C’est sans doute la première fois que Poptronics s’aventure sur le terrain de la physique quantique… En octobre 2019, le festival « Je veux savoir » à Toulouse, nourri de questions tous azimuts, orchestré par l’artiste Pierre Giner avec Pop à l’éditorial, a balayé à peu près tous les champs de la connaissance. Dont la physique quantique, à travers cette question a priori « simple » : comment les ondes permettent-elles de voir à l’intérieur du corps humain ?

Réponse fournie par Julien Bobroff, physicien au Laboratoire de physique des solides d’Orsay :

Julien Bobroff, chercheur au CNRS et à l’Université Paris Sud, est plutôt très joueur : il anime depuis 2013 l’équipe de recherche de la « Physique Autrement » qui se préoccupe de nouvelles façons de vulgariser ou d’enseigner cette science.

Rencontré grâce à la complicité du CNRS, partenaire du projet mené au Quai des savoirs, Julien Bobroff en excellent passeur glisse aisément (et à notre grande surprise, sans nous perdre…) de l’explication du fonctionnement d’un IRM, « peut-être la plus belle invention de la physique quantique », aux supraconducteurs, ces métaux qui, une fois refroidis à très basse température, se comportent en « super héros de la physique quantique » en conduisant le courant de façon parfaite.

« La physique quantique des solides n’en est qu’à ses balbutiements », reconnaît Julien Bobroff, et cependant les applications qu’ouvrent les supraconducteurs sont déjà vertigineuses : un train à lévitation au Japon (encore trop cher pour qu’on puisse le généraliser), l’accélérateur de particules du LHC au CERN à Genève, l’IRM…

Le « rêve » de la physique quantique, c’est de trouver des supraconducteurs qu’on n’aurait plus besoin de refroidir à très basse température (proche du zéro absolu, quand même). Si les chercheurs parviennent à comprendre comment fonctionnent les « nouveaux supraconducteurs », explique Julien Bobroff, faits de gaz à base d’hydrogène et de soufre, alors le rêve d’une « révolution » énergétique et environnementale est à portée de main.

Pour la préparer, cette révolution qui vient, Julien Bobroff organise des sessions de design-thinking avec les étudiants designers de l’ENSCI-Les Ateliers (des bijoux qui lévitent, des genouillères qui ne touchent plus la peau…). Il met aussi à disposition un tas de ressources en ligne pour conduire vos propres expériences de supraconductivité (en mode DiY).

« Pare-d’Ombre », Delphine Mériaux, projet SupraDesign, ENSCI-Université Paris Sud-CNRS, 2011 :

Les supraconducteurs sont une piste extraordinairement prometteuse de ce que peut la recherche fondamentale. En proposant aujourd’hui cette archive, on affiche aussi notre solidarité avec ces milliers de chercheur-e-s qui à travers le pays manifestent contre la loi de programmation pluriannuelle de la recherche.

Retrouver les autres vidéos de l’archive « Je veux savoir ».

annick rivoire