« Quelqu’un est tombé », exposition sonore de Dominique Petitgand, Abbaye de Maubuisson, site d’art contemporain en Val-d’Oise, rue Richard de Tour, St-Ouen-l’Aumône (RER C), Tél : 01.34.64.36.10, jusqu’au 31/08, lun-ven (sauf ma) de 13h à 18h, week-ends et jours fériés (sauf le 1er mai) de 14h à 18h.
"Les Ballons" de Dominique Petitgand, installation sonore pour quatre haut-parleurs, grange de l’abbaye de Maubuisson. © Conseil général du Val d’Oise - Catherine Brossais
< 29'04'09 >
Avec Petitgand, l’art sonore fait son chemin à l’abbaye

Hors du temps et de l’espace urbain, l’abbaye de Maubuisson accueille l’artiste sonore Dominique Petitgand. Une vraie première. Jamais encore en France, un lieu si imposant (cette ancienne abbaye cistercienne de femmes, fondée en 1236 par Blanche de Castille, est depuis 2004 un site d’art contemporain,) n’avait invité pour une exposition personnelle un artiste du son, et seulement du son, à occuper ses espaces.

Avec ses 1340 mètres carrés de surface d’exposition, les locus du site d’art contemporain du Val d’Oise ne manquent pas… C’est par la vaste grange à dîmes qu’entre l’auditeur. Quatre enceintes placées aux coins de l’édifice diffusent les chocs d’un ballon jeté contre un mur (« Les ballons »). « Taper fort dans un ballon, seul dans un lieu vide et immense. Une figure de l’entêtement », explique Dominique Petitgand, né en 1965. Ces bruits secs, violents, sont aussitôt réverbérés et transformés par l’espace. Les zones de silence font apparaître en filigrane les bruits extra-muros.

Plus discrète, la seconde installation, « Exhalaisons », joue plus encore sur cette interpénétration des éléments extérieurs et ceux fixés sur le support de diffusion. Dans le parc, un simple banc où deux speakers parlent dans le dos du visiteur. Tout autour, la nature et l’urbain s’expriment : un pivert, étonnamment bavard ce jour-là, un train et des avions, l’abbaye se situant sur le chenal de Roissy, et donc pas tant hors du temps que le suggèrent les premières impressions du visiteur. « Exhalaisons » introduit des phonèmes vocaux qui se dévoilent dans les deux installations suivantes, « Quelqu’un est tombé » (le titre de l’exposition) et « Je parle », spatialisées dans les salles abbatiales et du parloir. Toutes deux incitent à la déambulation de l’auditeur, comme si le centre disparaissait avec les informations sonores, textuelles et musicales qui en constellent le parcours.

(durée : 8’36’’)

En chemin, j’ai mis des cailloux sonores dans mon sac enregistreur : sons originaux de Petitgand, commentaires de l’artiste, mais aussi des bruissements, murmures et quelques pas des visiteurs auxquels s’ajoutent d’autres sonorités naturelles. Ils se sont un peu mélangés, alors je les ai réorganisés avec l’accord de l’artiste. Ils ne sauraient témoigner fidèlement de l’expérience du parcours dans les œuvres exposées à l’abbaye, mais en montrent une interprétation subjective que pourra réaliser pour lui-même à son tour, tout « promeneur écoutant » comme le dit joliment l’essayiste et compositeur électroacoustique Michel Chion.

jean-philippe renoult 

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