Carte représentant les articles géo-taggés sur Wikipédia (ceux qui sont marqués géographiquement). L’encyclopédie libre est disponible en plus de 250 langues. © DR
< 16'06'08 >
Larousse-Wikipédia, le match des contributeurs
D’Alembert, Diderot, Voltaire et les autres auraient-ils contribué à Wikipédia ou à la nouvelle encyclopédie Larousse participative ? Forte de sa renommée de 150 ans, de sa réputation de sérieux, l’encyclopédie des familles Larousse s’est lancée à l’assaut du Web le mois dernier en concurrence directe de Wikipédia, success story du Net née aux Etats-Unis et accessible en 250 langues. Alors, qui du modèle ouvert et non hiérarchique ou de la médiation à l’ancienne emportera la bataille de l’encyclopédie en ligne ? Revue des forces en présence. Le mastodonte Wikipédia Depuis 2001, Wikipédia fait les beaux jours de ceux qui cherchent et partagent des contenus sur Internet. La base du projet est que tout un chacun peut contribuer : créer une entrée, modifier un article. 670 000 articles environ pour la version française, plus de huit millions toutes versions réunies. Le chercheur Clay Shirky, auteur de « Here Comes Everybody », un « livre sur comment (s’)organiser sans organisations », a calculé, avec l’artiste Martin Wattenberg, que la totalité du temps passé à concevoir, programmer, écrire et modifier Wikipédia représentait 100 millions d’heures, à comparer avec le billion d’heures de télévision visionnées chaque année par la population qui a accès à Internet. Larousse et le contributeur-auteur Larousse a mis au point un modèle hybride entre l’encyclopédie papier et un Wikipédia-bis en mettant au centre de son modèle le contributeur-auteur. Les 150 000 articles mis en ligne seront progressivement enrichis, les internautes étant invités à ajouter commentaires, textes et images. Impossible de confondre le contenu Larousse et celui des internautes (grâce à un code couleur), ni d’écrire à plusieurs une entrée dans l’encyclopédie. Chaque texte ou image est signé et appartient aux contributeurs (chez Wikipédia, tous les textes sont sous la license libre GNU, la GFDL), Larousse se targuant de chercher ses futurs auteurs parmi eux. Neutralité et expertise Quelle est la valeur de l’information non-experte ? Wikipédia est largement critiqué pour laisser passer de fausses informations, voire de la propagande pour une sur-représentation de formes de cultures populaires et de culture du Net. Et les experts se divisent sur la fiabilité de ses informations. La revue scientifique américaine « Nature » établissait en 2005 l’égalité en la matière de Wikipédia et de l’encyclopédie Britannica. Fin 2007, une enquête d’étudiants de Sciences Po, « La révolution Wikipédia, les encyclopédies vont-elles mourir ? » mettait au contraire en lumière de nombreux dysfonctionnements. Pourtant deux chercheurs américains ont montré (sur la version anglaise) que plus le nombre de contributeurs augmentait, meilleur était le contenu, validant ainsi le modèle « en tant qu’effort collaboratif couronné de succès ». Responsabilité éditoriale et justice La fondation Wikimédia, hébergeur de la fondation (et non éditeur, en France en tout cas) a officiellement applaudi l’arrestation du « tueur virtuel » de Philippe Manœuvre. Le journaliste avait porté plainte après l’annonce de sa mort sur l’encyclopédie en ligne. Les modérateurs n’étaient intervenus qu’une heure après pour effacer cette fausse information du site. Après trois heures de garde à vue, l’auteur de la modification biographique a été relâché, en expliquant qu’il n’avait fait « que » relayer l’information piochée sur un forum. Retour à la bataille papier Et pour changer de la bataille des encyclopédies en ligne, le front retourne au papier : l’éditeur allemand Bertelsmann a annoncé qu’il sortira en septembre la version papier... de Wikipédia (quelques milliers d’articles les plus populaires). A poptronics, on préfère la version de poche de Wikipédia pour vieux mini-ordi, pour par exemple se balader partout avec l’indispensable « Guide du voyageur galactique ».
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commentaires
écrit le < 16'06'08 > par <
gino scj savants.fr
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Une petite précision à toutes fins utiles : sur Wikipédia, personne ne possède un texte, puisqu’il est le fruit d’un effort collectif, mais chacun est l’auteur de sa contribution. C’est à dire que l’on peut retrouver que, tel jour, à telle heure, untel a écrit telle chose. La licence GFDL fait que le contributeur doit être crédité (et il l’est, même s’il ne s’agit pas d’une signature en bas de la page - ce serait ingérable dans un cadre collaboratif) mais empêche celui-ci de contester les modifications de son texte par la suite. L’auteur ne disparaît pas, mais son droit de regard sur le devenir et la diffusion du texte n’est pas supérieur à celui de quiconque.
écrit le < 04'08'08 > par <
ruedin (arobase) gmx (point) net
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Vous citez deux chercheurs américains. Connaissez-vous leurs noms ou avez-vous une référence ? Écrivant une mémoire sur le savoir collaboratif laïque, cela m’interessera beaucoup.
écrit le < 29'08'08 > par <
info aw4 poptronics.fr
>
Vous avez toutes les infos sur cet autre papier publié dans poptronics : http://www.poptronics.fr/Un-Wikithon-pour-sauver-Wikipedia.
L’exemplaire Claude Closky
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