« Agonie », photographies d’Antoine d’Agata, erxposées à l’Atelier De Visu du 15/10 au 4/12, 19 rue des Trois-Rois, Marseille, tél. : 04.91.47.60.07.
Image de la série "Agonie" du Français Antoine d’Agata. © Antoine d’Agata / Magnum Photos
< 04'12'09 >
Antoine D’Agata, instantanés de chairs désirantes

(pop’sur’le’feu) Dernier jour pour filer découvrir la nouvelle série photographique d’Antoine d’Agata à Marseille à l’Atelier De Visu (pour les malchanceux qui l’auraient raté à Arles). Le photographe de Magnum, habitué au soufre, à un érotisme parfois cruel (on se souvient encore des expositions sur les séries « Insomnia » et « Vortex ») est passé maître dans l’art de subjuguer ses sujets, de les envelopper par des jeux de flou, d’images prises à la volée. Dans cette séquence d’« agonies », il renoue avec une narration construite sur les nouvelles dérives. Bien plus que de coït, de corps enlacés aimants et désirants, D’Agata évoque et fixe sur ces tirages les chairs désirantes.

Actes Sud publie à l’occasion de sa nouvelle exposition un catalogue au titre plus qu’évocateur, « Agonie ». Le texte de Rafael Garrido, écrivain chercheur espagnol, auteur d’une thèse sur « Le corps et la violence dans l’art contemporain », sert de liant entre les images passées et très connues de 1993 et celles plus récentes réalisées au Cambodge ou en Espagne en 2008 et 2009. Comme une fiction en devenir.

Mais le titre au singulier est presque trompeur : le Marseillais d’origine s’échappe de l’unique pour aller vers une pluralité de corps. Les images montrent des corps, puis un seul, sorti d’un fond noir, profond et abyssal. C’est dans ces clichés-là que d’Agata surprend le plus, déréalisant ses sujets, les transposant vers des motifs picturaux issus du XVIIe siècle. Les sujets évoluent, la volonté existentielle demeure. Fixer, travailler les images et sortir de la photographie en direction de l’écriture… Ecrire, soit en acceptant d’être interviewé ou de correspondre (comme c’est le cas dans cette « Agonie »), ou photographier, une opération analogue qui conserve et arrache les corps à leur perte.

Depuis toujours, Antoine d’Agata déplace les genres. A sa façon, il se place à l’envers du documentaire, à mille lieux d’un Lech Kowalski, réalisant A story of a Junkie ! Aiguilles, shoots, appareillage, bras et veines restent présents, crèvent l’image. Une image dangereuse, mortifère et intemporelle.

cyril thomas 

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