Focus sur l’intelligence des abeilles, les interfaces cerveau-ordinateur, les manipulations génétiques et l’anthropologie moléculaire avec la suite des entretiens du festival « Je Veux Savoir », en octobre 2019 au Quai des savoirs à Toulouse. Avec les chercheur-e-s Aurore Avarguès-Weber, Guy Theraulaz, Camille Jeunet et l’ingénieur Christophe Audouard.
Le festival des savoirs partagés est signé Pierre Giner, Poptronics et Trafik, avec la complicité du CNRS, de l’INA et du CNES.
Animal social, on est mal (archives « Je veux savoir »)
Le cerveau fait-il de nous des êtres plus sensibles ? C’est une des questions qui aurait pu être posée pendant « Je veux savoir », le festival des savoirs partagés imaginé par Pierre Giner, Poptronics et Trafik au Quai des savoirs en octobre 2019, dont voici la suite des archives vidéo. Les questions recueillies auprès du public toulousain et par internet en amont du festival, l’équipe de Poptronics s’est chargée d’aller les poser à des spécialistes, chercheur-e-s, anthropologues, ingénieur-e-s, artistes… avec la complicité du CNRS, de l’INA et du CNES.
Les abeilles, victimes de la pollution aux pesticides, souffrent davantage d’en avoir un, de cerveau justement, explique Aurore Avarguès-Weber, enseignante-chercheure au CNRS du Centre de recherches sur la cognition animale (CRCA). Elle avait la lourde tâche de répondre à la question : « Pouvons-nous vivre sans abeilles ? »
Aurore Avarguès-Weber : « Les abeilles souffrent d’autant plus qu’elles ont du mal à réfléchir »
Alors que l’humanité face à la crise pandémique n’est guère partie pour bien faire travailler son cerveau collectif, on apprend, en écoutant Guy Theraulaz, le directeur du même CRCA à Toulouse, à quel point nous sommes des animaux sociaux. De même que les fourmis, les oiseaux en nuées ou les abeilles, nos comportements peuvent être analysés sous l’angle des comportements collectifs.
Guy Theraulaz : « Les nouvelles technologies font de nous des animaux sociaux »
De là à croire que nous ne serions plus que des marionnettes manipulées par la technologie, il n’y a qu’un pas… Camille Jeunet, spécialiste des interfaces cerveau-ordinateur, ces outils qui permettent à la fois d’aider les personnes victimes de lourds handicaps, des enfants souffrant d’un TDAH (trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) et les grands sportifs, temporise. La chercheure en sciences cognitives au laboratoire Cognition, langues, langage, ergonomie répond par la négative à la question : « Peut-on lire, grâce aux nouvelles technologies, dans les pensées et dans les rêves ? »
Camille Jeunet : « Les interfaces cerveau-ordinateur sont encore très loin de lire les pensées »
Alors que le covid-19 a eu pour conséquence de mettre à la portée de tou-te-s l’actualité scientifique (jamais on n’a vu et partagé autant d’informations sur les virus, les vaccins, et plus largement sur la recherche en train de se faire), l’éthique fait l’objet d’une nouvelle attention. Christophe Audouard, ingénieur d’études au Centre de biologie intégrative du CNRS à l’université Toulouse III Paul Sabatier, explique les limites, mais aussi les espoirs immenses, liés à la découverte des ciseaux génétiques CRISPR-Cas9, en répondant à la question : « CRISPR-Cas9 : la manip génétique pour tous, est-ce dangereux ? »
Avec les technologies de l’ADN fossile apparues au milieu des années 1980, on peut voyager dans le temps et lire une toute autre histoire des débuts de l’humanité, explique Ludovic Orlando, directeur de recherche en archéologie moléculaire au Laboratoire anthropologie moléculaire et imagerie de synthèse (AMIS, CNRS, université Toulouse III), et au Centre pour la géogénétique (Danemark). Parce que comprendre le passé peut aussi nous aider à vivre le présent…
Ludovic Orlando : « L’ADN est une machine à remonter dans le temps »