Le cinéaste Chris Marker sort de son silence pour critiquer la plainte du MRAP contre l’auteur du clip « Stress » de Justice, Romain Gavras.
La violence du film de Romain Gavras pour le groupe Justice fait polémique. Plus d’un million d’internautes l’ont visionné. © DR
< 20'08'09 >
A propos du clip « Stress », par Chris Marker

(Pop’archive). Nous avons reçu ce texte du cinéaste Chris Marker, en réaction à la plainte déposée par le MRAP contre « les responsables » du clip « Stress », réalisé par Romain Gavras pour le groupe Justice. Un vrai coup de gueule.

La fable chinoise de l’imbécile, du doigt et de la lune a tellement servi qu’on éprouve une certaine crispation à la trouver au bout de sa plume. Pourtant j’ai beau tourner la chose dans tous les sens, je n’en vois pas qui s’applique aussi littéralement au communiqué du MRAP, portant plainte contre le clip du groupe Justice dont « l’intention raciste est avérée ». Le mot inadmissible ici est « avérée ».

Tout le monde a le droit d’exprimer une opinion ou un blâme, mais il faut une sacrée dose d’outrecuidance pour décider, non de la portée éventuellement négative d’une œuvre, mais de l’intention intime de son auteur. Car il y a, figurez-vous, un auteur, Romain Gavras, et autour de lui un groupe, Kourtrajmé, dont les productions jusqu’à ce jour avaient comme caractéristique de déplaire tout particulièrement aux racistes. Ce pourrait être déjà un sujet, au moins, d’interrogation.

Mais d’abord, marre de ce terme de « clip » pour désigner n’importe quel très court métrage. Tant de longs métrages aujourd’hui ressemblent à des clips étirés qu’il est permis de saluer un clip qui ressemble à un film. Je risque un autre mot, en m’amusant d’avance de l’incrédulité qu’il va susciter chez certains : un poème. Un poème noir, violent, sans concession, sans alibi, magnifiquement « écrit » (encore faudrait-il qu’on s’intéresse à l’écriture cinématographique, vaste débat) et dans la ligne d’un certain nombre de ces poèmes qui dans toutes les langues, à un moment donné, ont dérangé et troublé, et dont certains en effet ont fini devant les tribunaux.

Montrer ce que personne ne veut voir, c’était en d’autres temps une fonction de la poésie. Cet objet non identifié qui tombe dans un paysage audiovisuel où par ailleurs la violence est partout présente, mais avec assez de roublardise et de complaisance pour être acceptée sans états d’âme, j’aurais tendance à le comparer au parallélépipède que Kubrick dresse, dans « 2001 », près d’un troupeau de singes endormis. Incongru, incompréhensible au point que c’est à force de n’y rien comprendre que s’éveillera l’idée qu’il y a quelque chose à comprendre. Les singes ont évolué. Les censeurs, ça reste à voir.

Pour rappel, « Stress », le film de Romain Gavras pour Justice (et ici, l’article de poptronics qui en rendait compte) :

Cet article a été initialement publié le 11 juin 2008.

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< 51 > commentaires
écrit le < 05'06'08 > par < frederic.goldbronn F5o free.fr >
Avec toute mon admiration pour le lyrisme de Sans soleil, j’ai tout de même du mal à trouver la poésie dans le clip de Romain Gavras. Le Mrap, comme presque toujours à côté de la plaque, y voit une intention raciste. Mon souci est que je n’y vois pas d’intention du tout, au sens d’un point de vue cinématographique - et donc politique - autre que la promotion d’un blouson BCBG déguisé en racaille, et peut-être un côté meurtre du père, qui incarnait le cinéma politiquement correct à l’époque où les lecteurs du Nouvel Obs se croyaient de gauche.
écrit le < 05'06'08 >
Difficile tout de même de ne pas rappeler que Chris Marker est très/trop proche du dossier (Gavras, tiens, ce nom me dit quelque chose) et que ce plaidoyer, même très stylé, est totalement à côté de la plaque, peut-être même plus que le Mrap (qui, il est vrai, ne s’est jamais distingué par sa finesse). Le mot censure est déjà bien usé, n’en rajoutons pas... + Aucune allusion au piteux communiqué de Justice, par ailleurs, joli aveu d’impuissance et d’irresponsabilité. Le fond de l’air est bien tiède. Et si on parlait des vrais problèmes ?
écrit le < 05'06'08 >
Ce clip n’a pas de sens. Il a beau être défendu par Chris Marker. Cela ne change rien à la grammaire audiovisuelle qui ne vaut pas grand chose. Malheureusement, ou peut être heureusement pour son auteur, son père est quelqu’un. A la sortie en salle du film la Haine, déjà un problème similaire à celui-ci m’avait interpellé. Mathieu Kassovitch se comportait comme une racaille, ne voulait pas faire la couverture des magazines Ciné etc... Quelques années plus tard, après être redécendu sur la terre des enfants gâtés, il posait gentillement en première page d’Elles. Romain Gavras fait malheureusement écho à ce triste comportement d’enfant privilégié !
écrit le < 05'06'08 > par < catherine.hollard LaT tele2.fr >
Merci à Chris Marker d’avoir écrit ce texte, dans ce film il y a quelque chose à comprendre, c’est quoi ? d’où vient-elle ? que dit-elle ? cette rage insupportable... je suis en outre désolée de voir le mrap parler de racisme, comme si ses militants n’avaient vu que la couleur de la peau des personnages dans ce qui est dit là.Cette lecture me semble-t-il révèle la peur de leur propre racisme, celui qui est pavé des meilleures intentions.
écrit le < 05'06'08 > par < benjahainaut 9jS no-log.org >
Moi je suis belge et je ne connais pas les faits d’armes du MRAP, mais comme ça à chaud, j’avoue que je comprends leur communiqué. Je ne soupçonne pas Kourtrajmé de racisme, pour moi c’est de la provoc qui est censée... quoi, provoquer le débat ? Pousser la "lepénisation des esprits" dans ses derniers retranchements ? Quand bien même, le concept me semble bien subtil pour l’époque, et ses effets secondaires me semblent assez difficiles à prévoir. Effectivement le clip fait froid dans le dos, il vient chatouiller mes stéréotypes par le bas, là où l’émotion fait fonction de pensée. Moi qui souffre pour vous de la saledroitisation de votre France, je reste perplexe devant l’exercice, et il me semble risqué. Votre MRAP joue peut-être la vierge effarouchée, je crois que j’en aurais fait autant, sans nuances.
écrit le < 06'06'08 > par < moi YtE moi.fr >

juste le clip peut se resumé a la derniere phrase ...aprés nous avoir montrer caméra au point la violence dans toute "sa splendeur" (dans le sens démésurer) à la fin c’est le caméraman qui n’a aucune fois empécher ses agissement (comme un spectateur qui regarde cette vidéo, un témoin ...) et à la fin ils s’en prennent a lui ..en disant et toi tu filme ??? ( sous entendu pourquoi tu n’a rien fait , pourquoi on ne réagis pas ..) ..pour moi ce clip dénonce plus les média et l’attentisme des témoins de ses situations .... mais ce n’est que ma vision du clip...

donc pour moi le mrap est en manque de "visibilité" et clair un videoclip venant de kourtrajmé le dire raciste ??? laisser moi rire ....meme me fendre la gueule.... pitoyable ses associations qui foutent des procès sans réfléchir sans se poser de question, sans même demander des explications au réalisateur .... mais bon faut qu’il justifie leur assos ....

