Soirée « Morts, sales et méchants », le 13/06 de 23h à 6h, avec les lives de Discodeine et Chloé, et DJ sets de Krikor, Pilooski, Dirty Sound System et Ewan Pearson, au Point Ephémère, 200, quai de Valmy, Paris 10e (entrée 12 euros).
Le duo Discodeine annonce la disco du futur, sombre et planante. © Philippe Levy.
< 21'08'09 >
Discodeine, plus codéine que disco

(Pop’archive). « Une messe noire au Crazy Horse. » C’est ainsi que le duo Discodeine décrit son live post-disco sombre, futuriste et flippé à la fois, à découvrir ce soir à la boum Kill The DJ/Dirty au Point Ephémère. Quelle gazette n’a pas encore évoqué le revival disco qui s’abat sur nous ? Si cette avalanche de dossiers historiques a le mérite de révéler des coins obscurs de la disco, elle a singulièrement omis d’évoquer l’une de ses composantes les plus créatrices : la drogue, ingurgitée à la louche dans tous les clubs et studios du globe, et qui a peut-être inspiré les meilleurs morceaux du (trans)genre. Il faudrait un jour revoir la musique à danser sous cet angle. Possible que cela ait trotté dans la tête de Benjamin Morando (ancien d’Octet) et de Cédric Marszewski (de Pilooski aux tonnes d’« edits ») en créant leur machine à deux têtes.

On associe souvent la codéine à la culture hyphy, sorte de hip-hop mutant de la baie de San Francisco qui n’oublie pas de la mélanger à du sirop pour la toux, pour un « drank » très efficace. L’histoire ne dit pas si les deux Discodeine expectorent quand ils composent, mais la poignée de maxis publiés jusque-là par les bons soins de Dirty (dernier en date, « Joystick ») a un effet certain au niveau de la cage thoracique, par les pulsations que cette musique fait subir au corps et au ciboulot. Disco pourquoi pas mais alors une disco conçue par les forces du mal, par ce « Fog » à la John Carpenter qui s’empare des machines et des danseurs pour les enfoncer dans une matière gluante et compacte. Le morceau-titre, mais aussi le moite « Homo Compatible » sont de parfaits exemples de post-disco bizarro et languide, bien loin des afféteries à la Hercules & Love Affair. On y décèle une joie inquiète, et tiens, si c’était ça, finalement, la disco ? Une joie sans lendemain, volatile, comme une poussière dans l’œil vite dissipée ?

Dans son abécédaire, Discodeine revendique les influences mêlées d’Arthur Russel (l’inventeur du dancefloor en chausse-trappe), du gaspacho, de Ligeti, des B.O. de Joe d’Amato et des Yvelines : à vérifier ce soir. A noter leur mix vintage pour le magazine italien « Uovo », à écouter sur l’indispensable audioblog alainfinkielkrautrock, décidément en pleine forme ces temps-ci.

En pop’bonus (merci à Guillaume Sorge de Dirty), Discodeine - « Homo Compatible », issu du EP « Joystick » (2008, Dirty/Discograph) :

Cet article a été initialement publié le 13 juin 2008.

benoît hické 

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