Territoires invisibles, festival Art Outsiders , du 12 au 30/09,
Maison européenne de la photographie, 5 - 7 rue de Fourcy, Paris 4ème, tous les jours sauf lundi-mardi de 11 à 20 h, entrée : de 3 à 6 €, gratuit tous les mercredi de 17 à 20 h.
"Powers of Ten" (1977) Charles & Ray Eames © Eames Office LLC www.eamesoffice.com
< 13'09'07 >
Art Outsiders 2007, l’art des limites... parfois limite
Premier des festivals nouveaux médias de l’automne à ouvrir le bal en France, Art Outsiders porte bien son nom, cette année plus que jamais : hébergée par la Maison européenne de la photographie, cette manifestation lancée en 2000 par Henri Chapier (qui a du flair, mais pas forcément toujours le bon goût qui va avec) et Jean-Luc Soret, est l’une des plus agaçantes qu’il soit donné d’observer, à la fois artistique et néanmoins toujours un peu « out ». On y trouve d’incroyables installations, des archives rares et des découvertes fondamentales... à l’échelle française ; ailleurs ce sont des évidences, comme cette année le plus que classique « Powers of Ten » (puissance de dix) des designers Charles et Ray Eames : un zoom arrière depuis un pique-nique à Chicago jusqu’à l’espace intersidéral, qui date de 1977 et se pose en objet prémonitoire des images satellites et autres Google earth contemporains. Les thèmes choisis le sont avec une grande acuité, qui les sort de la sphère-ghetto « net-art » pour aller joyeusement côtoyer d’autres territoires avant-gardistes, comme le « space-art » (l’art spatial, avec sa cohorte de chorégraphes en apesanteur et d’artistes travaillant en collaboration avec les spationautes…), le « bio-art » (manipulations du vivant et autres cultures de tissus en sont la matière), ou, cette année, les « territoires invisibles ». Cette « Nouvelle frontière » digitale, celle des nanotechnologies et de l’infiniment petit, est aussi porteuse de fantasmes que le cyberespace il y a vingt ans. Pour cette huitième édition, la Maison européenne de la photo ouvre plus grand ses portes au festival Art Outsiders, cessant de confiner l’exposition au sous-sol pour investir (presque) tous les espaces. Et présenter, donc, des pièces de référence, des vidéos de performances et même des créations réussies, à l’instar de « Microgrammes » de Thierry Coduys (qui a fermé avant l’été sa petite entreprise-labo sonore la Kitchen). Autour de l’œuvre indéchiffrable de l’écrivain Robert Walser, cette installation poétique et simplissime d’accès révèle littéralement les poèmes de Walser. La paume de la main réfléchit une danse de lettres qui s’y réfugie, faisant apparaître et grossir le texte de cet auteur suisse qui aimait écrire aux limites du lisible. Bref, l’amateur d’installations interactives, de « nouvelles » images, devrait logiquement se réjouir de ce qu’il y trouve, des pièces encore trop rarement montrées en France. On pense notamment à Nano-Scape (2002), de Christa Sommerer et Laurent Mignonneau (deux « stars » internationales des installations scientifico-artistiques), qui permet de se glisser dans la peau d’un atome qui lutte, qui butte contre d’autres particules, constituant une sculpture invisible à l’œil nu et que seul un autre sens, le toucher, donne à voir. Il devrait également être ravi de voir l’affluence des grands jours au soir du vernissage (mardi 11 septembre), télé, radio et presse pour une fois très présents. Et pourtant, il y a une part de découragement à voir un étage entier de l’exposition occupé par une proposition d’un autre âge, qui, sous ses oripeaux scientifiques, est de toute façon déjà dépassée dans sa pseudo-modernité. Les « Femmes transparentes », création d’un radiologue-plasticien (sic), Rodolphe von Gombergh, ne se prête même pas à la critique, tant l’esthétique et le propos sont à côté de la plaque (« une technique d’imagerie médicale révolutionnaire », dixit le dossier de presse, « pour obtenir des représentations de la femme aussi poétiques que surréalistes »). L’homme avait exposé à Beaubourg ses premières échographies en couleur, qui restaient dans le pur domaine de l’innovation scientifique. Soit. Il se pique ici de vision artistique. Exemple : un cerveau évidé laisse apparaître en son cœur et en relief l’équivalent d’un petit pois - faut-il y voir littéralement le petits pois qu’ont toutes les femmes à la place du cerveau ? Inquiétant, ce premier étage consacré à ces images hologrammées laisse penser qu’on n’a toujours rien compris à l’art jouant avec les sciences (technologies réseau, biotechs et autres nanotechnos), depuis maintenant plus de vingt ans que les arts dits technologiques existent : comme si la fascination pour l’instrument, l’outil ou le dispositif, sans supplément d’âme apporté par l’artiste (certains l’appellent grain de folie, d’autres lucidité aiguisée…), n’avait pas déjà prouvé toute sa nullité artistique… L’affreuse disproportion entre la surface d’exposition des croûtes numériques et des œuvres les plus intelligentes étant ici posée, à vous de voir…
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