Quatrième édition des Qwartz, prix des musiques nouvelles, du 3 au 5 avril à la Maison des métallos, 94 rue Jean-Pierre Timbaud, Paris 11e ; à la Bellevilloise, 19 rue Boyer, Paris 20e et au Cirque d’Hiver Bouglione, 110 rue Amelot, Paris 11e.
Scanner, président d’honneur des Qwartz 2008. © DR
< 03'04'08 >
L’électro mise en prix, à Qwartz ça rime ?

La quatrième édition des Qwartz débute ce soir, supposée rallier toutes les familles de la musique électronique, de la frange la plus expérimentale au très tendance GRM, sans oublier les productions dancefloor ou héritées de l’esprit « free ». Gros hic, ces autoproclamés « Electronic Music Awards » (bigre !) pâtissent d’un solide esprit de sérieux (« Life Achievement Award », « Présidence d’honneur » échue au pourtant farouche Scanner…). Les DJ platinés ont déjà leur cérémonie annuelle, les Victoires de la musique font bailler tout le monde, alors pourquoi diable céder à la cérémonie officielle, au risque d’une sérieuse confusion des genres ? Emettons juste l’hypothèse que ces musiques nouvelles et libres tiennent peut-être précisément à ne pas être remisées dans des catégories (expérimental, dancefloor et découverte) et à ne pas se lancer dans le jeu du tout à l’ego, ce qui revient tout de même à les faire rentrer dans le rang...

Son étrange aspect protocolaire mis à part, cette édition fait plutôt envie, qui commence ce soir par une soirée VIP (soupirs) à la Maison des Métallos avec un concert de Christian Fennesz et ses guitares laptopisées (Blixa Bargeld, forfait, est remplacé par les cliquetis indus de Mimetic). Demain, au Cirque d’Hiver, après avoir testé le Marché international des musiques nouvelles et des arts associés ( !), la cérémonie sera l’occasion d’écouter les recherches sonores de l’ex-Cabaret Voltaire Chris Watson et de retrouver Philip Jeck aux platines trafiquées (pour fêter les 25 ans du label Touch). Enfin le 5, filez à La Bellevilloise (seule soirée encore accessible), pour un focus sur le label Staubgold (une moitié de To Rococo Rot, Rafael Toral…).

Christian Fennesz au festival Lovebytes 2006 (Sheffield) :

benoît hické 

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< 9 > commentaires
écrit le < 09'04'08 >
Votre article date d’avant l’événement, c’est étrange. Mais le lendemain cela donne quoi ? Pour ma part je n’ai aucune réserve, c’est le seul événement de la sorte, mais je n’ai pas eu le temps de voir tous les stands ou de faire signer un coffret par Parmegiani . On peut dire que les organisateurs posent les bases d’un militantisme culturel solide. Apparemment ils sont toujours là malgré les rumeurs, les coups bas et le boycott de la presse parisienne. J’ai vu un article véritable dans un canard d’Alsace ! Leur passion fait la grande différence. Et merci aux politiques de soutenir cette initiative on y croyait plus. Vous savez quoi, le vice-président de la région ile de france qui est intervenu de manière exemplaire, est communiste. Alors et vous, vous y étiez pour répondre à vos interrogations ?
écrit le < 10'04'08 >

Cher lecteur. Je suis ravi que le sujet Qwartz fasse débat… il le mérite.

Pour tout vous avouer, il a déjà posé question au sein notre rédaction.

Je suis pour les Qwartz. A cette affirmation on peut aisément me reprocher partialité puisque j’étais personnellement nominé dans la catégorie « experimental » et finalement lauréat du Prix du Jury pour le Projet L-R, « I Could Never Make That Music Again ». J’en suis heureux. En vertu de ça, je ne pouvais déontologiquement écrire sur Qwartz dans les colonnes de Poptronics, mais je peux aujourd’hui apporter commentaire.

