Turin, capitale du design 2008, en joue sur tous les fronts : c’est le cas avec le festival d’art numérique Share, qui, sous la bannière « Manufacturing » explore les nouveaux outils de fabrication numérique (imprimante 3D, prototypage rapide, impression par Internet...) et interroge d’autres façons de fabriquer, que ce soit la vie (avec Louis Bec), les robots ou l’architecture (avec Marcos Novak).

Le commissaire invité de Share pour cette édition n’est autre que Bruce Sterling, auteur de science-fiction et l’un des chefs de file du mouvement cyberpunk, futurologue et essayiste (pour « Wired » notamment). Une nouveauté pour lui, même si l’on n’est guère surpris de le retrouver à la tête d’un événement d’art numérique : il en est un observateur averti, et pas seulement parce que ses romans, en particulier « Le feu sacré », décrivent souvent l’univers des artistes qui utilisent les technologies.

Féru de design vert (il est l’un des instigateurs du Viridian Design Mouvement), ce « gourou du Net » réussit à trousser de nouveaux mots qui collent aux nouveaux usages, à l’instar du « spime » (contraction de « space » et « time ») qui décrit ces objets qui matérialisent un système immatériel et accumulent des données tout au long de leurs cycles de vie (création usage, recyclage). Un thème au cœur de l’essai paru en 2005 aux Etats-Unis, « Shaping Things » et qui vient tout juste d’être traduit en français sous le titre « Objets bavards », aux Editions Fyp.

anne laforet