< 13'01'09 >
Gaza, la guerre par l’absurde

« Le feu était partout, dans les maisons, les abris, les arbres. Les bombes aussi, étaient partout, et avec elles sont venus les nuages blancs. Du phosphore blanc, disent à présent les médecins, une affirmation contestée en Israël. Mais pour sûr, ce fut une nuit de terreur. Et nous étions terrifiés. Nous pensions que nous allions brûler à mort. Les bombes étaient partout. C’est que que Fadia Al Najjar, 27 ans, ne cesse de répéter. Elle est originaire de Khaza’a, (au nord-est de la bande de Gaza), et nous racontait quelle genre de nuit horrible elle et sa famillle venaient juste de traverser. » Ce témoignage (en anglais) rend compte de la nuit de bombardements intensifs de Gaza par Israël, telle que la décrit l’agence Ma’an News Agency. La première source d’informations indépendante palestinienne sur l’Internet, financée par le Danemark et les Pays-Bas (3 millions de visites par mois) a été lancée en 2005 en territoire palestinien. Un média qui, malgré la guerre à Gaza, n’appelle pas à l’insurrection contre Israël, mais témoigne de ces Palestiniens que les fumées blanches ont conduits à l’hôpital, et fait de l’information, à l’instar du directeur du Centre médical Nasser, le docteur Yousef Abu Ar-Reesh, qui dit que plus de 90 patients ont été amenés dans son centre pour des brûlures.

Alors que la guerre fait rage au sol, que la liste des victimes dépasse des sommets, avec plus de 900 morts et 4000 blessés, les communautés juives et musulmanes se déchirent partout dans le monde, et en France particulièrement. Qui a commencé, qui est responsable, qui agresse qui ? Ces questions sont malheureusement les mêmes depuis la fondation de l’Etat d’Israël en 1948. Les nations occidentales pensaient donner sa Terre promise au peuple juif qui venait de subir le pire génocide de l’Histoire. Mais les Arabes peuplant la Palestine d’alors, ne se sentant coupables en rien, ne l’ont pas entendu de cette oreille. Depuis 1948, le conflit israélo-palestinien ne connaît quasi aucun sursis.

Les présidents américains s’y sont successivement cassé les dents (et ce n’est pas notre Sarko national qui fera illusion, sauf auprès de « Newsweek »…), d’autant que la démocratie israélienne, comme le souligne Guillaume-en-Egypte, connaît des campagnes où tous les coups sont permis. Aux élections générales du 10 février, selon les sondages, Benyamin Netanyahou (Likoud, droite) pourrait revenir au pouvoir. Pierre Razoux, auteur d’un livre référence sur l’armée israélienne, interviewé sur Secret défense, le blog du journaliste spécialiste de « Libération », explique que « toute la question est de savoir qui sera son meilleur allié : Ehud Barak, ministre de la Défense, à la tête du parti travailliste, ou Tzipi Livni, ministre des Affaires étrangères, à la tête de Kadima ? Chacun joue sa carte. Et pour la première fois, il y a deux manœuvres : l’une diplomatique (Livni) qui a précédé et qui accompagne les opérations militaires (Barak) ». Alors, ce bon vieux Clausewitz,, qui avait le premier théorisé que la guerre n’était qu’un « prolongement de la politique par d’autres moyens », aurait encore raison ? Côté palestinien aussi, la politique est de la partie : le Hamas qui a remporté les élections législatives en 2006 ne cache pas son ambition d’être l’alternative non corrompue à l’Autorité palestinienne : le mandat de Mahmoud Abbas (élu en 2005 pour quatre ans), s’achevait le 9 janvier, estime le mouvement de la résistance islamique.

Peut-on sortir de l’impasse en Palestine ? Comment faire vivre l’espoir ? De la Ma’an News Agency aux premiers déserteurs israéliens (dix soldats ont préféré la prison plutôt que de se déployer à Gaza), il existe des alternatives au manichéisme ambiant. L’internaute peut aussi s’informer directement à la source, en lisant les billets des blogueurs sur place (côté gazaoui comme égyptien ou israélien). Ou suivre le reportage multimédia d’Arte, conçu à cheval sur cette frontière sanglante, « Gaza/Sderot, la vie malgré tout », qui documente ces histoires singulières, ces vies cassées par l’histoire, si loin-si proches.

Au 18ème jour de l’offensive contre le Hamas, les combats font cependant toujours plus rage, et les blindés entrent dans la périphérie de Gaza. Tandis qu’Ehud Olmert, le Premier ministre israélien, promet « une main de fer », le Hamas répond que « Gaza ne tombera pas ». Pendant ce temps, le Conseil de sécurité des Nations unies se réunit à nouveau ce mardi pour discuter de la situation (la résolution 1860 qui appelait au cessez-le-feu n’étant pas appliquée), et le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, prépare son voyage dans la région demain mercredi... Reste à espérer que la troisième offensive israélienne soit aussi la dernière, et que le président américain Barack Obama, qui entre en fonction le 20 janvier prochain, fasse réellement ce qu’il a dit dimanche, après trois semaines de silence fort commenté, soit « s’impliquer immédiatement dans le règlement du processus de paix au Proche-Orient », avec une bonne dose de « compromis » de part et d’autre de la table des négociations…

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