Je ne lis pas dans le papier de mon confrère Benoit Hické, un quelconque dénigrement des Qwartz. Il s’interroge, comme beaucoup sur l’utilité d’une telle cérémonie commémorative. Si remise en cause il y a, c’est bien plus sur la forme que le fond.

La forme, c’est ce spectacle un tantinet déroutant. Absent de la dernière commémoration, quoique j’y paraissais en différé via vidéo, je constate au travers de divers témoignages que le show, car c’est bien d’un show dont il s’agit, est imprécis, l’animateur gauche et en fin de compte le public lassé, qui s’absente aux dernières minutes de la cérémonie.

Le fond, c’est que Qwartz est une entreprise louable, militante et même salutaire. Elle accueille les labels indépendants, encourage le logiciel libre, offre visibilité à ce qui l’a peu. A l’écart des masses branchouilles et des hypes auto-gonflées, elle réhabilite une histoire forte des musique électronique autant qu’elle encourage les développements de celle-ci. A cela, il convient de dire merci.

— Jean-Philippe Renoult

écrit le < 14'04'08 >
Merci pour votre réponse claire. Votre déontologie est exemplaire, il serait intéressant pour la culture qu’elle redevienne une coutume. Bravo pour votre nomination, l’Adami est venue remettre le prix, mais combien était-ce nous n’avons pas entendu le montant, ou il ne l’a pas dit ou il n’y en a pas ? Par ailleurs, je suis partiellement en accord avec votre analyse de la cérémonie. Certes, pour le public elle est nécessaire, si cette dernière est diffusée. Mais de la reconnaissance ne fait de mal à personne, surtout pour servir de passerelle pour les initiatives connexes qui sont dans Qwartz évidentes. Le discours militant et passionné du fondateur lors de l’interview sur la radio de l’Ososphère dans la journée était sans équivoque. Quant au présentateur, il m’a surpris, dérouté, parfois même il m’a fait rire...est-ce le lieu le moment, est-ce que le fondateur aurait peut-être pu prendre un peu plus la parole. Nous, artistes, nous avons besoin de porte parole comme lui, dure, déterminé...mais je pense que cela ne plaît pas à tout le monde : cf une intervention politique qu’il a eu avec le Vice-Président de la Région Ile de France sur la scène même...nous aurons peut-être l’occasion de la voir sur un site communautaire car j’ai aperçu un de vos confrères de la Tribune filmer tout cela. Par ailleurs, ce qui peut nuire à cette louable initiative est aussi le positionnement de Qwartz en faveur des licences Creative Commons, mais je ne sais pas si c’est le lieu pour en parler. Bien cordialement
écrit le < 15'04'08 > par < ericperier xLh gmail.com >
Bonjour à vous C’est bien qu’une petite discussion s’engage sur ce sujet, qui mérite quelques mots. Il y aurait justement bien des choses à dire pour donner un peu plus d’ampleur à cet événement, pour que cette manifestation soit aussi l’occasion de découvrir certaines des possibilités créatives offertes par le média électronique : Des concerts, worKshop ou "in progress", à la manière des ces "dorKbots", passionnants rendez vous ou des artistes exposent l’état d’une recherche en cours, des performances à "valeur ajoutée technologique", des partenariats avec des laboratoires de recherche étrangers, des concerts, tout simplement, ou des expériences de diffusions comme celle du Placard...il manque en effet ce petit quelque chose qui assouvirait la curiosité en donnant à l’événement le caractère pédagogique et multi modal qui convient. On apelle ce quelque chose : festival, ce que le qwartz a commencé à être l’an passé et surtout cette année, avec des soirées associées qui avaient le petit inconvénient, à mon sens-une qualité sur un autre point de vue-, de ne pas se produire dans le même lieu. Mais pour autant les qwartz se présentent d’abord comme un « awards », une remise des prix, forme consacrée et lénifiante d’autocélébration des corps professionnels du show business, glamour et superficielle, scandaleuse – and the winner is !