écrit le < 06'06'08 > par < jjbirge oL7 drame.org >

Les qualités du film m’importent peu. Les cinéastes les plus dangereux sont ceux qui ont du talent et développent des positions nauséabondes. Chris Marker a raison de s’insurger contre le MRAP, mais je ne peux partager son emballement pour cette provocation marketing mal assumée par ses protagonistes-mêmes.

Justice s’est ainsi justifié lors d’une interview accordée au bloggeur Fred Musa : "Ce film n’a jamais été envisagé comme une stigmatisation de la banlieue, comme une incitation à la violence ou, surtout, comme un moyen larvé de véhiculer un message raciste. L’idée du clip n’est pas de "choquer gratuitement" mais "d’ouvrir le débat, susciter des questions, comme le font régulièrement le cinéma, la littérature ou l’art contemporain. Nous étions conscients que le clip était sujet à controverse. Nous n’imaginions pas un instant que le débat irait si loin, que nous nous retrouverions à devoir nous justifier sur des sujets aussi graves... La récupération massive de ce clip, en quelques heures seulement, nous a rappelé à quel point il est difficile aujourd’hui de contrôler la destination des images et l’intégrité de leur propos". J’ajouterais : surtout quand la provocation est affaire de marketing !

J’ai composé le 01.41.12.10.00, c’était bien le standard du Front National, et seulement le FN, par la voix d’une vieille dame ! C’est évidemment une nouvelle provocation du collectif Kourtrajme, plus amusante que celle du clip. Le malaise s’installe lorsque l’on s’intéresse aux origines de classe des protagonistes. Mettre en scène des noirs et des arabes en loubards de banlieue destroy ne peut être innocent, même si le MRAP est à côté de la plaque en y voyant une manifestation de racisme "avéré". Les options marketing du groupe Justice suffisent à semer l’ambiguïté si l’on avait encore un doute sur la sincérité de leur entreprise en général. Le film de Romain Gavras justifie la crainte d’une peste brune plus que d’une révolte rouge. L’embrigadement sectaire signifié par les blousons siglés par la croix de Justice, une autre provocation entretenant encore de l’ambiguïté, cette fois entre leur foi plus ou moins assumée et leur goût pour la dérision tout aussi mal assumée d’ailleurs (voir l’épilogue), rappelle les querelles fratricides des quartiers, le besoin de s’identifier à un drapeau. Le machisme explicite, commun à de si nombreux films, pas seulement dans les clips mais portés par tant de longs métrages, est aussi antipathique qu’ailleurs. Les petites frappes dérangent comme les flics dérangent. Je n’ai aucun goût pour ces provocations artificielles aux conséquences dangereuses. La dérision est à manier avec des pincettes sur des sujets aussi graves que le désespoir, la misère, le sexisme, le racisme et la violence. Justice joue avec le feu là où pour d’autres ce n’est hélas pas un jeu.

JJB

écrit le < 06'06'08 >
le blouson justice fait par surface 2 air n a aucun rapport avec les blousons du clip. il ne comporte pas la croix dans le dos ni aucun signe de branding exterieur.
écrit le < 07'06'08 > par < jjbirge L44 drame.org >

Suite de l’enquête :

Fan de Blier, Marker, Buñuel, Fellini ou du film Hellzapoppin, le réalisateur Romain Gavras, co-fondateur du collectif Kourtrajme, aime immerger les artistes qu’il filme dans des univers décalés, souvent chargés de misère. Comme presque partout dans les clips vidéo, le machisme y est omniprésent. On espère seulement que les ambiguïtés qu’il véhicule ne tiennent qu’à l’usage maladroit des codes qu’il manipule.

Pourtant, la polémique lui donne raison, la provocation a réussi puisque son film apparaît sur le devant de la scène. Sur son site myspace, Gavras a l’honnêteté de reconnaître plus de 250 000 euros de revenus annuels et que ses réseaux sont exclusivement ceux du marketing. Informations à mettre en relation avec les actes de l’équipée sauvage !

écrit le < 07'06'08 >
Ceux qui ne voient rien dans ce clip sont ceux qui ne voient pas le monde qui coure à sa perte. La société CAPITALISTE creuse les inégalités, détruit la démocratie et anéantit toute forme de solidarité, c’est la société du chaos. Face à cela, il reste une jeunesse qui n’a plus aucun espoir de changement puisque le champ politique et syndical reste désespérément vide. Que reste t’il à ses jeunes ? cette génération du "no future", il leur reste la violence pour exister et cette violence se mondialise au même titre que les autres marchandises capitalistes. Je travaille en prison et pour moi ce clip, c’est le reflet de notre société malade qui utilise le code pénal comme outil de gestion de la misère, qui fait la chasse aux pauvres. Quand une société mène une politique inégalitaire très violente à l’égard des classes exploités, cette société lui répond par la violence, c’est aussi simple que cela. Le MRAP peut s’émouvoir de ce clip mais elle devrait plutôt porter plainte contre ceux qui détruisent notre société avec leur loi du profit et du chacun pour soi
écrit le < 11'06'08 > par < fredcambon TkL gmail.com >

Je suis triste de lire Marker (au demeurant si silencieux qu’il en devient assourdissant) faisant l’adage de Kourtrajmé et de Justice. L’impuissance condamnée d’un impuissant, je ne sais plus. Et de projeter Kubrick et ces singes dans un à propos un peu bancale, j’en préférais presque la calamiteuse interview du "maître" depuis son Second Life pour les Inrocks. Passons. Mais là où il convient peut-être d’impliqué l’oeuvre kubrickienne, c’est peut-être d’avantage dans ce que suppose une oeuvre. Et là où Orange Mécanique dépeçait le mécanisme même de la violence (puisque de violence, parait-il, il s’agit), sans juste la montrer dans ses actes les plus spectaculaires mais en impliquant le spectateur dans sa nature psychique et ses fondements sociaux/culturels (et bien au delà encore), il y a chez Gavras/Justice une paresse du langage cinématographique qui tend à n’être qu’un dispositif formel (un cadreur et son preneur de son) qui trouverait sens si l’objet n’était pas aussi ulcéré par les mimiques "branchées", blouson noir/bad guy/black rebeu/violent/qui tag/crachent/cherchent la merde/brûlent des voitures qui ne révèlent en rien l’identité de ces protagonistes. Sortent de grosse caricature maniérée, donc, qui a plus à voir avec les images du 20h sur TF1/LCI qu’avec n’importe lequel des films sus cités (et quand je dis "cités"...).

Alors si poésie il y a, celle là me fait d’avantage penser aux poèmes niais affichés dans certaines rames du métro parisien qu’aux plus belles oraisons minimalistes et transcendantales de la poésie.

J’aime pourtant tellement Chris Marker et Peter Watkins et Mekas et Tsukamoto et et et et Kubrick (qui ne l’aime pas)... Mais Gavras (fils), il en faudra d’avantage.

écrit le < 11'09'08 > par < zouzou0_o iJL hotmail.fr >

je voudrais juste dire ça :

 Nous somme bien quelque mois et 40 ans après mais 68 ? Est-ce qu’on a pas ce sentiment de nostalgie et d’impuissance ?

 "le fond de l’air est rouge" ? il l’était, maintenant il est plutôt NOIR, sans réel avenir (vraiment, on moisit sans renouveaux)

 Justice, c’est un groupe de musique BRANCHÉ ? mais réveillez vous : CA VEUT DIRE QUOI JUSTICE (c’est vrai que prononcé à l’américaine, ça choque moins,( PAS) et puis ce milieux electro....il est tout doux, imbécile presque) ET BIEN NON, LA PREUVE avec "Justice" La justice pour ce que j’en retiens c’est un peu ce sentiment presque pas divin mais incontrôlable, comment dire, nécessaire ou présent malgré nous puisque chacun d’entre NOUS l’a, ce sentiment qui nous indique le vrai du faux, le bien du mal, le mieux. oui ? Alors ne nous étonnons pas si un clip pareil nous est balancé, comme ça. Je crois qu’on a tous rêvé un jour de péter les plombs comme ces petits caïds, le racisme et alors ? la politique et alors ? la violence et alors ? la misère et alors ? ON VIT TOUS DEDANS ET ON S’EN EST HABITUÉ, 1 2 3 REACTION.... non on préfère porter plainte, portons plainte à la justice maintenant.

