Pop’live, le tour des concerts et soirées à ne pas rater pour la quinzaine à venir.
Le guitariste japonais Haino Keiji concluera le festival défricheur In famous (31/10 à Beaubourg). © DR
< 30'10'08 >
Sortez ! Faites sauter la banque

Obama ou pas ? Réponse le 4 novembre. En attendant, pour résister à la sinistrose ambiante et au froid qui s’installe, poptronics vous propose sa classique échappée bimensuelle dans les salles de concerts. Un programme roboratif qui couvre tout le spectre musical, à la manière de l’excellent festival Musiques Volantes qui, du 31 octobre au 14 novembre, s’intéressera aux marges hautement défendues ici en invitant Gravenhurst, Fulgeance, Alva Noto, Jackie O. Motherfucker, Mahjongg ou Why ? à faire le tour de France (Metz, Nancy, Montpellier, Poitiers, Montreuil).

A ne surtout pas rater

Les amateurs d’expériences audiovisuelles à géométrie variable rallieront demain soir Boulogne-Billancourt pour le second week-end du festival BBmix. Alva Noto (soit Carsten Nicolai, qui jouait son spectacle « Signal » en septembre) revient pour un live planant et rêveur dont il a le secret. Penché sur son ordinateur, vêtu comme d’habitude d’une combinaison blanche aux allures de « 2001, l’Odyssée de l’espace », il emplira la salle de sonorités et de cliquetis étendus à l’infini (Carré Bellefeuille, 31/10).

Alva Noto - « Prototype 6 » :



Demain se déroulera également l’ultime soirée du festival In famous carousel, qui trimbale depuis quinze jours dans tout Paris ses performances musicales hors du temps et des modes. Ne loupez pas les rites incantatoires de Haino Keiji, ce guitariste japonais pour qui le mot « légende » semble bien faible : il anime depuis trente ans la scène noise locale et a publié, seul ou avec son groupe Vajra, des dizaines d’albums (Centre Pompidou).

Séance de rattrapage lundi 3, pour le troisième concert parisien en un an d’Okkervil River qui négocie fort joliment son virage indie rock après des années de vaches maigres folk (mais d’excellents disques). Toujours aussi prolifique, Will Sheff et sa bande présenteront à l’Alhambra le tout chaud « The Stands In » (Jagjaguwar/Differ-Ant). Soit des chutes de studio du précédent album, « The Stage Names » qui avait sauvé la carrière de ce songwriter de la banqueroute. En face au Zèbre de Belleville, troisième passage de l’année également pour notre chouchoue Emily Jane White et les chansons douces-amères de son excellent premier album « Dark Undercoat ».

Autres amis de poptronics, les Hollandais anarcho-noise de The Ex n’en finissent pas eux aussi d’écumer les scènes de la capitale (Point Ephémère, 12/11), cette fois avec le saxophoniste éthiopien Getachew Mekuria avec qui ils ont enregistré le très recommandable « Moa Anbessa » sorti il y a quelques mois. Plus branchée, la belle soirée de lancement du festival des Inrocks IDTGV ( !!!) avec les Américains MGMT, lancés en pleine régression seventies (et en DJ-set au Social Club une fois rangées les capes), le folk rèche d’Alela Diane et celui plus dégingandé des Français Coming Soon ou encore la pop pastorale de Fleet Foxes.

Chair fraîche et jeunes pousses

Collision de nouveaux venus ce samedi 1er novembre. Au choix une nouvelle soirée de découvertes au festival BBmix avec entre autres le collectif mutant Chrome Hoof, au carrefour du doom metal et du disco-funk, et surtout les Chicagoans Mahjongg adeptes eux d’un punk-funk percussif et entêtant qui doit autant à l’afrobeat qu’à Gang Of Four (Carré Bellefeuille). Les adeptes de guitares boisées fileront eux au Café de la Danse pour une soirée consacrée au label nantais Effervescence, avec My Name Is Nobody. Rien à voir avec Bud Spencer et Terence Hill mais plutôt dans la droite ligne d’un Nick Drake ou d’un Woody Guthrie, Vincent Dupas partagera l’affiche avec François Virot et la gracile Faustine Seilman. Au rayon relecture, No Age, duo californien signé sur Sub Pop, est la dernière incarnation en date d’une pop revue à la sauce punk façon Hüsker Dü (Point Ephémère).

Samedi toujours, direction le Social Club pour l’une des premières prestations françaises de la nouvelle signature de DFA, Holy Ghost en DJ-set. S’attendre à une ambiance néo-disco (lire au passage la somme de Peter Shapiro consacrée à la disco, « Turn The Beat », chez Allia). Chair fraîche ET tête à claques par excellence, le trio londonien We Have Band, nouveaux poussins du label prescripteur Kitsuné, injecte avec énergie des mélodies pop dans son moteur synthétique (Social Club, 6/11). L’électro-pop ne connaît pas la crise et seul l’histoire dira si ce trio s’en sortira avec les honneurs ou un parachute doré. Bobby Hardcore Liberace se chargera de durcir le ton dans la foulée.