-, où l’on s’entreglose sur ce-qu’on-fait-en-ce-moment, et ce qu’on aime bien et pas. C’est aussi, simplement, une occasion plus productive de faire des rencontres professionnelles. Tout de même. C’est je crois, la bonne idée des qwartz, que d’utiliser une forme institutionelle pour développer la surface de contact d’un milieu alternatif et se démarquer ainsi de la notion de festival (il y en a déjà). Et il est dès lors naturel que des critiques se bâtissent sur la facture de la cérémonie et certaines imprécisions techniques de l’opération. Il faudrait toutefois faire un pas de côté et emmener son cerveau avec. La notion de cérémonie à cet intêret un peu dérangeant de réifier la musique, de poser le problème de la classification, de la dénomination, ce passage mystérieux du son, ou de la musique, au verbe et à l’ensemble des mécanismes qu’il déclenche, l’un des plus proverbiaux étant le bac du disquaire… : on a tous eu des surprises cocasses en demandant le rayon « musique contemporaine » à la fnac n’est ce pas ? L’intense travail lexical pour définir stylistiquement les musiques « nouvelles » n’est pas qu’une corrodation des termes existants, c’est pour chaque mot une tentative de poser des conditions d’échange avec autrui et de définir ensemble des critères de qualité. Dans le contexte français où la différenciation entre musique savante et populaire a été artificiellement–ou non, mais je pense que oui car les institutions à fond public n’ont pas suffisemment joué leur rôle de diffusion pendant de trop nombreuses années-maintenue, un apauvrissement des liens entre les composantes du monde musical d’une part, et avec le public d’autre part s’est installé. Mon avis est que les qwartz mettent les pieds dans le plat en matérialisant cruellement ce contexte : on y met côte à côte toutes les musiques, icône de l’expérimental, ptits jeunes du dancefloor ou de l’électronica, et les alternatifs élégants que cette mise à jour éblouit un peu. On y utilise des catégories classiques, dancefloor, découverte, expérimental…la gêne n’est pas loin ? Nous visons une série de musiques, disons un monde musicale très mutant par nature, très « mélangeur », multi modal, souple, très producteur de termes pour se définir, et le voilà réduit aux catégories somme toutes classiques. Notons toutefois quelques termes assez exclusifs, comme celui de dancefloor et celui d’expérimental, pour génériques qu’ils soient on ne les trouve pas ailleurs (dans les autres awards). Quoiqu’il en soit il y a un hyatus. Qui dérange, naturellement. En terme sociologique on dira qu’il y a cohabitation entre un milieu alternatif et une institution de l’establishment. Mais la sociologie n’est pas le problème. Dans un entretien avec pierre boulez michel foucault à cette phrase : « La musique contemporaine n’offre que la face externe de son écriture » il poursuit : « de là le fait que chaque audition se donne comme un événement auquel l’auditeur assiste, et qu’il doit accepter. Il n’a pas les repères qui lui permettent de l’attendre et de la reconnaître. Il l’écoute se produire. Et c’est là un mode d’attention très difficile, qui est en contradiction avec les familiarités que tisse l’audition répétée de la musique classique » Il y a aussi la prolifération de la production musicale et de ses usages : les qwartz à mon sens, proposent de parcourir et, éventuellement, de penser cet ensemble, et l’on pourra toujours leur faire le reproche d’être chimérique sur ce point. Il ne s’agit pas d’un festival, avec sa pluralité d’expérimentations sensibles, mais d’un événement à caractère conceptuel. En offrant la face externe de la configuration sociale de la musique électronique il crée pour elle un miroir. Avancer sur ce terrain est périlleux et parfois déplaisant, mais salutaire et passionnant. Au plaisir de poursuivre cette conversation. Eric Périer
écrit le < 16'04'08 >
Et Benoît Hické que pense t’il de tout cela ? Il est important d’avoir aussi son retour sur l’événement, les lauréats, les dotations et le marché des musiques nouvelles.
écrit le < 16'04'08 >