écrit le < 11'09'08 > par < zouzou0_o LLD hotmail.fr >
pour le MRAP, MOUVEMENT CONTRE LE RACISME ET POUR L’AMITÉ ENTRE LES PEUPLES, tout est beau, tout est joli, et ce dans le meilleur des mondes. pour un monde sans racisme où règnerait l’amitié des peuples, (arrêtons l’utopie aussi...) et bien il faut commencer par dénoncer. Ce n’est pas comme si des vraies personnes noires avaient agressées des vraies personnes blanches. la plainte je pense est poser par cet organisme pour éviter à certaines personnes mal intentionnées de s’identifier et de reproduire cette violence (gratuite ?) Il faudrait arrêter d’avoir peur de l’identification, il y a un énorme faussé entre la vie des films et la vie de tous les jours. un jeune qui s’identifierait et reproduirait ce clip, aurait un énorme problème psychologique je pense. C’est vrai c’est arrivé, des cas isolés... il ne faudrait plus rien montrer de la réalité alors ? On va me dire ce n’est pas la réalité, je pense que si, et puisque cet organise, le MRAP existe c’est bien pour une raison : parce qu’il y a énormément de racisme et de violence gratuite dans le monde. l’art, et je dis bien l’art (parce que c’est comme ca qu’on le montre l’art aujourd’hui par la divulgation sur internet, la musique, reste à faire un trie et comme j’ai lu précédemment le fait de faire réagir, c’est de la poésie, oui de la poésie engagée) a toujours été contredis, bravo alors, je dis bravo à Romain Garvras, son clip fait réagir, voilà. A ce moment là il faudrait porter plainte aussi contre les humoristes, qui se moquent des handicapés, des noirs, des pauvres (je pense à Coluche, moins marginal, Bigard...) bref la liberté d’expression existe, et on ne devrait pas avoir le culot de porter plainte à tout va sous prétexte qu’ il y a de la violence gratuite. pensons aux film américains que l’on regarde comme des débiles sur la 6 ou la 1, trop manichéens !! pour qu’un film soit libre de diffusion il faudrait qu’il y règne cette pauvre vision du mal et du bien ??? BRAVO !! merci le mrap mais je crois que vous vous y prennez tres mal...
écrit le < 05'06'08 >

Un peu chaud peut être, mais « à coté de la plaque » vraiment pas. Le fait de ne pas voir immédiatement d’intention politique derrière le court métrage est évidemment dérangeant, mais je pense que cela fait partie de ces grands mérites.

D’une part à grands coups de documentaires chocs à caméra cachée façon envoyé spécial ou autre pièce à conviction nous sommes devenus paresseux. Dans ce genre de « documentaire », tout est évident au premier regard, une analyse politique appuyée par des images et donc forcement juste et en concordance avec la réalité. Dans les faits les analyses et les opinions proposées sont souvent très faibles et très peu scientifiques, mais convaincantes, car étayées par des images de caméras cachées et montées de façon efficace. Il s’en suit qu’un documentaire sobre et subtil comme « Le cauchemar de Darwin » fera polémique parce qu’il ne montre pas « les preuves » (à savoir les armes transportées de Russie en Afrique). S’ajoute a cela que stress est un clip et les clips, ça va encore plus vite.

« Stress » nous dérange donc, parce que l’on n’y voit pas clair, que l’on ne comprend pas immédiatement où il veut en venir (en gros on stresse), parce qu’il va contre nos attentes. On voulait un clip, donc un message clair et simple et surtout pas de longue réflexion après coup. En ce sens, « Stress » se place clairement à contre-courant et s’avère une franche réussite sur le plan artistique (excellente illustration du mot « stress » et en plus création d’un sentiment de stress chez les spectateurs), mais aussi sur le plan politique.

En effet le meilleur moyen pour aborder la question des banlieues et une étude sociologique (elles existent déjà, comme « Parias urbains » de Loïc Wacquant), c’est la seule façon d’approfondir le sujet et de procéder de manière scientifique afin de comprendre toutes les nuances et dégager des solutions. Tout cela n’est évidemment impossible dans un clip ni même dans un court métrage classique, qui en revanche se prête très bien à une bonne grosse morale simpliste. Heureusement, « Stress » ne fait pas de morale, pas de jugement, pas de bon ou de mauvais, etc. Stress illustre une réalité qui nous dérange (stresse). Elle nous dérange parce que nous ne la comprenons pas et que nous préférons ne pas la voir. On notera d’ailleurs qu’à droite on parle d’incitation à la violence et qu’à gauche on s’effarouche parce que l’on donne une image négative des banlieues. Comme si faire croire que tout va bien dans les banlieues améliorait la situation. Au lieu de changer la réalité, on tente de changer l’image. Forcement que stress est gênant dans ce contexte.

Stress ne donne pas d’interprétation toute ficelée, « Stress » rappelle éventuellement qu’on a bien vite oublié l’explosion des banlieues de 2005. Que rien à changé et que tout le monde s’en fout.

A mon sens ce n’est donc pas Gavras ou Justice qui font le jeu de l’extrême droite, mais ceux qui s’indignent dans leurs pantoufles et ceux se prétendent de gauche, mais préfèrent passer a la télé que de faire du travail de terrain. Stress remet sur la table un problème qui nous fait chier et qu’on préfère oublier et au lieu de rouvrir le débat sur la question on préfère s’indigner sur le clip. Triste…

PS pour Chris Marker : merci pour « La Jetée » pour « Sans Soleil » pour « Loin du Vietnam » pour « Les Statues meurent aussi » et j’en passe (notamment ceux qu’on ne trouve pas).

écrit le < 09'06'08 >
La base d’un discours est d’avoir quelque chose à dire. Que ce ne soit pas évident au premier abord, qu’il faille le mettre en perspective quoi de plus normal ? Mais quel est dans ce clip le "détail" ou la "perspective" qui permet de retourner le discours ? Je suis peut etre bouché mais je vois pas.... Du coup ça ressemble à un condensé de "7à8", journaliste embedded mais grosse différence, coté caillra, avec tous les à prioris et phantasmes que les médias se font un plaisir de véhiculer. Il n’y aucun moyen apparent de l’apréhender différement, c’est toute la différence avec un film comme orange mécanique ou starship troppers pour donner deux extremes et ça.
écrit le < 06'06'08 > par < simpleappareil bWF free.fr >

Pour info : un texte consacré à Stress, "poème noir", sur le site d’analyse L’oBservatoire (simple appareil).

Voir à cette adresse : http://simpleappareil.free.fr/lobservatoire/index.php ?2008/05/17/53-justice-expeditif-stress

SA

écrit le < 06'06'08 > par < simpleappareil tLr free.fr >

Aie Aie, cher modérateur, tu ne peux pas me faire ça ! le lien n’est pas affectif ! ci-dessous avec un code html... Merci

Pour info : un texte consacré à Stress, "poème noir", sur le site d’analyse L’oBservatoire (simple appareil).

