Un prix Nobel pour la spintronique, un emballement médiatique pour la tecktonik, mais qu’est-ce que c’est au juste ?
Domaine magnétique dans une couche mince de CoPt, un exemple de l’une des applications de la découverte de la spintronique en 1988 par Albert Fert, qui vient de se voir décerné le prix Nobel de physique. © DR
< 10'10'07 >
Et vous, z’êtes plutôt spintronique ou tecktonik ?

Deux mots en « nique » font leur apparition concomitante cet automne dans les médias. Deux mots qui n’ont résolument rien à voir, sinon leur suffixe. Battle.

Définition

La tecktonik est une danse électro apparue en boîte de nuit (plutôt la grosse boîte type Métropolis à Rungis) et pratiquée à la Travolta par une population jeune, ni trop banlieue, ni trop hype, qui mélange les styles développés en clubs (électro, hard style, jump style, rave, clubber gay, trance), avec moults moulinets des bras et déhanchements suggestifs.

La spintronique ou électronique de spin, issue de la découverte de la magnétorésistance géante, vient de se voir attribuer le prix Nobel de physique 2007 en les personnes du physicien français Albert Fert et du chercheur allemand Peter Grünberg. Egalement nommée magnétoélectronique, c’est une technologie émergente, notamment utilisée dans les disques durs aujourd’hui pour booster la capacité des électrons, en exploitant leur propriété quantique. Le spin de l’électron est une sorte de minuscule aimant, qui interagit avec les matériaux ferromagnétiques. La découverte de ce phénomène a permis de réduire la taille des disques durs. « L’industrie du MP3 et de l’iPod n’aurait pas existé sans cette découverte », a déclaré Borje Johannsson, membre de l’académie Nobel.

Naissance

La tecktonik est née à l’automne 2006 dans de grosses boîtes en banlieue parisienne, a essaimé grâce aux Skyblogs de Dance Generation notamment et aux centaines de vidéos postées sur Youtube ou Dailymotion, parfois vues par 2 millions d’internautes. Une lame de fond, avec compils à la clé (musicalement, c’est de la dance boom boom qui tache) et starlettes locales animant des soirées tecktonik.

La télé et les médias ont flairé le « mouvement » et ont répercuté le phénomène depuis le printemps dernier. Aujourd’hui, c’est l’empoignade pour savoir s’il s’agit d’une culture (Libération qui y consacrait trois pages avant l’été), d’une sous-culture (Technikart) ou d’une sous-merde (les Inrocks papier, sous la plume du très réac de gauche Eric Troncy, la semaine dernière).

La spintronique a été découverte presque simultanément, dans le labo d’Albert Spert en 1988, suivi à quelques mois par Peter Grünberg (mais qui a eu la bonne idée de déposer le brevet avant notre chercheur au CNRS). Aujourd’hui, les applications de cette découverte sont partout, dans les machines à laver, les ordinateurs, les voitures…

Les images

Avantage certain à la tecktonik dont on trouve de curieux phénomènes sur Youtube et Dailymotion. Trois petits exemples (pour ne pas faire l’impasse sur la diversité du phénomène).

Jey jey, membre de la Wantek, qui fait le tour des discothèques françaises avec son équipe de DJ’s et danseurs (à l’instar de la soirée du vendredi 12 à Nimes, au Riviera Club) est devenu une star Youtube (près de 3 millions de visites).

La mafia électro, pour montrer la danse en situation (et plus seulement dans son garage), sur les dalles de La Défense :

Dj Fozzie Bear, Kevin Tandarsen et Ristourne se revendiquent comme les « vrais » inventeurs de la « danse électro ». Pas de confusion : ils ne sont pas des tecktonik et ne vont pas au Métro.

Côté spintronique, les vidéos (comme c’est étrange) ne sont pas sur Youtube ou Dailymotion. On peut néanmoins écouter une conférence très pédago d’Albert Fert, quand il n’était « que » médaille d’or du CNRS en 2003 sur la webtélévision de l’enseignement supérieur et de la recherche ou plus récemment, à l’université Paris XI, en septembre dernier, « Quand les spins s’invitent dans nos ordinateurs : l’essor de la spintronique ». Et pour vraiment comprendre le principe de la magnétorésistance géante, en anglais « giant magnetoresistance » ou GMR, IBM a réalisé sur son site de petites animations en Flash plutôt claires.

annick rivoire 

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