Les sinusoïdes électroniques de Autechre en live au Rex ce soir (complet). © DR
< 19'03'08 >
Autechre, le duo qui atomise les beats
La musique d’Autechre, ce soir au Rex pour un live archi-complet, est comme ce visage de Diderot qu’un peintre ne parvenait pas à portraiturer, tant le philosophe « aux mille visages » ne cessait de bouger. Difficile à capter, donc classée « Intelligent Dance Music », une musique de machines détournées pour élaborer des structures totalement sinusoïdales et insaisissables, parfois épurées jusqu’à la trame et qui offrent une autre voie au sempiternel diptyque Eno/Aphex Twin. Avec leur nouvel et neuvième album, « Quaristice », le duo natif de Rochdale en Grande-Bretagne, soumet une synthèse idéale de son approche « recherche et développement », ménageant en permanence le chaos et l’apaisement, les clics métalliques et le silence. Fin des années 80, en pleine vague breakbeat et pré-acid, Rob Brown et Sean Booth se rencontrent grâce à leur passion commune pour l’Amérique de Mantronix, Egyptian Lover ou des premiers maxis de Depeche Mode. Ils bâtissent leurs premiers morceaux, (dé)composés à l’aide d’un sampler Casio et d’une boîte à rythmes Roland. Leurs premiers travaux seront compilés quelques années plus tard par Warp Records, leur label de toujours et maison-mère des musiques électroniques tendance « atomisation du beat », sous l’intitulé « Incunabula », chant de la machine touchant comme une techno brisée de larmes. Brown explique l’importance fondamentale dans le processus de composition de ce filtre opéré par la mémoire et l’épuisement des logiciels les plus sophistiqués qu’il aime associer à d’antédiluviennes machines. Sous le chaos apparent de la musique d’Autechre et son ultra haute-technologie, parsemée d’éclairs mélodiques vite mitraillés, se cache une immense nostalgie, qu’on retrouve chez Boards Of Canada (en plus sépia, disons, Autechre se réservant le bleu métal…). Les neufs albums du duo (et les nombreux EP et projets annexes, dont Gescom) tissent les jalons d’une « techno mentale ». Mais les associer à la musique contemporaine tendance GRM serait hâtif : le backgound d’Autechre (du chef-d’œuvre « Tri Repetae » au violent « Confield » ou l’épuré « Intilted »), c’est la techno-soul, la pulsation drum’n’bass sapée de l’intérieur. Leur musique vient paradoxalement du club, et c’est en configuration live qu’elle s’incarne. Le duo, souvent plongé dans l’obscurité, est concentré sur ses triturations défiant le rythme et le temps (à l’image de sa page Myspace totalement flinguée !). Autechre - « Eutow » (clip - officieux - réalisé par Hirnduebel) : L’empreinte d’Autechre est si forte aujourd’hui qu’on leur trouve paradoxalement peu de descendants : il y a bien la ligne du label Mille Plateaux, les furieux et très thrill’n’bass Venetian Snares (tournée française fin avril), Portradium, dont KTL est le bruyant pendant électronique. On retrouve aussi un peu de cet esprit dans la compilation de Solvent, « Demonstration Tape 1997-2007 » (Ghostly). Enfin, autre expérimentateur d’une techno ambiant minimaliste, Robert Henke, aka Monolake, qui présentera le 4/04 au Centre Pompidou « Atom ». En pop’cadeau, Autechre - « Rale » - extrait de « Quaristice » (2008) : (merci à Virginie chez Discograph)
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