Voir à cette adresse :

http://simpleappareil.free.fr/lobservatoire/index.php ?2008/05/17/53-justice-expeditif-stress

SA

écrit le < 06'06'08 > par < w.nepigo VDA enlevezcecipourmecrire.scarlet.be >
Oui, c’est un poème sans alibi. On est dans l’immédiateté de la fascination, celle d’un gosse de riches pour les racailles dont il ne fera jamais partie bien qu’il en connaisse la panoplie. Le XVIème arrondissement est plein de ces rappeurs abrutis dont la rébellion s’évanouit à la vue du moindre uniforme, ces gosses sont tout ce qu’ils ne seront jamais, la rébellion d’autant plus radicale qu’elle leur est inaccessible. Le film est propre, beau, efficace et c’est le miroir rêvé des "reportages" de type caméra embarquée dans les voitures de police. Coincés entre ces deux types d’image, ceux que l’on prétend montrer sont chosifiés, réduits à un pur fantasme. Des robots sexy, sans espoir, des zombies que l’on pourra exterminer sans pitié puisqu’eux-mêmes n’en ont plus, n’ont plus rien d’humain. C’est vraiment un bonheur, ce genre de fable.
écrit le < 06'06'08 > par < http://my.opera.com/galanga/blog/ >

Bonjour,

contrairement à la plupart des messages précédents, je trouve ce texte de M. Marker particulièrement pertinent. Je trouve comme lui qu’il est ubuesque de penser que ce court-métrage puisse être "d’intention raciste avérée" ; j’ai recensé plusieurs exemples qui indique que ce clip a pour intention (au moins pour son réalisateur) de dénoncer la construction de la peur par les médias, associée à la volonté de faire de l’image pour attirer de l’audience :

http://my.opera.com/galanga/blog/2008/05/14/clip-stress-par-justice

Comme M. Marker le souligne, il faut distinguer la volonté de l’auteur de l’impact négatif de son oeuvre (et en se demandant aussi si cet impact négatif ne serait pas au final juste un fantasme du spectateur).

écrit le < 06'06'08 > par < frederic.goldbronn Noz free.fr >

de Frédéric Goldbronn, documentariste.

En 1982, dans "Sans Soleil", Chris Marker notait à propos de "la génération des Sixties" : "si c’est aimer que d’aimer sans illusion, je peux dire que je l’ai aimée. Elle m’exaspérait souvent, je ne partageais pas son utopie qui était d’unir dans une même lutte ceux qui se révoltent contre la misère et ceux qui se révoltent contre la richesse".

Comme le montre le communiqué ci-après trouvé sur le site de Vogue (mais j’ai vu le même sur celui de Cosmopolitan), le clip de Romain Gavras dont il fait l’éloge aujourd’hui est sorti de cette contradiction de façon étonnamment dialectique puisqu’il réussit à mettre la misère au service de la richesse.

Monsieur Marker, n’avez-vous pas pensé à proposer au Coq sportif de remplacer son obsolète gallinacé par l’un de vos chats ?

http://www.vogue.fr/mode/Une_collection_Surface_to_Air_pour_Justice_-12404-info.htm

Le blouson Surface to Air pour Justice. ©D.R. UNE COLLECTION SURFACE TO AIR POUR JUSTICE

Le duo musical Justice et le label Surface to Air n’ont pas fini de collaborer. En 2007, un MTV Music Award avait récompensé le clip du morceau « We are your friends » du groupe réalisé par Surface to Air. Aujourd’hui, le directeur de la création du label mode, Adric Speer a fait appel au duo, Gaspard Augé et Xavier de Rosnay pour imaginer une collection spéciale. De cette association sont nés deux blousons (700 euro chaque) en cuir nappa, l’un nommé « G » comme Gaspard, l’autre « X » comme Xavier. Deux coupes de jeans (150 euro chaque) en denim bleu ou noir complètent l’uniforme Surface to Air pour Justice. Cette ligne en édition limitée se décline du XS au XL et peut être adopté par les hommes comme les femmes. Les créations seront vendues dans une sélection de vingt boutiques : Surface to Air Paris, Surface to Air Brasil, colette, Barneys, Le Bon Marché, Paris Texas ou encore Le Shop. Disponible dès le mois de juin qui marque le début du Justice World Tour. J.DLR.

(11 avril 2008)

écrit le < 07'06'08 > par < jjbirge 2eC drame.org >

Dans le supplément Libération de ce matin (samedi 7 juin), on apprend, sous la plume de Clément Ghys, que "Surface to Air a collaboré avec le duo Justice pour imaginer la parfaite panoplie du DJ électro. Gaspard Augier et Xavier de Rosnay, rendus célèbres grâce au tube D.A.N.C.E., ont dessiné trois blousons en cuir et deux jeans pour le collectif français. (...) Le résultat est à l’image de l’esthétique des deux musiciens. Chacun a créé un blouson en cuir. Xavier de Rosnay a dessiné la veste grise X tandis que Gaspard Augier a imaginé le Perfecto G, rappelant ceux des hell’s Angels. Les deux jeans sont marqués du slogan "Justice for all" et les rivets sont peints en bleu et rouge fluo. Disponible dans seulement trois boutiques (Surface to Air, Colette et le Bon Marché), la collection se veut ultra-confidentielle, chaque magasin ne disposant que d’un stock de six vestes et dix jeans."

Le marketing est l’unique motivation du réalisateur Romain Gavras (voir son site myspace, section Réseaux). C’est réussi, mais quel cynisme !

écrit le < 07'06'08 > par < jn aa3 hyperbate.com >
Oui, l’impact négatif relève généralement du fantasme : un impact ça se constate, ça ne s’imagine pas. Étonnant comme on est prompt à parier sur la bêtise d’autrui, quand on réclame la censure ce n’est jamais pour soi (chacun se juge assez grand pour résister ou comprendre) mais pour les autres : les enfants, les habitants des cités, les fascistes, les simplets...
écrit le < 06'06'08 > par < paulkapaulka oTy yahoo.fr >
On peut dire merci à des gens qui l’ont subit, de venir rappeler que la censure n’a pas disparu, qui prend depuis quelques temps déjà la forme de procès, l’Etat ne s’occupant plus directement de couper "Nuit et Brouillard" ou de mettre sous scellés "Le rendez-vous des quais" . Mais la défense formaliste ne tient pas. Et ce n’est sûrement qu’un raccourci de la part de quelqu’un qui sait mieux que quiconque où peut mener l’obsession seule d’un beau cadrage. Il y a maintenant l’autre censure, que la première ne recoupe pas toujours : cette frontière dans les têtes qui ne date pas de Bouygues TV quoi qu’on en dise, et le long de laquelle on a commencé un jour à fantasmer sur cette fameuse "violence des jeunes de banlieue". Les tentatives de changer les lignes qu’on voudrait être celles de la génération qui manque n’ont pas l’air d’être vraiment à la mesure du travail de division qu’elles ont à surmonter. La petite bourgeoisie qui tente de se racheter un honneur politique en légitimant par l’esthétique la seule visibilité permise aux quartiers déprolétarisés de la ceinture parisienne continue à montrer qu’elle ne sait produire que des symptômes d’impuissance ou d’inconscience, peut-être... devant l’icône par exemple de trois mecs en capuches tabassant un photographe durant un défilé, brandie pendant les manifs du CPE pour recoucher tout le monde. Balancée par la bande dans l’arène étroitement surveillée du film musical promotionnel, effectivement, ça donne ça. Un vague scandale. Mais tant que continue la fascination... l’espoir se limite à ce que deux ou trois gueux soient un de ces soirs invités à la cours avec la complicité des laquais. Bientôt sur le plateau de "Ce soir ou jamais" pour faire la preuve en direct de leur plastique et de leur indomptable gentillesse.
écrit le < 07'06'08 > par < adrien.lecuru a5i gmail.com >
Enfin un cinéaste, et pas des moindres, pour monter au créneau et défendre SANS APPEL ce film impressionnant, tout simplement beau. Que les interpètes interprètent, si cela peut continuer à les empêcher de VOIR. Car c’est bien l’enjeu, si tant est qu’ici reste une idée de l’art, montrer et voir, enfin.
écrit le < 07'06'08 >
"Tout simplement beau"... comme un plongeon de Riefenstahl ou une fraternisation de Karmen ? Chris, réveillez-vous, non de non ! Est-ce que vous pouvez vous aussi finir par donner dans cet autisme critique sans plus vous expliquer ? Le monolithe noir, c’est tout ce dont vous vous souvenez maintenant ?
écrit le < 07'06'08 > par < jn Qi5 hyperbate.com >
Merci Chris Marker ! Enfin une prise de position "noble" (au sens où l’analyse cinématographique ou sociologique du MRAP ne m’intéresse pas plus que celle du FN) pour ce film. Déjà, c’est du cinéma, oui. Ensuite, le film fait réagir. Il mèle sans explication une certaine réalité (les cités glauques du début, c’est Montfermeil et Clichy sous Bois, ça existe), des fantasmes médiatiques et puis quelques références cinématographiques (Warriors, des westerns, Orange mécanique,...). Mais voilà, le public est perdu sans son guide : il faut voter quoi, dire quoi, penser quoi, est-ce que c’est de gauche, est-ce que c’est de droite, à l’aide ! Eh ben non, aucune aide, débrouillez-vous, réfléchissez, revoyez. Honte au Mrap pour sa stupidité crasse. Mon modeste billet sur le sujet : http://www.hyperbate.com/dernier/ ?p=178
écrit le < 07'06'08 > par < jn 5F4 hyperbate.com >
Moi aussi j’aimerais que le lien soit cliquable, sinon personne n’ira : Justice Aveugle (Le dernier blog)
écrit le < 01'03'10 > par < claro7 6i3 hotmail.fr >

