Exposition Giuseppe Penone à la galerie Marian Goodman-Paris, jusqu’au 12/07, 79, rue du Temple, Paris 3eme.
75003 Paris
Vue de l’exposition de Giuseppe Penone à la galerie Marian Goodman, où l’artiste italien déploie une nouvelle manière de travailler l’empreinte. © Marian Goodman Galerie
< 20'06'08 >
L’ar(t)bre de Penone
Erosion, fragilité, vieillesse et temps qui passe… Giuseppe Penone présente cinq œuvres nouvelles à la galerie Marian Goodman à Paris, comme une invitation à partager son paysage personnel. Ces pièces (trois dessins, une sculpture, une installation) esquissent une orientation poétique et une approche de l’empreinte nouvelles chez l’artiste italien, né en 1947, figure de l’Arte Povera, plasticien de la nature qui a surtout évolué à contre-courant de toutes les tendances, cherchant souvent, trouvant parfois, d’étranges solutions aux problèmes du corps et du regard dans (et sur) la nature. Giuseppe Penone, qui a tant fait pour la sculpture contemporaine, confirme avec cette sublime exposition sa passion pour l’« alchimie organique ». La mémoire d’abord, avec ces trois dessins à la mine de graphite sur papier noir, « Pelle di grafite » (Peau de graphite) (2003-2006). Les sous-titres « riflesso di rodonite », « riflesso di purpurite », « riflesso di uraninite », références au minéraux, établissent une correspondance entre trois matières qu’il ne cesse de faire jouer entre elles. Le papier devient l’épiderme sur lequel s’inscrivent de fines cicatrices, sortes de ridules évoquant ses travaux des années 70, quand il photographiait en plans rapprochés des fragments de peau pressée sur une vitre, dont il dessinera les détails agrandis sur les parois des galeries et des musées plus tard. Ici, les sillons grisonnants évoquent à la fois les fossiles incrustés dans la pierre, le tronc des arbres ou la paume d’une main. Comme si la peau se faisait écorce, et l’écorce enveloppe. « La Geometria nelle mani » (La Géométrie dans les mains) (2007), est un double jeu, l’un d’empreintes positives et négatives, l’autre sur la matière... L’empreinte se camoufle, la forme contenue dans le creux de la main s’évide… Et s’offre à la découverte. Au sous-sol de la galerie, « Lo Spazio della scultura (Pelle di Cedro) » (l’Espace de la sculpture -peau de cèdre) (2001) est un ensemble de 24 plaques de bronze moulées d’après les empreintes de l’écorce d’un cèdre centenaire. Au milieu, l’une des plaques tient en équilibre sur quatre branches en bronze recouvertes de cuir. Un équilibre précaire, où les masses striées rebiquent et où la tension entre le sol et l’œuvre ébauchent un jeu de faux-semblants avec (et sur) la matière : le bronze devient bois, le bois se change en bronze. Penone construit un rapport au temps, qui fait et fera œuvre. Ne jamais effacer, ni gommer la vacuité de l’écoulement du temps, l’accepter, se résigner et l’inclure comme principe même de l’œuvre. Déjà en 1968, il réalisait « L’Arbre se souviendra du contact », où apparaissait la marque de son corps. L’artiste n’a plus besoin de prouver son action dans le milieu naturel, le bois le fera pour lui. L’artiste configure la nature, laquelle reconfigure l’événement artistique. Et si la sculpture devenait organique… Ce vieux rêve qui traverse la littérature et la mythologie (Pygmalion et Galactée, Daphné), Penone s’en sert en forme de digression. Il actualise et transforme par ses créations sa propre lecture des « Géorgiques » de Virgile, des écrits d’Ovide et ceux de Plutarque.
Cybernétique en papillotes
L’icône Susan Kare Thomas Houseago sculpte des sentinelles de lumière Fondation Merz, l’autre archi post-industrielle à Turin |