Magnetix et Yussuf Jerusalem en concert à 20h au Point Ephémère (12 euros).
Journée spéciale blousons noirs au festival Filmer la musique, avec à 16h une séance INA et à 18h « Le Chemin de la mauvaise route » de Jean Vautrin au Point Ephémère, 200 quai de Valmy, Paris 10e ; et à 20h30 « Les Cœurs verts » d’Edouard Luntz, au MK2 Quai de Seine, Paris 19e.
Magnetix et Yussuf Jerusalem en concert à 20h au Point Ephémère (12 euros).
La presse popularise l’expression blousons noirs, ces jeunes ouvriers dont les parents ont quitté les campagnes pour débarquer dans les grands ensembles naissants. © DR
< 11'06'09 >
It’s a perfecto day : les blousons noirs sont de retour
Blousons noirs. Soixante ans après, l’expression a gardé toute sa force évocatrice, porteuse d’une mythologie cuir mêlant violence et rock’n’roll naissant sur fond de désœuvrement et de misère sociale (ça ne vous rappelle rien ?). Le festival Filmer la musique, que Poptronics suit quotidiennement, y consacre une journée entière avec deux films, une séance de documents d’actualité d’époque et un concert de Magnetix en clôture au Point Ephémère. 1955, « Graine de violence » (« Blackboard Jungle ») sort au cinéma. C’est l’émeute : la jeunesse française découvre en même temps les déhanchements de Presley et le « Rock Around The Clock » de Bill Haley. Les choses ne seront plus tout à fait pareilles : le rock’n’roll vient d’entrer dans la culture populaire hexagonale. Et avec lui, ceux qu’on appelle encore les « tricheurs », d’après le titre du film de Marcel Carné qui sort en 1958, ces jeunes banlieusards des cités qui sortent de terre. Il y a déjà eu quelques gros incidents : à l’été 1955, un concert de Louis Armstrong déclenche une bataille de trois jours dans les rues de Paris, en octobre 1958, le concert de Bill Haley à l’Olympia donne lieu à des débordements : des fauteuils sont détruits par centaines. Mais c’est à l’été 1959 que la France découvre, tétanisée, les blousons noirs. Le 24 juillet, vingt-cinq jeunes de la Porte de Vanves déboulent dans le XVe arrondissement pour affronter la bande du square Saint-Lambert, vêtus de blousons de cuirs, de jeans, et armés de chaînes de vélo. Le lendemain, on se bagarre à Bandol pour une histoire de filles. Quelques jours plus tard, un policier est blessé à Cannes lors d’affrontements avec une bande de Courbevoie. L’affaire fait la Une (« Un agent de police a été sauvagement poignardé par une horde de tricheurs, de blousons noirs »). Les incidents se multiplient tellement (à la sortie de « Jailhouse Rock » en 1960, le cinéma Le Mac Mahon est littéralement pris d’assaut) que le sinistre Maurice Papon, préfet de police de Paris depuis 1958, songe très sérieusement à interdire le rock’n’roll pour préserver la « tranquillité publique ». Cette peur diffuse de la jeunesse, on la retrouve dans les reportages de l’ORTF, diffusés cet après-midi dans le cadre d’une séance INA, qui, bien qu’au ton paternaliste, stigmatisent violemment ces bandes… et font étonnamment écho à ce qu’on a pu voir récemment sur toutes les chaînes de télé au sujet des black blocks lors du sommet de l’Otan. Bande-annonce de « Blackboard Jungle » (1955) : Cette belle programmation du jour à Filmer la musique, on la doit à
JB Wizz, boss du label-disquaire Born Bad, tout entier dévolu au rock’n’roll. A 33 ans, il se « revendique fondamentalement de cet héritage rock soixante, le sujet me tient beaucoup à cœur, il me fascine », et revient pour Poptronics sur l’apparition des blousons noirs et leur postérité. Dans quel contexte apparaissent les blousons noirs ? Quand le mouvement devient-il massif ? C’est une esthétique aussi... Tu présentes deux films qui rendent compte de cette réalité banlieusarde : le documentaire de Jean Vautrin « Le Chemin de la mauvaise graine » (1962) et le très rare « Les Cœurs verts » (1966) d’Edouard Luntz. Qu’est-ce qui les rend plus emblématiques que d’autres ? Les blousons noirs disparaissent peu à peu au cours des années 60. C’est la fin du rock’n’roll dans les cités ?
L’émoi EMA
Ah ça IA, ça IA, ça IA L’icône Susan Kare « Ultima », l’expo plein jeux à Nantes F.A.M.E, la musique en plan large |