Poésie visuelle et sonore. Si le clip semble être gratuit et dérangeant dans la démonstration de sa violence et de l’absurdité bestiale d’une jeunesse "sans foi ni loi", il est le reflet d’une vérité qu’on ne peut nier, d’un problème de société dont on a du mal à entrevoir des solutions pour y remédier ... je pense pas que l’intention se veut être raciste ni même gratuite ... Il est porteur d’un message et montre ce qu’on ne veut pas voir. Raciste ? pourquoi ? Car on met en scène des jeunes issus de l’immigration... ??! et qu’on a l’impression qu’on nous montre un reportage d’actualité malsaint ??..., alors on nous ferait l’apologie du vandalisme, de la violence et de l’agression ?? Je pense au film Jonnhy Mad Dog... et de même je comprends ce clip comme un témoignage d’une réalité malheureuse. Bien sur j’ai mal au coeur de reconnaître cette réalité. Doublement sensible à une telle démonstration : Maman et issue de l’immigration, je sais aussi qu’il n’y a pas de réactions sans causes. Pour Jonnhy Mad Dog qui est un long métrage l’espoir incarnée entre autre par "la fillette " fait contre point aux actes guerriers des "enfants soldats" comme pour dans la "Cité de Dieu" où l’on a à la fois le point de vue "des méchants" et "des gentils". Ici on s’est mis juste d’un seul coté sans contre point, ce qui en fait la force.

Cependant pour moi le danger de ce clip est qu’il circule librement sur le net sans interprétation... Pourquoi un clip ? S’est trop dangereux !! je ne suis pas "pour" cette technique de comm qui se veut créer du buzz sur le net par provocation. C’est pourquoi le fait que l’on soit pour ou contre la légitimité de ce clip est l’effet espéré par le réalisateur... On réagit ça s’est sur. Car oui dans ce cas ça laisse libre d’interprétation à chacun : pour ce genre de sujet une telle comm est pour moi dangereuse ! et peut devenir une arme raciste. Mais pour ce genre de sujet, aujourd’hui je pense que l’auteur se doit de se positionner explicitement. Expliciter son parti-pris (pas dans l’oeuvre mais dans une note d’intention) afin justement qu’elle ne fasse pas l’apologie et la publicité de la révolte, si tel est bien sur l’ intention réelle du réalisateur.

J’en profite pour remercier Chris marker et je citerais une phrase d’un mail que j’ai reçu aujourd’hui, d’une connaissance à moi à qui j’ai conseillé de voir vos films : " ... J’ai été profondément bouleversé par la liberté de ce grand réalisateur, chaque film que j’ai vu m’a fait un bien fou."

écrit le < 07'06'08 > par < lionel 2Ku empreintesdigitales.be >
Honteux de la part de Chris Marker, qui montre ainsi sa méconnaissance des "clips", et pour qui le mot "poeme" n’a peut être plus de sens. À le suivre, je propose de faire un poème sur les femmes battues, sur les crimes, sur les viols, sur la famine, etc. Ils seront tous noirs, violents, sans concessions, mais sans doute magnifiquement "écrits", et ils feront frémir, provoqueront et iront devant les tribunaux. Et on citera Orson Welles et Kubrick pour montrer la grandeur de l’art cinématographique qui ose se lancer dans "un paysage audiovisuel où la violence est partout présente". Faisons comme tout le monde : du sexe, de la violence. Oui, allons-y ! C’est ça la poésie !
écrit le < 07'06'08 > par < jn WDR hyperbate.com >
Je doute que Chris Marker ait quelque chose contre les clips, ainsi qu’il le laisse entendre, c’est le mot qui l’énerve.
écrit le < 07'06'08 > par < zraspoutnik ofB yahoo.fr >

Retournez au source du sujet : The au harem d’Archimede (tourné en 1985 par Mehdi Charef)

ça c’est pas du commercial !!!

écrit le < 07'06'08 > par < annick.rivoire opc poptronics.fr >

Pourquoi s’offusquer que des créateurs se démerdent mieux que d’autres avec le système, la société du spectacle et ce genre de process qui gouvernent aujourd’hui la culture (et sa consommation) ?

Ou plutôt, il est impossible de nier l’attitude agressive commercialement et l’entrisme de ces jeunes gens beaucoup plus mödernes que ceux qu’on encense en ce moment via l’exposition d’agnès b. Mais leur reprocher de trouver les moyens de vivre de leur création (que ce soit via le marketing, les t-shirts ou la vente de CD, qu’est-ce que ça peut bien faire ?) et même discréditer leur création parce qu’ils seraient malins en marketing, c’est comme si on avait enterré Yves Saint Laurent en lui refusant le statut d’artiste... Irrecevable. Le temps où les artistes pouvaient vivre en dehors du système économique est révolu.

écrit le < 07'06'08 > par < jjbirge a5u drame.org >

Sur http://www.dvdcritiques.com/critiques/dvd_visu.aspx ?dvd=737 j’ai retrouvé le manifeste de Kourtrajmé qui devait être sur leur dvd :

1. Je jure de ne pas écrire un scénario digne de ce nom.

2. Je jure de ne pas justifier la gratuité de mes scènes gratuites : violence, sexe, drogue, racisme et animaux.

3. je jure que Jojo le Gorille apparaîtra dans chacune des productions Kourtrajmé.

4. Je jure de ne pas donner un sens à mes films mais de faire des films pour les sens.

5. Je jure que chaque composition artistique (réalisation, musique, jeux d’acteur…) doit être dominé par mon instinct et non par ma raison.

Qu’en pensez-vous, cher Chris Marker ?