Inutile de convoquer Foucault ou d’"emmener mon cerveau avec moi" pour enfoncer le clou, je maintiens ma gêne face à une initiative (je ne parle que la cérémonie de remise des prix, ayant déjà peu ou prou vanté la programmation musicale, même si j’ai vu Fennesz faire le minimum syndical devant une salle clairsemée, le soir de l’ouverture) qui tend à brouiller les pistes. J’ai eu le témoignage d’artistes électroniques dits "dancefloor" (pour reprendre l’étriquée catégorie des Qwartz, qui semble méconnaître paradoxalement les louvoiements de certains entre dj-ing et travaux personnels) défendus sur poptronics, qui m’ont confié avoir soupiré devant l’intitulé extrêmement sérieux de ladite cérémonie, car elle transpire la volonté impérieuse (et un tantinet désespérée) de reconnaissance médiatique et institutionnelle, ce qui, j’avoue, me laisse pantois et songeur quant aux différences de modalités d’action au sein de la sphère électronique. Le hic est que je ne viens pas directement de l’univers des raves ni de la musique contemporaine ou électro-acoustique, les deux champs convoqués par les commentaires et qui sont la base-line de la manifestation, et que je les ai toujours soupçonnés d’une part d’un certain mépris à l’endroit des musiques populaires (électroniques ou autres) et d’autre part de tout faire pour obtenir une reconnaissance institutionnelle (cela accouche de monstres tels que la Techno parade, multisponsorisée). Evidemment, ce n’est pas le louable désir de promotion que je pointe ici, ce serait idiot, et je serai attentif à l’évolution d’une telle manifestation (en me disant qu’elle a de l’avenir si le grand gourou de la culture francilienne himself, toujours en quête de publicité, fait le déplacement). Ce que je pointe, ce serait plutôt le sentiment désagréable d’être face à une initiative encore peu structurée, peu homogène dans ses intentions, et qui mélange les genres de manière forcée dans un oecuménisme cousu de fil blanc. Les musiques électroniques d’aujourd’hui constituent une telle galaxie (labels, artistes, sites, festivals) qu’il est douteux de vouloir les régimenter dans un seul évènement, et a fortiori de vouloir distinguer ses soit disant "meilleurs" représentants" (ce doit être l’air du temps, celui des winners). Je déduis des commentaires qu’ils sont émis par des artistes (salut fraternel à Jean-Philippe !), qui cherchent des lucarnes et de la visibilité, c’est bien normal, mais pourquoi (et quoi) attendre de ce genre de manifestation ? Et pour répondre au premier commentaire, mon petit article n’était évidemment qu’un avant-papier, pas un compte-rendu. J’ai assisté à l’étrange soirée d’ouverture, très décousue et bizarrement clairsemée alors qu’elle était annoncée sold-out (trop VIP pour être honnête ?). Et j’ai fait un saut au Marché, qui avait certes le mérite de favoriser les connexions entre labels et artistes, mais le public semblait peu présent.