On se met à parler d’un revival « noisy pop », sur les brisées encore brûlantes de My Bloody Valentine. Mettons peut-être ce retour au rock-brouillard sur le compte de l’époque floue que nous vivons. A Place To Bury Strangers vient de New York et fait dans le rock urgent, synthétique, et aux forts accents Jesus & The Mary Chain. Pas de quoi se plaindre, on ira agiter nos jeans à trous le 12 au Nouveau Casino.

Mahjongg - « Teardrops » :



Valeurs refuge en temps de crise

Les Suédois I’m from Barcelona avaient agité le Landerneau hype en 2006 sur la foi de leur tube éponyme, suivi d’une tournée intense et de la signature sur une major. Cela ne semble pas avoir émoussé leur joie de vivre si l’on en juge par « Who Killed Harry Houdini ? », leur dernier album, et ce concert de la consécration au Bataclan (31/10). Ne pas s’attendre à une révolution, juste à des refrains bubble-gum et de bonnes ondes. Le lendemain, fin des sucreries avec la traditionnelle soirée Kompakt du Rex Club, où Jennifer Cardini fourbira son arsenal minimal et défricheur. Et ce live, Jennifer, il est pour quand ?

Lundi, on ira prendre des nouvelles de vieux de la vieille du circuit folk-rock (registre sous-Wilco) Built To Spill et de leur récent « You In Reverse », leur disque le plus ouvert sur le monde, le plus accessible aussi (Maroquinerie, 3/11). Le 6/11 au Rex Club, alors que sort une compilation de ses meilleurs remixes (pour The Chap, Tiga, Late Of The Pier, Cut Copy...), Joakim exhumera des perles dancefloor de sa boîte à musique, tandis qu’Arnaud Rebotini, qui vient de mettre Black Strobe en sommeil, conclura la nuit par un assaut électro-dark dont il a le secret. Retour au Rex deux jours plus tard, pour la venue annuelle de James Holden pour un set éblouissant et voyageur. Si Ricardo Villalobos est Dieu, Holden est l’un de ses apôtres, même si l’on espère avoir des nouvelles discographiques de l’élégant Britannique dans des délais raisonnables (Rex Club, 8/11).

Deux concerts pour redescendre en douceur, à commencer par celui de l’éternel looser Ron Sexsmith (Maroquinerie, 9/11), le Canadien à la voix d’or met de la soul dans son folk soyeux décliné depuis quinze ans, évidemment très marqué Leonard Cohen (on l’avait vu à Paris en juillet). Le lendemain, dans un registre plus dingo, l’ancien roi de l’anti-folk (bien embourgeoisé depuis) Adam Green fera son numéro à l’Alhambra, la drôle de salle du 10e arrondissement qui programme aussi bien Michel Fugain et Phil Barney que Martina Topley Bird, l’ex-égérie de Tricky (5/11) !

On parle de Joakim, voilà que se profile (Flèche d’Or, 10/11) une nuit Versatile, le label qui a sorti ses deux albums « Fantômes » et « Monsters & Silly Songs ». Versatile, c’est le label house parisien de référence, qui n’a pas infléchi sa ligne d’un iota depuis le succès de la french touch il y a quinze ans ( !) et ce malgré l’avènement de l’oublieuse génération fluokids. Château Flight, I-Cube, Gilb’R, Zombie Zombie se relaieront aux platines pour une soirée en forme d’anniversaire joyeux et bordélique. A noter la sortie de la compilation « Versatile 2008 » et l’épatant blog rempli de mixes inédits et d’infos.

Deux concerts outsiders pour terminer la quinzaine : le post-rock symphonique et écorché de Thee Silver Mt. Zion (Bataclan, 11/11) et la belle double affiche Richard Pinhas-Merzbow aux Instants Chavirés le 12/11, soit l’alliance assez exceptionnelles de deux figures de l’expérimentation sonore hexagonale.

Retour de flamme

Un parfum de new wave synthétique flottera en ville jeudi 6/11 avec le retour de Section 25 (mais si, souvenez-vous, « Looking from a Hilltop ») accompagnés par Peter Hook en vacances de New Order (Elysée-Montmartre) ; avec aussi Anne Clark à la Loco, égérie hiératique des corbeaux il y a vingt-cinq ans et toujours sur la brèche. Plus proche de nous, le rock carré et noisy de The Wedding Present, à nouveau en odeur de sainteté après un long hiatus (1997-2004), tentera de convertir la jeune génération (Nouveau Casino, 7/11). Mais la résurrection à ne pas manquer dans les prochains jours, c’est celle des vieux de la vieille hip-hop pour une soirée « back to the roots » à l’Elysée-Montmartre le 14 avec rien moins qu’Africa Bambaataa en DJ-set et Kurtis Blow en live. Sans oublier le pionnier français Dee Nasty.

Kurtis Blow - « The Breaks » (1980) :



benoît hické et matthieu recarte 

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