital Rights Management), ces verrous numériques qui donnent des boutons aux internautes, rapidement suivi par Apple qui avait pourtant construit son modèle économique pour l’Ipod en s’appuyant sur ces DRM. Interdit en théorie, l’échange de morceaux achetés légalement devient possible, ce qui pourrait inciter les internautes à télécharger plus massivement là où ils sont autorisés à le faire.
C’est du moins le rêve des majors, mais le marché est aujourd’hui si minuscule qu’il risque fort de ne jamais devenir réalité. La meilleure vente de single MP3 la semaine dernière, le « Relax Take it Easy » de Mika, plafonnait à un peu moins de 3000 unités (mais le dixième pointe seulement à 1000 téléchargements !) côté plate-formes légales françaises. Même tendance pour les ventes d’albums : Céline Dion, en tête, n’en écoule que 765, quand le vingtième du classement dépasse à peine 100 téléchargements. On est loin de la relance annoncée du marché de la musique. Peut-être la création de labels uniquement numériques (sans que le CD « physique » n’existe) pourra-t-elle inverser la tendance.
L’alternative. Condamnant les téléchargeurs sur le principe du « recel » de fichiers, le Conseil d’Etat passe à côté d’un territoire en expansion : celui du streaming, sans doute la porte de sortie pour les coincés du porte-monnaie. Etape supplémentaire dans la dématérialisation de la musique, les fichiers n’étant plus « chargés » sur les disques durs des internautes sont lus en ligne. La bagarre fait déjà rage : CBS vient de racheter Lastfm, site-radio communautaire de partage de musique. Et le grand succès du Web francophone, Radioblogclub, autre webradio qui permet de créer sa programmation à partir des milliers de morceaux disponibles, subit également les assauts des majors. Les pontes du disque ont ainsi réussi à faire taire le site quelques jours le mois dernier. Mais il est reparti, remonté comme un coucou.
La plus grosse secousse est attendue sur le terrain du streaming vidéo : les trublions de The Pirate Bay (énorme site suédois d’échanges de fichiers de films en P2P revendiquant le téléchargement illégal), ont dérouté tout ce joli monde en annonçant la création prochaine d’un service payant, Playble, sur le principe du « je paie ce que bon me semble ». Une alternative au tout-gratuit illégal et au tout-payant non fréquenté ? Un signe de plus de l’ampleur de la mutation en cours.
matthieu recarte 

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< 1 > commentaire
écrit le < 02'06'07 > par < popfil H4L mrlearn.net >
Merci pour les infos et la réflexion. Je suis artiste et comme Aznavour pensons aux artistes avant les actionnaires financiers et tout marchera. CQFD.