Winter Family et Lightning Dust en concert, le 12/12 à la Maroquinerie, 23 rue Boyer, Paris 20e, 19h30, 17€.
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Le Lorrain Xavier Klaine et l’Israélienne Ruth Rosenthal forment Winter Family, un duo inclassable, entre performance, poésie et rêverie sonore, en concert à la Maroquinerie le 12/12. © Christophe Urbain
< 11'12'09 >
Winter Family, contemplation sonore de saison
D’un fatras de nappes d’orgue s’élève une voix puissante et pourtant gracile. Courbé sur son imposant instrument, Xavier Klaine extirpe le fil continu qui enrobe la crypte transformée en salle de concert. Au printemps 2007, à l’église Sainte-Elizabeth de Hongrie à Paris, Winter Family dépliait son univers évanescent, entre nappes sonores et spoken-word (en anglais, hébreu et français hésitant). Mains en avant, Ruth Rosenthal, petit bout de femme sobrement vêtue, chantait, parlait, psalmodiait, narrait avec un petit côté Nico. A la Maroquinerie samedi, le duo franco-isréalien retrouvera les amateurs d’ambiances sonores contemplatives et performatives (poptronics offre la soirée à quatre d’entre eux, le dark-folk de Lightning Dust en prime). Les chansons de Ruth content des histoires qu’elle dit puiser dans la sienne, d’histoire, forcément entremêlée de celle de son pays, Israël. « Nous poursuivons encore et encore notre exploration de ce que nous ne connaissons pas –de tout ce qui n’a pas de pedigree, de référence évidente. Cela nous semble vital de protéger par tous les moyens les formes spécifiques de musiques, de chants et d’attitudes en provenance du passé, cela procède, selon nous, d’une irrépressible liberté de pensée et d’action. A cet égard, mettre en avant les archives est devenu pour nous un acte de pure résistance », explique le duo sur son site. De cette famille recomposée passée maître dans le refus médiatique (ne pas avoir son Myspace constitue un acte de résistance en soi), on sait simplement que Xavier Klaine, musicien lorrain qui s’est longtemps agité au sein de la scène grindcore (un death metal très rapide et violent) a rencontré Ruth lors d’une fête à Jaffa. Le dialogue s’est poursuivi en vie et musique, l’une posant sa voix sur les boucles sonores marquées par un profond goût pour la musique baroque de l’autre. Winter Family, Concert à emporter à Jérusalem (mai 2008) : La vie et la musique, Israël, la judéité, une spiritualité sans préchi-précha, lumineuse et souvent drôle : Winter Family mène son bout de chemin (pas de croix !) depuis son premier album publié par le label Sub Rosa. Dans le paysage maximaliste de la fin des années 2000, Winter Family détonne : la poésie jaillit en creux, au milieu des décombres et des comptines absurdes (la chanson « Auschwitz » raconte ainsi l’histoire d’une petite fille s’amusant avec une boule à neige qui réalise que les cristaux sont en réalité des hommes morts, le tout raconté d’une voix mutine). Au petit jeu des références, pour cet amour si précieux des silences, l’étoile Mark Hollis et les performances de Laurie Anderson ne sont pas loin. Depuis leur premier album, « Spring Is Already Gone, Where Are You ? » et « Where Did You Go My Boy » (un vinyle) continuent de creuser l’esthétique de la contemplation. Jamais avare de projets qui entrelacent performance et musique (danse pour Ruth, résidences à la Ferme du Buisson et à NYC, tournée israélienne en 2010), le duo et son souci d’indépendance forcent le respect.
Il faut qu’on parle, naturellement !
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