Si l’instinct, et non la raison, guide les choix de Gavras, c’est encore pire...


Chère Annick,

à part ça, il n’y a jamais de honte à gagner sa vie, certes ! Il y a tout de même une marge entre gagner sa vie pour "les ptits gars" des quartiers et la jeunesse dorée qui en fait ses choux gras. Le fric n’est pas un but en soi ou alors quel modèle proposons-nous là à nos enfants ? On n’est pas obligés d’accepter les règles de cette société de consommation et du spectacle. On peut se révolter au lieu de la flatter dans le sens du poil. Žižek rappelle que si tout le monde envisage la fin du monde, il semble difficile d’imaginer celle du capitalisme. Etrange, non ?

On savait le marketing insupportable lorsqu’il prétend penser à la place du public, le clip donne une petite idée de ce dont il accouche lorsqu’il devient la finalité. Faire parler de soi à tout prix, cela n’a rien de moderne, ni d’enviable. Nous avons même un président dont c’est la spécialité. Et puis, non, la fin ne justifie pas tous les moyens !

Détail : YSL n’est pas résumable à une "success story", il a, par exemple, changé les mœurs en participant, par son travail, à la libération des femmes... À regarder de près le film incriminé je vois mal la comparaison. Je sais que le féminisme est devenu quelque chose de ringard pour certains ou certaines, je ne m’y ferai jamais. Je refuse tout cynisme et tout défaitisme devant l’arrogance des machos qui roulent des mécaniques et prennent le risque de produire un modèle.

Rappelons enfin que l’opération commerciale se fait sur le dos des laissés pour compte par une bande de fils de riches et célèbres (Costa-Gavras, Kiki Picasso...) qui n’assument pas leur geste (voir entretien vidéo sur http://www.justice-legroupe.fr/accueil par le bloggeur Fred Musa). Il ne semble pas que ce soient de bons sentiments qui les aient guidés...

Sous l’excellent prétexte d’attaquer la censure, on en arrive à cautionner une provocation gratuite qui ne contrôle ni ses motivations, ni ses effets.

Que faut-il ajouter pour ébranler tes convictions ?

C’est un mauvais combat. Il y a d’autres causes à défendre autrement plus graves que les "p’tits gars de Justice et Romain Gavras".

écrit le < 07'06'08 > par < jn LW2 hyperbate.com >

JJB : Romain Gavras est le fils de Costa Gavras mais Kiki Picasso n’a rien en commun avec Pablo. Par ailleurs, devrait-on interdire tout emploi autre qu’ouvrier spécialisé aux enfants de célébrités ? Ou devrait-on les noyer à la naissance afin de les empêcher de devenir artistes à leur tour ? Je trouve toujours étrange de reprocher leurs origines aux créateurs : la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a.

Il me semble erroné de ne voir que le "choc" dans ces images, alors que de nombreux indices nous mettent sur la voie d’un message bien plus complexe. La critique des médias, évidente à la fin quand le caméraman se fait apostropher (ça te fait kiffer de filmer ça ?) cogner dessus et que son perchman prend feu, se retrouve justifiée par les réactions de nombreuses personnes qui votent à gauche du bon côté du périphérique et qui sont intimement convaincus que la vision que TF1 présente de la banlieue recouvre la réalité : ils en sont bien tristes, affligés, ils envoient un chèque à je ne sais quelle oeuvre et manifestent vertueusement contre Le Pen, mais au fond ils ont intégré la vision de Jean-Pierre Pernaud, ils ne la remettent plus en question. Or il ne s’agit que du spectacle médiatique des cités, pas des cités elles-mêmes, et Romain Gavras le sait parfaitement. Quand il accueille les visiteurs de son mySpace avec "quand on arrive en ville" (Balavoine), il parle aussi de cette parade de cirque qu’un certain monde réclame à un autre.

écrit le < 08'06'08 > par < jjbirge SiG drame.org >
Le texte de Chris Marker aura au moins permis de constater le trouble des uns et des autres devant le film de jeunes gens sur d’autres (plus) jeunes. Nous sommes loin de faire l’unanimité sur notre manière de comprendre les intentions des auteurs. L’ambiguïté entretenue permet à l’opération "avérée" marketing d’atteindre son but. Pour autant, il me semble que personne ici n’accepte l’état des choses qui pousserait une bande à se comporter ainsi. La critique sociale s’exprime dans les quartiers pendant que nous l’évoquons. Les groupes de rap comme La Rumeur sont confrontés à des attaques autrement plus graves. Les pop-stars ont réussi leur coup de pub, les "p’tits gars des banlieues" en ont rien à battre. Et nous, on ira sur d’autres fronts, franchement plus sérieux que ces provocations somme toute plus potaches qu’autre chose.
écrit le < 08'06'08 > par < jn SNn hyperbate.com >
Personne n’accepte un certain état de fait sociologique, mais existe-t-il réellement ? Le fait est que j’habite à quelques centaines de mètres d’une des plus grosses cités de la région parisienne, le Val d’Argenteuil, où monsieur Carla Bruni s’était fait chahuter il y a trois ans. Or pour moi, le Argenteuil de Sarkozy, celui de TF1 et sans doute aussi celui de Ségolène Royal n’existe pas, c’est une construction médiatique. Je pense que c’est ce que le clip de Romain Gavras dénonce avant tout (le cameraman et le perchman sont deux des héros du clip). Comme toute dénonciation, elle ne vaut que si elle est bien comprise, alors peut-être eut-il fallu alourdir. Ou alors c’est que le propos est plus fin et donc forcément plus ambigü (ce qui se justifierait par le fait que cette réalité n’est pas que médiatique, Montfermeil et Clichy-sous-bois existent bien), c’est l’hypothèse que je retiens. Je trouve dommage que le débat médiatique suscité par le clip au début de sa diffusion ait plus porté sur la censure (a-t-on le droit de parler de tout... peut-on tout montrer... l’artiste est-il responsable... pfff... On n’est plus en 1ere année de philo au lycée, si ?) que sur les questions sociales et médiatiques qui le justifient. Une fois de plus on détourne le regard et on n’en parle plus. Il y a surement des réponses plus intéressantes à faire (L’Esquive, d’Abdelatif Kechiche, démontrait par exemple formidablement les violences qui naissent de l’appauvrissement du langage, et dans un genre plus ado, "La Haine" était plutôt réussi - je n’ai pas vu "Ma 6T va Cracker" par contre), mais j’ai trouvé particulièrement bienvenu l’absence de commentaire et de jugement facile (les responsabilités pointées du doigt,...) car quand on a jugé, quand on croit qu’on a compris, on se sent bien souvent dispensé d’avoir à résoudre un problème.
écrit le < 09'06'08 >

Romain Gavras sur son MySpace offre "Quand on arrive en ville" comme pièce musicale à écouter. Ahmed Meguini a repris visuellement ce que Gavras propose, les propos, à 30 ans de distance, sont les mêmes, diffère ici la manière de les visualiser. Il ne faut donc pas faire l’autruche comme spectateur ! C’est à voir ici :

http://www.youtube.com/watch ?v=sEP8mPGW-0w

Cependant, la médiatisation de la violence est un phénomène grave aux effets grandissants et néfastes dans l’inconscient collectif d’une population (Parisienne ou autre). Proposer une telle œuvre, aujourd’hui, comme ça, demande également aux créateurs de ne pas faire les autruches. Quand on a été un jour violenté par un groupe de jeunes comme ça dans le métro, ce clip (et une très mauvaise pièce musicale en passant !) vous donne le goût de fermer le téléviseur... Youtube... DailyMotion... Libé... et autres Canal.

