Coup de gueule. Le chef de l’Etat donnait ce mardi matin le coup d’envoi à son Conseil à la création artistique qu’il préside en personne... Chargé d’« impulser un changement de culture », ledit Conseil n’a ni moyen financier ni rapport à fournir... Une vraie manière de liquider la politique en faveur de la culture, en ce cinquantième anniversaire du ministère du même nom...
Marin Karmitz, l’"aiguillon" du conseil à la création, ici en 2007, assistant à un meeting de François Bayrou pendant la campagne présidentielle. © Marie-Lan Nguyen / Wikimedia Commons
< 03'02'09 >
Conseil à la création artistique, on achève bien la Culture

La bonne nouvelle de la semaine, c’est la grève entamée lundi par les universitaires, sans attendre le mot d’ordre de leur coordination. Grève générale, illimitée, déterminée, refus de se faire balader par le n’importe quoi du fait du Prince. Il fallait entendre les enseignants et les chercheurs répliquer simplement, directement, à la rhétorique gouvernementale. Mais ce mardi matin, il fallait également se taper l’interview sur France-Culture de Marin Karmitz,, « Monsieur cinéma MK2 » et nouveau délégué au futur « Conseil à la création artistique » dont le dirigeant n’est autre que le petit Prince soi-même. Nicolas Sarkozy à la tête de la création, en d’autres termes... Marin Karmitz, ce nouveau délégué, n’avait d’ailleurs que le Président de la République en guise de collutoire.

D’abord, la composition de ce comité. Une seule femme, Dominique Hervieu, directrice de Chaillot. « Les autres femmes ont refusé », expliquait, énervé, Marin Karmitz. Car les autres membres sont tous des hommes, tous des directeurs, de Laurent Bayle, qui dirige La Villette, à Hervé Chabalier, qui dirige Capa, en passant par Jacques Blanc qui dirige le Quartz, Laurent Le Bon qui dirige Pompidou/Metz (et fut le commissaire de « Koons » à Versailles), Emmanuel Hoog, président de l’Institut national de l’audiovisuel ou Vincent Frèrebeau, fondateur du label indépendant Tôt ou tard... Terrifiant entourage de dirigeants, présidents, fondateurs, hauts-fonctionnaires pêchés au sein du ministère de la Culture ou de ses établissements privilégiés, bref dans la culture d’Etat si vigoureusement villipendée (par le biais des attaques contre ce ministère âgé de 50 ans) ; s’ils n’ont pas pu faire mieux, alors pourquoi les nommer dans ce ministère fantôme, chargé de « repenser la politique culturelle », à laquelle « Christine Albanel, formidable », n’a pas le temps de réfléchir. Drôle de cadeau d’anniversaire (le ministère fête son cinquantenaire ce jour).

Ensuite les projets du comité. Aucun. Poches vides. 1) « écouter les artistes » (sic) ou 2) « s’occuper de faire des maillages dans une culture où on n’a qu’Internet à la bouche » (resic). Mais le pire n’est pas là. Entendre dire que la création n’existe que « sous l’impulsion du président de la république », voilà qui est grave. Ce n’est pas seulement proposer l’art comme fait du Prince, comme si l’on était sous Louis XIV (qui avait aussi un comité de rectitude esthétique et morale à sa disposition, l’Académie Royale qu’il inventa), c’est proposer une conception souveraine de la création, une conception qui allie au Nom du Prince, celui des Grands Hommes d’un art où rien, ni personne, ne (se) produit sans y avoir dûment été autorisé, encouragé, commandité, subventionné, légitimé. En quelque sorte, c’est liquider la création.

elisabeth lebovici 

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< 2 > commentaires
écrit le < 03'02'09 > par < iconographe 6tA gmail.com >
un autre article cinglant, relevant l’article du monde, http://lachoucroutegarnie44.blogspot.com/2009/02/sarko-1er-empereur.html
écrit le < 04'02'09 > par < jjbirge phy drame.org >

Plus Poptronics se radicalise, plus je l’aime !

Plus ça va plus vos articles, Elisabeth et Annick, me plaisent...