Des courriers renommés microbes. © DR
< 21'08'07 >
Vous avez reçu un microbe
Voir ce qu’on ne peut toucher, tâter des flux d’information comme d’autres le cul des vaches. C’est un des enjeux majeurs de l’Internet, un défi pour rendre plus compréhensible la masse de ces petits paquets de 0 et de 1 qui transitent via les réseaux pour nous faire réfléchir, rire, réagir, aimer, détester, bref, vivre aux temps numériques. Et les idées pour représenter les flux d’information ne manquent pas, de toiles d’araignées géantes en plan de métro. Ce genre de programme est-il long à concevoir ? Ce projet est partie prenante de ma thèse (sur deux ans) et a été développé en un trimestre. Le design et le concept en eux-mêmes ont pris environ deux mois, la programmation un à deux mois. Vous en servez-vous personnellement comme boîte aux lettres électronique ? Anymails ne fait que visualiser les e-mails reçus (vous ne pouvez pas en envoyer). Il ne peut pas remplacer les logiciels de messagerie classiques. Personnellement, je m’en sers pour avoir un autre point de vue sur ma boîte de courrier électronique. Vous avez mis en ligne Anymails en juillet, quelles ont été les réactions ? Nous l’avons achevé il y a quelques semaines seulement et nous avons été réellement surpris par l’accueil incroyable et le nombre de retours que nous avons eus. Bien sûr, ce serait intéressant d’avoir des contacts avec l’industrie pour développer des projets dans le sens d’Anymails mais pour l’instant, Anymails n’est qu’une expérimentation pour prouver un concept. Quelles sont les limites de cette expérimentation ? Puisqu’il s’agit d’un prototype, les limites sont bien sûr nombreuses. Nous aimerions par exemple offrir d’autres plateformes (anymails est pour l’instant limité à OS-X 10.4.9, ndlr), malheureusement je ne suis pas sûre que nous en ayons le temps. De même, le programme ne montre pas les données en temps réel (de manière à éviter que quelqu’un accède et endommage la boîte d’entrée des mails), mais seulement l’état à un moment donné de la boîte. Autre limite : vous devez attribuer manuellement aux e-mails leur espèce. A côté des questions techniques, il y a bien sûr d’autres limites : le programme ne permet de visualiser que les e-mails entrants, il est difficile de trouver un e-mail particulier (pas d’outil de recherche pour l’instant) etc. Il reste tout un tas d’idées conceptuelles à développer, comme par exemple filer la métaphore de l’alimentation. Comment vous est venue l’idée de cette métaphore microbienne ? En 1995, j’avais imaginé un projet intitulé « Jellyfish » (Méduse, une encyclopédie des arts sous forme d’ombrelle, ndlr) qui m’a poussée à poursuivre cette recherche et baser ma thèse sur ce sujet. Autre source d’inspiration, la recherche menée par Ben Frey, « Organic Information Design », et son projet Anemone.
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