écrit le < 10'06'08 > par < alibenlotfi g58 hotmail.com >
Ne pensez-vous pas que quelque soit le "talent" de ce réalisateur, le vrai problème est que son film sert de support à la musique de ces imbéciles de JUSTICE !? ... Je reconnais aussi le "talent" de ce groupe ... mais les avez-vous déjà entendu parlé de leurs travaille !!! ... mamamia.. ils sont bêêêêtes ... Conclusion .. quelque soit ta pertinence, ta "poésie noir", ton talent..(ton nom) ..... dis moi donc, qui servent-ils ???
écrit le < 10'06'08 >

Les intellectuels sont plus enclins au totalitarisme que l’homme de la rue. Ce n’est pas moi qui l’invente, c’est une thèse de George Orwell. Le petit Gavras prouve par ce film qu’il a une sensibilité de grand artiste moderne : transgresser signifie d’abord contester les valeurs étriquées des gens simples (ces gueux qui prennent le métro et conduisent des BX).

S’il s’agit de second degré, l’effet est raté car la distance nécessaire à la critique n’est pas là. On ne peut pas à la fois cartonner dans les charts et se prendre pour Pasolini.

écrit le < 10'06'08 > par < fita5 ifE gmail.com >
je suis bien d’accord qu’on ne doit pas supposer de l’intention d’un auteur sur son oeuvre... mais justement, je n’ai pas trouvé un seul texte de celui ci pour expliquer sa demarche ... et il me semble que cette vidéo, non assortie d’explications, court le risque de servir les propos des pires racistes ... je l’ai d’ailleurs déjà trouvé sur un site bien facho comme il faut ... ou il permettait les pires discours sur les quartiers populaires et leurs habitants ... était-ce bien l’intention de l’auteur de servir le discours de ces personnes la ?? je ne pense pas, en tout cas je ne l’espere pas ! pour moi une grosse boulette de kourtrajme ... et je ne vois plus l’interet d’encenser la forme quand le fond est aussi problématique ....si la pomme est bien rouge mais pourrie a l’interieur, on ne vas pas la trouver bonne non ? quand bien meme elle n’avait pas l’intention au départ , d’avoir mauvais gout ...
écrit le < 10'06'08 > par < oderousseau fai nordnet.fr >
Ici, c’est à Monsieur Marker qu’il faut répondre, point par point et sérieusement tant son coup de gueule est d’une part paresseux et puis un peu trop imprécis. En espérant qu’il voudra bien en prendre connaissance. Je viens de regarder le court métrage en question sur un écran sous dimensionné entouré des réclames habituelles et l’ensemble il faut le dire est assez cohérant et convainquant : cassage de gueules en règle - pub en bas de l’écran - tentative de viol, les escaliers de Montmartre qui évoquent l’époque bénie du grand cinéma d’avant garde soviétique - une peu de jaune en haut de l’écran - une bande d’adolescents surprotéïnés plutôt beaux gosses, habillés comme par Agnès B, filmés en caméra subjective (stupéfaite et souple ), à la manière d’un Leacock ou d’un Chris M. Une musique opportune et tout à fait roublarde - femme de chambre méprisée - entrecoupée de sons directs suffisamment putassiers pour fabriquer un effet de réalisme (de réel ?) excitant. T’en veux encore ! prends déjà ça mon cochon ! On y croirait. Au poème. Qui empreinte plus à la réthorique Pompier qu’au Romantisme Noir ou Négatif, aurait pû dire Adorno. Parce qu’ici, il s’agit plus d’une besogne réthorique mise en image : un coup... qu’une tentative réelle d’y voir. Que le cinéma soit une affaire de jouïssance, nous sommes d’accord : c’est beau une voiture en feu, comme c’est bon de péter le nez au filmeur (sale petit flic en devenir), le tout syncopé de jump cut et soutenu d’une bande son fabriqué par Justice. Des anges terribles et sauvages font main basse sur la ville, avec la lucidité d’une bande armée par l’avant garde arty européenne. "Que le fascisme revienne et la bourgeoisie meurt suppliciée par sa propre main" ; serait-ce cette jouissance là que votre tristesse appelle lorsque vous écrivez Poème noir ou images que nous ne voulons pas voir ? Que Romain Gavras soit un auteur, quelle importance et pourquoi cet appel étonnant à un vocabulaire ayant perdu la guerre. Un auteur écrit que je sache et le cinéma n’a jamais fait acte d’écriture, c’est un enfant trop vieux désormais. Même Tarkovski n’a jamais écrit (en cinéma) ; Nostalghia dont nous pourrions dire qu’il est écrit, est d’ailleurs son film le plus mauvais et le plus méchant. Et puis cette façon de défendre "la famille", est trop parcellaire ; ou alors il faudrait en dire un peu plus : sur l’amitié et le cinéma. Un peu plus du côté de Godard pour l’examen clinique (du cinéma) et de Serge Daney pour l’examen critique. Que cette civilisation soit d’une violence endémique inouïe quand à la fabrication quotidienne de son imaginaire, c’est entendu ; mais de là à défendre un auteur de scopitone au nom de la liberté d’expression (nous sommes tous libres de nous exprimer ; l’impression c’est une autre affaire), liberté liée à des choses que nous ne voudrions pas voir ; auteur ayant écrit un court métrage (c’est entendu) assez médiocre, poussant le bouchon un peu plus loin que le tout venant actuel (Maurras, Drieu, Céline aussi poussaient le bouchon) ; cela est quand même étonnant. Et Triste. Je vous invite à relire "Le travelling de Kapo" et puis à revoir le film. Quand à la fable chinoise : sachez que celui qui pointe la lune et regarde son doigt n’est pas forcément un imbécile : voyez cette Caillera figurée, invitée à jouer au plus malin... Quand au MRAP, vous avez raison bien sûr, mais, me semble-t-il, il fait ce qu’il a toujours fait, ni plus ni moins. Quand au cinéma, Romain Gavras s’en fout ; tout comme Kassovitz et la plupart "des auteurs" estampillés Cinéma Français. Dans auteur il y a longtemps, avant ma naissance, il y avait politique. La période est beaucoup plus étouffante que vous ne pouvez l’imaginer et une situation émeutière n’a rien à voir avec ce ballet aveuglant, stupide, machiste et érotisé. La semaine passée, à Montreuil, une quarantaine de camarades se sont fait maravés sauvagement, par la police, pour avoir protesté contre l’arrestation d’un migrant sans papiers ; le cinéma était absent et Justice aussi. Et comme le montrait Jean Luc Godard, entre le porno, la guerre et la guerre civile, il n’y a plus qu’à changer de boucherie. An the rest is silence. bien cordialement olivier d.
écrit le < 11'06'08 >
MR MARKER, UNE RÉACTION A CETTE AVALANCHE DE RÉACTIONS ? MERCI.
écrit le < 12'06'08 > par < chris >

Never explain, never complain.

C.M.

