« Clubbing », une histoire mondiale des clubs, exposition de Pierre Giner, avec Poptronics à la conception éditoriale et Trafik à la conception graphique, du 13 mai 2025 au 1er octobre 2025, les mardis et mercredis (11h-20h), les jeudis et vendredis (11h-22h), les samedis (10h-22h), les dimanches (10h-20h). Plein tarif : 18€, tarif réduit : 9€, 13€ ou 16€. Gratuit : enfants de moins de 4 ans, carte Culture et presse.

Grand Palais Immersif, Place de la Bastille, 110, rue de Lyon 75012 Paris

La salle "cathédrale" du Grand Palais immersif transformée en dancefloor pour "Clubbing". © CC
< 18'06'25 >
« Clubbing » au Grand Palais immersif : alors on danse !

Voilà voilà. On en était à se dire que la culture numérique, c’est plus ça, que la culture tout court d’ailleurs ne se porte pas merveilleusement bien – et le monde, et la planète, et la politique… C’était sans compter l’indépassable énergie de Pierre Giner, artiste bien connu de nos services, avec qui Poptronics a déjà commis quelques expositions mémorables, s’appliquant à joyeusement casser les codes, en mélangeant les publics et les scènes, en partant du principe que le jeu vidéo est une culture (« Museogames », en 2010, « Ultima », en 2015), que les sciences sont ouvertes et les scientifiques encore plus (« Je veux savoir », en 2019), que l’exposition est un format à réinventer (CNAPn, 2011)…

Bref, quand il nous a proposé d’embarquer à nouveau pour concevoir une exposition autour de la nuit, des clubs, de la pulsion des corps qui dansent, du design de la fête, on n’a pas réfléchi plus que ça, l’envie était trop forte d’aller s’amuser à préparer une tranche de culture bien épaisse et bien vive comme on l’aime. On a topé là.

S’en sont suivis quelques mois d’un mélange éprouvé de discussions échauffées, d’hypothèses revisitées, d’une plongée dans les archives et la vie trépidantes de la fête la nuit. La course contre la montre s’est achevée en dansant, avec l’ouverture de « Clubbing, L’histoire se danse la nuit », le 12 mai au Grand Palais immersif, avec pour l’occasion deux scènes de DJs jouant avec l’installation géante conçue par Pierre Giner à l’échelle du bâtiment.

Resituons. Le Grand Palais immersif n’est pas une aile du Grand Palais. S’il a été créé par le Grand Palais-Réunion des musées nationaux, son actionnaire majoritaire est depuis août 2024 le groupe Chargeurs Museum Studios. Il occupe une aile de l’opéra Bastille à Paris, les anciens espaces de répétition des opéras qui comprennent une salle dite « cathédrale » et une esthétique brutaliste en diable. Cet espace dévolu aux « expériences immersives de l’art interactif », Pierre Giner l’a transformé en gigantesque boîte de nuit… de jour.

L’exposition « Clubbing » célèbre la culture de la nuit. Celle des clubs – à ne pas confondre avec celle des boîtes de nuit. Celle qui est née dans le Loft new-yorkais de David Mancuso à l’aube des années 1970.

Celle qui a vu éclore une culture d’abord imprégnée de disco, puis de house, de techno, et de toutes les nuances d’électro, et qui s’est diffusée partout dans le monde, d’Ibiza à Tokyo en passant par Beyrouth et Lagos.

Une culture sulfureuse, hédoniste et transgressive, qui a inventé formats, standards et nouvelles normes du design des nuits. Le Loft n’était pas un club, mais l’appartement de Mancuso, un forcené de musique qui à partir du 14 février 1970 en a fait le temple des nuits new-yorkaises inclusives avant l’heure. D’autres dans la foulée, à Detroit, Chicago, Ibiza, Berlin ou Paris inventeront eux aussi une scénographie de la fête, où la danse prend le pas sur le reste, où le son déborde des sound systems, où la boule à facettes et les lumières deviennent aussi gigantesques que les dancefloors.

Cette histoire, « Clubbing » la restitue dans une scénographie d’un « métaclub » qui aurait englouti toutes les expériences du Space, du Rex, de la Haçienda, du Berghain et on en passe, pour raconter la nuit, dans un parcours bien peu muséographique et quand bien même érudit.

Au côté de Pierre Giner, l’équipe de Poptronics a cherché des témoins de cette histoire, DJs, critiques, figures de la nuit d’hier et d’aujourd’hui. Leurs interviews apportent une couche supplémentaire au feuilletage multisupports imaginé par l’artiste.

Christian Paulet, ancien directeur du Rex Club à Paris :

On entre dans son métaclub accueilli par des personnages virtuels, un videur et des clubbers qui, si l’on y regarde de plus près, sont des avatars à l’apparence un peu décalée. Pas si normés que des personnages de jeu vidéo. Un peu déviants comme l’est l’expérience à laquelle on est convié.

Sur le béton à nu du Grand Palais immersif vont venir se bousculer nos avatars, doubles fantasmés de nous en clubbers. On scanne son visage, comme dans un jeu vidéo, on choisit son apparence parmi un éventail de possibilités (avec le concours de la styliste Maroussia Rebecq et du studio Full Story Collective. Et on le voit apparaître au format XXL sur les murs de « Clubbing ».

Comme dans tous les clubs du monde, la troupe de danseurs virtuels est impatiente d’en découdre sur le dancefloor. L’installation offre des points de vue obliques ou directs, immersifs ou de pure observation. Les enfants adorent manipuler le pad qui déclenche des lumières. Des visiteurs qui finiront leur soirée en club se font tirer le portrait avec leur avatar, d’autres se prennent pour des DJs sur le booth au cœur du dispositif. Les plus anciens viennent retrouver le parfum de leurs soirées d’émancipation.

Les soirs de week-end, des DJs en chair et en os viennent occuper le terrain. On profite aussi de chaque playliste concoctée par Patrick Vidal, DJ et ex-chanteur de Marie et les Garçons, qui connaît l’histoire des clubs comme sa poche et en propose une version musicale inspirée pour chaque club mis en avant.

On jette aussi une oreille aux sets de Rinse, qui exporte le clubbing en ligne – Rinse France a choisi le meilleur de ses archives sonores pour l‘occasion.

Difficile de dire tout le bien qu’on pense de l’exposition sans qu’on puisse être accusé d’un manque flagrant d‘objectivité. Forcément, on assume joyeusement d’avoir participé à sa fabrication avec la chouette équipe de Trafik. Le collectif lyonnais a apporté au projet sa patte graphique si repérable. Ses typos qui dansent aussi le jour embrassent le dancefloor et grimpent le long des murs.

Alors, pour vous donner un petit aperçu, on vous a préparé en exclusivité quelques-unes des interviews tirées de l’exposition. Comme un avant-goût de ce que vous y trouverez.

Pour commencer et souligner l’éclectisme assumé de notre panel de témoins : Christian Paulet, l’ancien directeur du Rex Club, le temple de la musique électro à Paris, nous a fait le plaisir de sortir de son relatif silence médiatique (il est aussi manager de Laurent Garnier) et Rag, l’une des figures actuelles de la nuit à Paris, DJ et directrice artistique du collectif Barbi(e)turix et du club Virage :

A suivre…

annick rivoire 

votre email :

email du destinataire :

message :