Web 3, conférence sur les tendances du Net, les 11 et 12/12 à Saint-Denis (93).
La salle des conférences dans l’amphithéâtre des Docks, à Saint-Denis, pour le show Web 3. © DR
< 12'12'07 >
Web 3, un réseau dans sa bulle
Plus que quelques minutes pour suivre un événement réseau que poptronics a failli rater, l’horreur : le Web 3. Bon alors, on la fait courte, à tous ceux qui n’ont pas encore bien saisi la subtilité marketing du Web 2.0 (le Web des débuts, en un peu plus bidirectionnel, l’émetteur et le récepteur échangent dans les deux sens, voyez), le Web 3 est la conférence, en « full english » dans le texte, qui réunit chaque année depuis 4 ans à Paris le gratin du numérique mondial (à l’exception des net-artistes, des médias électroniques, des responsables de contenus, des hacktivistes, des partisans du logiciel libre, des gamers… euh, on arrête là). Donc, sont présents en masse des start-upeurs, des blogueurs, des business-angels et des gros opérateurs : 1700 d’entre eux se sont en tout cas inscrits du monde entier pour répondre à l’invitation du « so graïte » Loïc Le Meur, le blogueur le plus médiatisé du Net français, le moins représentatif sans doute de cette forme de publication autonome, libre et hyperactive (Loïc Le Meur a été le Monsieur Internet de Nicolas Sarkozy pendant la campagne, a fait savoir depuis qu’il partait au pays de la super libre entreprise, continue de nous envoyer ses posts pro-esprit d’entreprise .... et nous saoule toujours autant). Se montrer et serrer des pinces Gare à l’overdose de mots marketing, de concepts fumeux et de concours de la meilleure start-up (qui doit présenter en 7 minutes chrono les potentialités de son cœur de métier), le Web 3 est ainsi fait qu’il produit ses propres critiques. La preuve, on peut cette année tout suivre des débats retransmis en direct, ce qui permet de se faire une idée du niveau des échanges. Ici, l’intérêt c’est plus de se montrer pour serrer un maximum de pinces et réseauter en beauté (avec soirée « in the middle » à la Scala, trop cool non ?) que d’assister aux plateaux où se suivent sans se ressembler les « PDG » et « VP » des entreprises les plus en pointe du Net aujourd’hui : le vice-président de Facebook venu hier matin refaire ses excuses et redire à quel point le réseau social était désolé d’avoir tant merdé sur cette histoire de publicité obligée auprès de ses membres, le PDG de SixApart (plate-forme de blogs), l’inventeur du lapin communiquant Nabaztag, le vice-président de Nokia ou le fondateur de Joost, etc. La meilleure start-up a forcément un « oo » dans son nom Pour finir en beauté ces deux journées de discussion tous azimuts sur l’avenir des tendances économico-techno-sociales de l’Internet de demain, sont appelés sur la scène des Docks, à deux pas des studios de Loft Story, les « Web 3 digital champions » choisis parmi une tripotée de start-ups aux noms fleuris. Il faudrait d’ailleurs faire un annuaire des prénoms de starts-ups, à l’instar des livres, pour choisir un prénom qui donnerait les tendances de l’année, 2007 faisant la part belle au double o (Ekaabo, GooJet, Yoowalk, WooMe, Zoomorama, Floobs… on n’invente rien, qui a une autre idée ?). Ont été ainsi distingués Goojet, le « site pour organiser votre vie nomade », PLYMedia, une plate-forme de développement vidéo interactive, G.ho.st, qui propose de délivrer partout le « fantôme de votre ordinateur ». Et deux « mentions honorables » ont été délivrées à E-republik, le nouvel univers à la Second Life de « simulation multi-joueurs sociale, politique et économique qui offre à ses membres la gloire, l’argent et le pouvoir virtuels suivant les règles du marché » (sic) et enfin Splitgames, le site d’échange de jeux vidéo à la E-bay. Pour réussir sur le Net, « habillez-vous comme un jeune » Alors, à quoi ça sert, le Web 3 ? L’édition 2006 avait été extrêmement médiatisée, les candidats Bayrou et Sarkozy s’y étaient présentés en pleine campagne présidentielle, hors programme Web 3, au grand dam des Américains, Israéliens et autres Britanniques, qui avaient même osé siffler le futur président (il faut dire qu’il avait refusé de répondre aux questions, la règle de base de cette conférence). Cette édition ne déroge pas à la règle : les qualificatifs ne manquent pas pour décrire ici un « Davos du Web », là un « sommet du G7 de l’Internet », mais les critiques commencent aussi à donner de la voix. Ainsi de Sylvie Krstulovic, consultante multimédia et blogueuse pour « Libération » à cette occasion, qui décrit avec une légère distance les « conseils des managers présents sur scène : “Pour réussir votre société ? Amusez-vous, prenez du plaisir en lançant votre activité, ne comptez pas vos heures de travail et engagez des gens qui savent faire des choses que vous ne savez par faire ! Ah oui, et surtout habillez-vous comme un jeune, jean, t-shirt, basket !” » ou demande à chacun comment expliquer le Web 3 à sa mère, et rapporte les réponses des « stars du Web » : « “C’est l’innovation”... “dis à ta mère de créer son avatar, le Web 3 ce sont les univers virtuels”, “c’est l’Internet intelligent”, “c’est juste un concept marketing, ça n’existe pas”. Heu... mais encore ? », s’interroge-t-elle. Les déçus du Web 3 Autre déçu de la « grand-messe », Yves Grandmontagne du site ultra-spécialisé (très geek même) Silicon.fr pour qui « le Web 3 n’existe pas, n’est qu’une illusion virtuelle. Il n’est même pas à construire, puisqu’avant de l’évoquer il faut se reposer sur des bases. Et le Web 2.0 est encore si fragile ! » Pour se finir, quand même, quelques petites notes d’humour pour boucler ce tour du Web 3, comme cette jolie fausse info de « newsnours », Rama Yade refuse d’aller à le Web 3 ou la fabuleuse chanson « Here Comes Another Bubble »…
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