écrit le < 16'06'08 > par < loparlo W3S parole.net >
Monsieur Olivier D., tout ça est très bien écrit. Je pense que vous avez tort, mais c’est bien dit, lyrique comme tout, renseigné, réfléchi. Je pense pour ma part que le principe de Kourtrajmé - filmer d’instinct, ne pas chercher à véhiculer un message - est une vraie expérience de cinéma. Nous apprécierons les succès et les limites de l’expérience ultérieurement, avec le recul.
écrit le < 17'06'08 > par < thierryniglo UPE poppa.fr >
Le groupe NTM (nique ta mère) a fait il y a vingt ans un clip dans lequel la caméra était tabassée par ses deux chanteurs. Un présentateur de télé était aussi tabassé, car il osait s’occuper de rap sans être "authentique". Aujourd’hui, les mêmes trouvent le clip de Justice révoltant. Quelle est la différence ? La différence c’est que la violence du clip de Romain Gavras est une violence aveugle et sans but, injustifiable, effrayante. Celle du clip de NTM était en revanche une violence "juste", servie par une cause noble (qui aurait aussi bien pu être le football, la religion ou la patrie, ou les trois à la fois). Mettez-vous à leur place : une fois envolée toute illusion d’être du bon côté, qu’est-ce qu’il reste ?
écrit le < 17'06'08 > par < oderousseau NVf nornet.fr >

A tord ou à raison. Bien écrit, peut-être mais plein de fautes d’aurthographes et de grammaires tout compte fait – souvenir d’une école vécue dans l’indifférence. Qu’il existe des collectifs qui entendent donner des formes à des problèmes plus grand qu’eux ; le monde - le cinéma, c’est tant mieux. Qu’une frange de la population soit devenue rebelle sans cause, c’est exact. Vouloir rompre avec l’éthique de la bonne distance en cinéma, manière qui a finit par donner des discours et des films aussi stupides et malhonnêtes que les derniers opus de Raymond Depardon ou de Jean Louis Comolli ou de Nicolas Phillibert (pour ne citer que des vedettes) et tenter de travailler la présence réelle à quelque chose comme Georges Rouquier ou Wang Bin ("A l’ouest des rails") ou Prin et Habchi ( "Les jardiniers de la rue des martyrs"), oui. Mais Filmer d’instinct, cela n’existe pas, nous sommes presque dépourvus d’instincts. On pourrait même dire que les civilisations s’inventent en partie depuis cette absence (de l’acte d’écriture jusqu’à l’art de la course ou du cassage de gueule - pensées en actes ou en actions). Les pratiques instinctuelles s’énoncent toujours sur un fond d’ignorance. Ce qui travaille peut-être, c’est la mémoire et l’inoubliable ; c’est à dire ce qui est toujours déjà là mais en tant qu’oublié. Le cinéma aura sans doute réussi à effacer et remplacer ce qui est ancien : grandeur et immense bêtise. À voir. Ainsi lorsque nous rêvons, depuis Freud et Bergson, c’est encore du cinéma. Le plus difficile, c’est de montrer que la caméra fait partie du paysage. Avec le moins d’hystérie possible. Je regardais hier encore « L’enfance nue » du regretté Maurice Pialat et lorsque que la présence du cinéma peut aller aussi loin que de monter la tristesse d’orphelins et d’adultes allant au rendez vous de l’existence et cela dans un compartiment lancé à pleine vitesse, je sais depuis là où je suis cueilli, qu’il ne s’agit ni d’instinct ni de messages véhiculés, mais de patiente, d’attachement et de gentillesse impitoyable. Et là je peux prendre parti parce que je suis de la partie ; nous sommes au coeur de quelque chose de capital et on ne perçoit plus ni le style ni l’angle ni l’auteur parce que le cinéma est là, impitoyable et fraternel. Dites m’en un peu plus au demeurant. Avoir tort, cela ne suffit pas. Cordialement, olivier.

* « Avant d’être beau, cependant, affirmons le avec simplicité, le cinéma, d’abord, est bête. Prenons ce gros mot vague dans une acception limitée. Le cinéma est né bête parce qu’il est né puissant. C’est sa malédiction originelle à lui. Il est bête comme le Pouvoir. C’est à dire bête deux fois : l’une comme puissance, l’autre comme servitude, dans l’obéissance à la « seule force des choses ». Ses innombrables produits, qui lui ont assuré la domination des espaces imaginaires de l’humanité depuis plus d’un demi-siècle, ses œuvres voire ses chefs-d’œuvre, portent tous à des degrés divers la marque de cette brutalité primaire qui le caractérise dès l’origine. Sa naissance ne fut nullement celle d’un art. (…) Sa seule vérité sûre, modeste, il est vrai, mais acquise d’emblée, s’il s’y était tenu, eût fait de lui un moyen d’enregistrement privilégié de documents (des sciences de la vie, et surtout de l’histoire immédiate : actualités). ». Dyonis Mascolo.

écrit le < 21'06'08 > par < sophiejeannenot Yeb wanadoo.fr >
Après lecture d’un bon nombre de commentaires, je suis pas sûre que les singes aient tellement évolués. Bon. J’ai regardé le film, au 1er degré on me montre une équipe de tournage (ciné, télé, JT ?... on ne sait pas) qui filme une bande de gars dans leur quotidien mis en scène pour l’occasion (et là c’est ultra-violent). Ca me semble moins compliqué à comprendre qu’un parallélépipède. Faudrait peut-être se réveiller, non ? Et quand quelqu’un comme Chris Marker (qui a je crois beaucoup plus d’expérience que nous tous qui tapotons gentiment derrière nos écrans d’ordinateurs) prend la peine de commenter tout ce fracas, il faut peut-être réfléchir un tout petit peu à ce qu’il nous dit avant de s’emporter dans des "mais monsieur Marker, malgré tout le respect qu’on vous doit, vous avez sans doute perdu votre sens artistique et critique, ça doit être l’âge, comment ? "Stress" un poème ?!". Bon. Moi je trouve ça violent pour le coup. Mais tout n’est pas perdu, ouf dans tout ça, il y en a qui ont compris le film et le commentaire de Chris Marker (même s’ils ne sont pas nombreux)... merci à ceux là. Et merci à Chris Marker évidemment.
écrit le < 24'06'08 >
Parodie du clip de Justice. Enfin un peu d’humour. http://www.dailymotion.com/video/x5vphk_justesse-no-stress-parodie-du-clip_fun
écrit le < 27'06'08 > par < aneddam ymu orange.fr >

Comme Oliviero Toscani provoquait à coup d’images choc la promotion") des pull-overs Benetton (par voie de scandale de presse et de pseudo "sujets de société" : le sida, les boat people, etc...rappelez-vous les affiches 4x3 de Benneton), Romain Gavras répond, avec beaucoup de savoir-faire, à la commande promotionnelle d’une mutinationale de l’édition discographique.

L’éditeur musical de Justice paie sans problème pour avoir un petit scandale de presse sur la violence de ce clip. Parce que ce n’est pas quand même pas Romain Gavras, ses amis de Kourtrajmé, ni les musiciens du groupe Justice qui l’ont payé, pour réaliser ce film, non ? Mais comme Toscani, c’est un artiste, et on se méprend forcément sur ses intentions, qui sont évidemment irréprochables....

écrit le < 25'08'08 > par < archiblade a85 gmail.com >
Mon Dieu, vous qui nous prenez de haut, suivez nos pas, regardez par derrière, se dérobant devant, nous laissant fuir au loin entre cris déchantés et rires féroces, nous, ignorant le passé, critiquant le présent et occultant l’avenir, je vous prie de pardonner les critiques aux prophètes, car elles ne savent pas ce qu’elles révèlent de la vacuité des sens et de l’embroglio du raisonnement de scribes dénués de poésie. Amen
écrit le < 07'10'08 > par < info Lae poptronics.fr >

Les gars de Kourtrajmé viennent de sortir un nouveau docu-dvd, Go Fast Connexion, un vrai-faux reportage (ça commence à sentir le réchauffé...) avec Charles Villeneuve en complice qui en rajoute...

Le film de Gavras avait cette qualité immense de mettre mal à l’aise, de retourner l’audience comme on a pu le voir dans les réactions passionnées des anti et pro-Justice et des anti et pro-Gavras. Et là, c’est malheureusement beaucoup moins subtil. Mais on vous laisse en juger :

Go Fast Connexion, by Kourtrajmé