< 26'05'09 >
Westminster boit la tasse

Des ouvre-boîtes, des barbecues, du fumier de cheval, du vernis à ongle, des films X, la réparation d’une fuite sous un court de tennis, un pneu pour tondeuse à gazon, des croquettes « senior » (pour chien), 25 ampoules, un fauteuil de massage, une île aux canards, un bouchon de baignoire, un accordement de piano… Il ne manque que la tourniquette pour faire la vinaigrette à cet inventaire des dépenses des députés britanniques, pour rejouer la « Complainte du progrès » de Boris Vian.

Révélé le 8 mai par le « Daily Telegraph » (résultat d’une fuite aux allures de série policière), le scandale des notes de frais des 646 membres du Parlement n’en finit pas de remuer le paysage politique et médiatique outre-Manche. Travaillistes, conservateurs, libéraux, tout l’échiquier politique y passe. Le quotidien conservateur, suivi par l’ensemble de la presse, ne lâche pas son sujet et liste jour après jour les dépenses, photos à l’appui. Pointant là où ça fait mal -la mesquinerie des représentants.

En ligne, cela donne des diaporamas à l’humour « so british » : top 20 des demandes de remboursement les plus bizarres, travaux d’extérieurs repérés sur Google Earth, trombinoscope des « saints » (ceux qui n’ont pas de notes de frais), etc. Un travail de fond et un sens du détail payants pour le journal qui a vu ses ventes augmenter (93.000 exemplaires supplémentaires le premier jour, et plusieurs dizaines de milliers les jours suivants, a compté « Le Figaro »).

Le 24 mai, dans une lettre adressée à « The Observer », le magazine du « Guardian », des artistes (auteurs, comédiens et musiciens dont Damon Albarn et Brian Eno) journalistes et acteurs de la vie politique réclament un référendum sur la représentation proportionnelle, se désolant que de trop nombreux parlementaires semblent plus intéressés par leurs résidences qu’à changer le monde (« more interested in changing their homes than changing the world »).

Pendant que la presse britannique fait boire la tasse aux dérives de son Parlement (jusqu’à la démission annoncée de Michael Martin, le président de la Chambre des communes), un autre scandale éclate en France, relevé par Guillaume-en-Egypte : la non-homologation de la combinaison de compèt’ du champion national de natation Alain Bernard. On attend que des voix fortes s’élèvent. Pierre Arditi, peut-être ?

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