Ars Electronica Festival, Human Nature, du 3/09 au 8/09 à Linz, Autriche.
"Créature inconnue n°18, Multiped", de Shen Shaomin, dans le cadre de l’exposition Human Nature à l’Ars Electronica 2009. © rubra
< 03'09'09 >
L’Ars Electronica Festival, 30 ans de futurs

Trente ans à l’échelle des nouveaux médias, c’est l’âge d’un dinosaure : l’Ars Electronica Festival fête à partir d’aujourd’hui sa trentième édition à Linz, en Autriche. Plus qu’un festival, l’Ars Electronica est une institution qui donne le « la » des tendances de la culture numérique, distribue ses bons points (les Golden Nicas) et réfléchit aux enjeux complexes d’un monde bouleversé par les technologies et les réseaux. Suivant les années, son Symposium, le grand raout introductif qui réunit chercheurs, scientifiques, sociologues et net-artistes, adopte des thématiques plus ou moins optimistes, en relation étroite avec l’humeur du monde. Après la nouvelle économie culturelle l’an passé (autour des questions toujours en suspens des impasses de la propriété intellectuelle à l’ère de la reproduction numérique et de la culture coopérative), Linz n’a semble-t-il pas voulu s’enfoncer dans le catastophisme économique ambiant en choissant comme théma la « nature humaine » : « Trente ans après sa fondation, la mission de ce festival mondialement établi reste résolument ancrée dans une curiosité intrinsèquement enracinée dans la nature humaine, nous continuons de scruter hardiment le lointain futur, explique le dossier de presse. Notre objectif immédiat : fomenter à nouveau un fructueux et fascinant dialogue à l’interface de l’art, de la technologie et de la société. »

L’édition 2009 se penche donc sur la vague verte (effet de mode), en évoquant la « réinvention de la nature », une réinvention pas forcément idyllique : déforestation, désertification, réchauffement de la planète, biotechnologies et nanotechnologies redessinent non seulement la nature mais la place de l’homme en son sein. Et si les 450 artistes et chercheurs participants cette année ne sont pas tous directement concernés par cette théma, nul doute que bio-art et écolo-technos auront la part belle. D’ailleurs, la nature s’est déjà invitée à Linz : en raison du mauvais temps, le lancement d’un ballon stratosphérique a été annulé -la soirée d’ouverture était placée sous le signe des étoiles, avec coopération entre téléscopes amateurs et professionnels, étude de l’impact de la pollution sur le ciel nocturne et hommage aux premiers pas sur la Lune, il y a 40 ans.

Au programme de cette riche édition (anniversaire oblige), on citera en vrac tous ceux dont on vous a déjà dit du bien, les Felix Kubin, Eduardo Kac, Blast Theory, l’incroyable robot-clone du professeur Hiroshi Ishiguro, Leah Buechley, des installations et performances déjà repérées et qui trouvent leur consécration par un prix à l’Ars : la bande de lapins chantants Nabazmob, le faux New York Times spécial Obama des Yes Men et de Steve Lambert, le Tantalum Memorial des ex-Mongrel (Harwood, Wright, Yokokoji), le Sonolevitation d’Evelina Domnitch et Dmitry Gelfand ou encore la performance Datamatics de Ryoji Ikeda ou encore la soirée Mission Eternity d’Etoy Corporation.

Mais on part aussi à Linz pour découvrir de nouvelles installations, des artistes jamais vus ailleurs et plonger dans un cycle vertueux de rencontres et d’expositions : celle consacrée au thème Human Nature, donc, avec les prouesses de Kac en exergue (il a réussi à hybrider une plante avec une protéine extraite de son système immunitaire, le genre de truc qui met en pièces la théorie de la séparation des espèces), celle des Cyberarts consacrée aux prix Golden Nicas, celle dédiée aux médias-arts japonais, etc. Et comme si tout cela ne suffisait pas, Linz est aussi capitale de la culture 2009 : d’autres manifs et expos à voir, donc, avec plus de touristes (et encore moins de chambres d’hôtel abordables donc), plus la débauche classique architecturale accompagnant cette disctinction. La nouvelle extension de l’Ars Electronica, musée du futur, avec ses 40.000 leds de façade, sera le prétexte à une battle entre artistes qui joueront avec tout le week-end. Inutile de dire que Poptronics, associé à Arte.tv pour l’occasion, vous contera tout ça par le menu.

anne laforêt et annick rivoire 

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< 1 > commentaire
écrit le < 04'09'09 > par < thierry bEq pigeard.fr >
Passionnant cet article et ce festival, dommage que cela soir si loin !