Benoît Hické

écrit le < 17'04'08 >
Merci pour la réponse. J’ai passé plusieurs heures au marché et n’ai pas eu le temps de faire les 60 stands, alors en survolant, je me demande ce que j’aurais pu découvrir et acheter. C’était un vendredi. Je pense que le public ne peut pas venir un vendredi après-midi, qu’il aurait fallu continuer le lendemain. Quant à la soirée d’ouverture où j’étais aussi convié, la salle réduite de moitié ne pouvait pas contenir de toute manière tous ceux qui étaient au bar, au lieu d’écouter Rosy Parlane venu de Nouvelle Zélande. Tout compte fait, comme les parisiens ne sont jamais contents et surtout les plus cultivés et les plus pertinents du monde entier et des planètes à découvrir, (cf les contrats d’ Universal) peut-être que Qwartz devrait se déplacer en région où je pense l’événement serait mieux accueilli et où les étrangers, en nombre grandissant dans cet événement, n’aurait pas à entendre l’amertume de l’immobilisme et de la fatalité, "I’am not bitter". Je vois que la dimension de politique culturelle vous échappe, mais sans politique pas de culture, pas de festival, pas de musique électronique dans les institutions, pas de presse subventionnée, pas d’autorisation de salle, pas d’assedics (j’aime les assedics, pas vous ?) et bientôt même votre site pourra ne plus être autorisé. Rien ne vous a interloqué dans les interventions du fondateur, moi si : la quadrature du net ! Avez-vous mis le nez dans cela, je ne pense pas vu votre approche superficielle, n’en prenez pas ombrage. Informez-vous, des pistes ont été données pour défendre nos libertés, mais peu l’entendent...regardez ce à quoi il fait référence : et quand vous oserez devant plus d’un millier de personnes dont ceux des institutions territoriales et gouvernementales être subversif non pas pour être subversif mais pour informer... http://www.laquadrature.net/ , j’ai mis une plombe pour trouver l’adresse. Qui d’autre le fait dans ce milieu si sympathique de la musique, vous ? Vous n’êtes pas journaliste n’est-ce pas ? Quant à la Techno parade, même si c’est un événement ultra sponsorisé, contrairement à Qwartz qui ne l’est pas du tout apparemment, je pense que c’est aussi un événement utile. Pour information, Eric Périer (cf le site de Qwartz) est le metteur en scène de la cérémonie. Je ne mets pas mon nom car j’ai un album qui sort bientôt et que certaines prises de position, il vaut mieux être anonyme pour ne pas payer la note dans les journaux parisiens. Je vous énerve un peu. Respirez, c’est pour la bonne cause.
écrit le < 18'04'08 > par < ericperier LiL gmail.com >

Je me suis dit à peu près les même choses quand j’ai entendu parler de ces qwartz. Je ne retrouvais pas vraiment les musiques que j’aimais dans ces intitulés, ces fameuses catégories dont tu parles, et bien sûr j’avais les réserves naturelles sur la notion d’awards...mais, soit, avançons.

Quelques assertions ou pré-assertions du commentaire précédant me gênent à mon tour (puisqu’il y est question, en préambule, de « gêne ») : je ne vois donc pas en quoi les catégories consacrées par l’institutionnel (en exemple : dancefloor et experimental) indiquent un mépris des musiques populaires. Après tout ne sont elles pas destinées au plus grand nombre, et à ce titre, réductrices, car génériques. Sur ce point je ferais une petite précision : l’affectation dans lesdites catégories est laissée au libre arbitre du jury, jury dont j’ai fait partie l’an passé, et je dois dire que l’exercice, cet exercice précisément, de classer ces musiques dans ces genres, me posa problème(s). Les héraults français de la musique électronique, j’ai nommé Justice, on dit récemment à la télé que la drogue aidait à l’écoute de certaines musiques, ils parlaient de la leur et du dancefloor electro en général, et je dois dire qu’à l’heure du thé, en écoutant le corpus des qwartz, je ne savais plus sur quel pied danser. Soit, encore. Ce qui est le plus problématique c’est la différence des registres de ces catégories, certaines de genres, d’autres de format…j’avais par exemple l’impression qu’un « album » que j’aurais classé en « expérimental » je ne pourrais pas le classer en « album »...probablement parce que la notion d’album sous entend un format de commercialité, organisé en une série de titres suffisemment liés et dissociables pour ressembler à l’album avec un grand a, comme on dit « le dernier album de Justice ». Album, en voilà une dénomination populaire. On a jamais parlé du dernier album de Michael levinas ou de Michel Chion. On parlera d’oeuvre, d’enregistrement, de pièce, mais aussi de disque. Et par l’effet bien connu de l’annoblissement par la réussite on dit aussi opus pour les musiques pop et rocK.

Quant à ces aventures alternatives enchassant subtilement les genres, chemins de traverses sans catégorie fixe, se pensent elles, se veulent elles à l’ornière de ces catégories ?...elles n’ont certes pas besoin d’appartenir à un genre pour exister. Ni même d’un « award », fut il accompagné de quelques sous. J’en conviens…ce dont elles ont besoin c’est d’oreilles .

