Depuis vingt-cinq ans, Yo La Tengo s’est tout permis ou presque : jouer du rock, du funk, du punk, de la pop, nager dans les feedbacks, lancer ses guitares contre un mur de son, écrire des balades neurasthéniques, tutoyer Albert Ayler… Couple à la scène comme à la ville, Ira Kaplan et Georgia Hubley, épaulés depuis quinze ans par le fidèle James McNew à la basse, ont fait de Yo La Tengo l’une des figures les plus respectées du rock indé américain. Ils se sont même vus confier en 1996 le rôle très convoité (et franchement casse-gueule) du Velvet Underground dans « I Shot Andy Warhol », le biopic consacré à l’activiste féministe Valerie Solanas qui avait plombé ledit Warhol en 1968. Le succès de masse n’est jamais venu, sans doute parce que Yo La Tengo ne sait pas se cantonner à un genre. Mais cette position d’outsiders leur a permis, par exemple, de sortir au printemps un rugissant album de reprises -une de leurs marottes- sous le nom de Condo Fucks (baptisé « Fuckbook », en écho au « Fakebook » de 1992 qui en fit presque un groupe à la mode...).

Yo La Tengo - « I Should Have Known Better », live à Atlanta, janvier 2008 :

La tournée 2009 qui passe ce soir par Paris est conçue comme un show acoustique interactif. Un « Freewheeling Tour » réellement « en roue libre » puisque sans set-list prédéfinie : les concerts se font au gré des propositions qui fusent de la salle, commentées par le trio avec son humour consubstantiel (l’un de leurs albums de reprises s’appelle « Yo La Tengo Is Murdering the Classics »). Un exercice sans filet quand on connaît l’ampleur de la production de Yo La Tengo : une douzaine d’albums et autant de EPs au compteur. Il faudra donc attendre pour découvrir live les titres de « Popular Songs », nouvel album à paraître en septembre, aussi tranquille que son prédécesseur était sonore, entre grâce pop et réminiscences shoegazing, ballades, electronica et échappées expérimentales. Un très bon disque. Un de plus.

Yo La Tengo - « Tom Courtenay », live à Atlanta, janvier 2008 :

matthieu recarte