Hommage à Rowland S. Howard, mort le 30/12/09, l’un des éléments les plus radicaux de la scène londonienne du début des années 80, compagnon de route australien de Nick Cave, Lydia Lunch, Nikky Sudden ou Epic Soundtracks. Guitariste de Boys Next Door et The Birthday Party, le fondateur de These Immortal Souls est mort d’un cancer.
Nick Cave et Rowland S. Howard au début des années 80, à l’époque où ils dynamitaient la new wave naissante avec leur Birthday Party. © Rainer Berson
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Funeral party pour le Birthday Party Rowland S. Howard
« Pow, pow, pow », aurait-il dit, punk jusqu’au bout. Les fêtes 2009, après Vic Chesnutt, auront été fatales au grand guitariste Rowland S. Howard, fauché à 50 ans par un cancer du foie, le 30 décembre dernier. Avec la mort de l’artificier-guitariste des Boys Next Door, de Birthday Party, et fondateur de These Immortal Souls, c’est un peu de la furie londonienne du début des années 80 qui s’en va. Un grand déglingué de moins qui jouait encore il y a quelques semaines à Melbourne, crachant du sang sur scène sous le regard mi-épaté mi-épouvanté des vieux de la vieille venus lui rendre hommage et des jeunes locaux à l’affût l’un des derniers vestiges cintrés du post-punk. Rowland S. Howard restera dans l’histoire du rock au rayon bis comme une figure déviantissime. Pas de crête de couleur, pas la moindre épingle à nourrice ni même de t-shirt déchiré : gueule d’ange, cheveux bruns en bataille (les frères Reid de Jesus and The Mary Chain lui voleront sa coiffure), t-shirt marin ou chemise blanche qui mettent en valeur son côté androgyne, pantalons cuir ou lamés : Howard porte beau, presque trop sage. Mais il est l’un de ces post-punks plus radicaux encore que leurs aînés de 1976 : une guitare en main, il sort des feedbacks d’une agressivité qui tétanise l’époque (les New-Yorkais Teenage Jesus & The Jerks retiendront la leçon). The Birthday Party - « Big Jesus Trash Can » live : Fondateur des éruptifs The Young Charlatans (légende du punk australien : pas un disque mais treize concerts dont on en parle encore !), il rejoint The Boys Next Door en 1978, vrillant un peu plus le son d’un groupe dont le tube d’alors s’appelle « Masturbation Generation » ; Nick Cave fait encore peur au bourgeois et Mick Harvey ne traduit pas encore Gainsbourg. The Birthday Party – « Hamlet (Pow Pow Pow) », live 1983 : En 1980, bien décidé à fusiller les derniers punks en pleine récupération et à tordre le cou à la new wave naissante, la petite bande débarque à Londres sans un flèche, le sang chargé de toutes sortes de substances et l’envie d’en découdre. A tout juste 21 ans, Howard, le plus fort en gueule, devient vite l’un des freaks les plus en vue de la ville. Rebaptisé The Birthday Party, le groupe junkie a bientôt l’une des plus mauvaises réputations de Londres et multiplie les scandales ; sur scène, la violence de leurs performances, les textes hallucinés que Nick Cave éructe sur une musique bruyamment déviante choquent et attirent évidemment toute une bande d’allumés. The Pop Group, Throbbing Gristle, Alan Vega, sans oublier les Swell Maps (les frangins Nikki Sudden et Epic Soundtracks deviendront de véritables compagnons de route) ou l’Américaine Lydia Lunch fréquentent ces excessifs Australiens qui vivent absolument au jour le jour dans une crackhouse demeurée légendaire. Et multiplient les futurs classiques : « Junkyard », « Big Jesus Trash Can », « Nick The Stripper », « Release the Bats », « Mutiny »… Après trois ans d’un tel régime, forcément, The Birthday Party se fissure. Relocalisé à Berlin, le groupe explose du trop-plein de drogues et d’égos. The Birthday Party – « Junkyard », live 1982 : Howard reste durablement ingérable. Après avoir participé au tordu « Honeymoon In Red » de Lydia Lunch (ils joueront longtemps ensemble et, quelques années plus tard, écriront le classique « Shotgun Wedding »), il se montre chez Kas Product, entame une collaboration féconde avec un autre grand bizarre, Barry Adamson, et joue les utilités de luxe chez les Jacobites de Nikki Sudden ou The Gun Club, fréquente assidûment Thurston Moore ou Henry Rollins, avant de rejoindre Crime and the City Solution, l’un des projets de Mick Harvey. En 1987, il prend la tête de These Immortal Souls avec Epic Soundtracks, curieux groupe lyrique (à redécouvrir), au confluent du rock atmosphérique et du jazz, qu’il portera le temps de deux albums et d’une décennie de tournées. Lydia Lunch et Rowland S. Howard - « Oh Jim » (1992) : Réconcilié avec Nick Cave qui l’invite sur l’album « Let Love In », Howard passe pourtant les années 90 dans un semi-anonymat. Relancé par un album solo en 2000 (« Teenage Snuff Film »), il venait tout juste de lui donner un successeur, le très honorable « Pop Crimes », qui avait fait venir à lui toute une jeune génération (Yeah Yeah Yeahs en tête). Mais, comme souvent chez les rockers, c’est une ballade qui restera. Hit underground des Boys Next Door en 1979, le splendide « Shivers » qu’Howard avait écrit à 15 ans lui a collé à la peau trente ans durant. The Boys Next Door - « Shivers » (1979) :
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