Mais il est vrai que la notion de « populaire » implique autre chose que l’aspect quantitatif. C’est aussi en effet là où la population intervient sur les règles et les formes du vivre ensemble, où elle crée elle aussi des modèles. C’est la que « les gens » participent à la discussion sur les critères de qualité. Et c’est là où les « institutions » en tout genre se sentent archaïsées. Elles déploient alors leur puissance en convoquant volontiers une culture « pop », facsinant vivier, creuset, mais tout de même : en négatif de la culture élevée. Je me permet d’évoquer le livre de jacques rancière sur ce sujet, où l’on y décrit comment un certain establishment intelectuel s’est employée à freiner la production d’œuvres qu’il avait d’abord encouragées, se sentant fragilisé dans sa position de domination. (« La nuit des prolétaires », qu’on finit de leur conseiller d’utiliser à dormir plutot qu’à penser, afin de reconstituer la force de travail. Et de laisser le monde en place).

L’étrange attelage des qwartz met un doigt la dessus, et ça m’interresse : comment « fa ire avec » les structures existantes et les forces centrifuges de la création. Qu’elle semble, ou soit « peu structurée et manquant d’homogénéité », comme dit dans le post précédent, c’est il me semble un bien, sauf s’il conduit à poireauter une heure devant le cirque d’hiver, certes, mais hormis de regrettables incidents de ce genre, c’est justement dans et avec le désordre musical actuel qu’œuvre les qwartz. Ces catégories critiques permettent de donner un peu de lustre à un sentiment, certes, mais que dire ensuite ? Pas de prix pour la musique électronique ! Soit. On laissera dire qu’il y a des musiques qui rapportent et d’autres qui coûtent. Mais pourquoi pas avancer sur un chemin consacré, si c’est pour y avancer à sa façon. Gare aux précieux, les qwartz est un événement populaire. On y parle forcément maladroitement de ce qui compte tant aux yeux de tant de monde : la beauté des choses (des choses sonores y compris).

C’est en vertu de ceci que je persiste à penser que les qwartz créent du mouvement et que je soutient l’initiative. Du reste bien qu’ayant participé de près à ces deux dernières…moutures, je précise que je n’ai pas d’intêret spécial à soutenir ce projet, mis à part ce que j’évoque ici. Et enfin je voudrais dire toute mon amitié à l’auteur du post précédent, j’ai vu que tu avais relevé ma formule « emporter son cerveau avec soi », elle ne t’étais pas plus destiné qu’à moi, merci de ta réponse savoureuse elle m’a donné du grain à moudre, et c’est avec tout le respect que je te répond. Eric périer

écrit le < 26'05'08 > par < alexandre.grauer Bva qwartz.org >

Bonjour, Je réponds à Poptronics avec du visuel, c’est plus parlant. Pour le film Qwartz, cliquez ici Pour les photos, c’est là : En passant, voyez ici le concert Qwartz à Santiago du Chili .

Par ailleurs je pense que le présentateur Buster Burk a réussi à donner à la cérémonie une dynamique positive. Ce n’était pas sa connaissance de la musique qui était importante, mais sa capacité à dédramatiser le contexte et prendre à contre pieds les parisiens de l’underground qui sans se l’avouer demandaient une cérémonie comme les Victoires de la Musique. Nous n’irons ni dans ce sens ni dans la dichotomie musique savante et musique populaire.

Quant au titre "L’électro mise en prix...", c’est un titre aveugle et sourd. Qwartz est un prix pour les Musiques Nouvelles et à l’étranger ils ont tous compris. D’ailleurs il suffit de s’intéresser un minimum au contenu pour voir et entendre que cet en-tête réducteur évoque une partie de l’événement. A propos du survol des stands : 62 stands, 3 minutes par stand= 3 heures. La physique est parfois cruelle avec les oiseaux, ils passent à côté de beaucoup de choses merveilleuses depuis les cieux. Mais le temps reste le temps et les préjugés restent des préjugés.

Merci pour votre soutien. Par ailleurs j’aimerais bien vous fournir le concert de Christian Fennesz à Qwartz.

Alexandre Grauer fondateur et pragmatique.