Julien Maire, performance « Digit » présentée à Transmediale08, festival nouveaux médias, les 31/01 et 02/02, Haus der Kulturen der Welt, Berlin.
Compte-rendu quotidien de poptronics en direct de la Transmediale, en partenariat avec arte.tv.
Julien Maire, performer sensible, au doigt et à l’œil. © Jonathan Gröger
< 01'02'08 >
Transmediale 4/6 : Julien Maire, le presti-DIGIT-ateur

(Berlin, envoyée spéciale)

Du texte qui apparaît en passant son doigt sur une page, c’est le rêve de tout écrivain. Julien Maire a réussi à donner corps à ce désir avec sa performance « Digit » présentée jeudi soir à la Transmediale, le festival des nouveaux médias berlinois. L’artiste (mais ça peut être également un performer, comme dans le cadre de BodyMedia, une exposition à Shanghai en 2007, où 19 000 ( !) personnes ont vu ce travail) est assis à une table et révèle du texte, quasiment de façon photographique, en passant son doigt sur une bête feuille de papier.

Pour avoir une petite idée (ou ici une version plus longue) :



La prestidigitation, au sens de « produire une illusion par l’adresse des mains ou par des procédés optiques et mécaniques », rappelle Julien Maire, libère le texte de la ligne par le mouvement des doigts sur la page, et le fait devenir volutes, carré ou encore passer d’une feuille à l’autre. C’est un système calligraphique autant que poétique.

« Comme s’il était facile d’écrire... » Le rapport à l’image (et aussi au cinéma), et comment ils permettent des choses qui sont impossibles dans la réalité, est au cœur de cette performance-installation. « Il y a trois types de spectateurs pour “Digit”, explique Julien Maire, ceux qui sont intéressés par l’image générale de la performance (l’artiste assis qui caresse des feuilles de papier en créant des mots, ndlr), ceux qui se focalisent sur comment ça marche et enfin ceux qui lisent le texte qui se déroule. »

Le titre « digit » renvoie à la fois au doigt (c’est le terme latin), qui fait apparaître le texte, mais aussi à la technique du numérique : même si on ne la voit pas, elle habite la pièce. « C’est un système de pensée relatif à la technologie », ajoute Julien Maire, coutumier de dispositifs low-tech, entre bricolage et mise à nu des mécanismes. Déjà, avec « Demi-pas », en 2002, il déconstruisait le cinéma (ou le reconstruisait, c’est selon) en manipulant des diapositives à l’aide d’un dispositif rappelant la lanterne magique. Né à Metz en 1969 et vivant à Berlin, Julien Maire a failli appeler cette nouvelle performance « Soft Machine », d’après le livre de William Burroughs, en hommage aux techniques de « cut-up » de l’écrivain américain.

anne laforet 

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