« Papillote » de l’artiste Nicolas Frespech plonge dans les profondeurs des replis de l’Internet, où il est question d’archive, de mémoire et d’histoire(s).
« Brandon », Shu Lea Cheang (1998), première œuvre d’art numérique de la collection du Guggenheim à avoir été restaurée. © Capture écran
< 18'12'20 >
Et un jour, tout s’efface (sauf Papillote)…

Le Net est-il un trou noir ? La « Papillote » de la semaine, ce bouquet de liens glané par l’artiste Nicolas Frespech en tinyletter, débusque les stratégies d’effacement des créations sur le réseau des réseaux – qui n’en sont pas toujours, des stratégies. Les logiciels propriétaires passés de mode, les plateformes de géants de l’Internet qui disparaissent, tout ça raconte en creux une histoire du réseau.

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Cette semaine, un sachet de papillotes nostalgiques ( ?). On y parle de souvenirs, de disparitions... et on assiste impuissant (souvent) à l’effacement d’une histoire de la culture numérique, donc de notre culture. 😥 Triste, mais pas sans espoir non plus !

🍬✨ Flash, logiciel de création adoré des artistes et des gamers des années 2000 s’en va. Le lecteur Adobe Flash Player ne sera plus disponible à la fin de l’année, a prévenu Adobe... Tu fais quoi Adobe ? Article complet sur le sujet d’Arobase, une infoliste qu’on adore.


La communauté des flasheurs était très large au début des années 2000. Adobe, critiqué pour ses failles de sécurité et dépassé par des formats plus légers, jette l’éponge le 31 décembre 2020. © Capture écran

🍬📜 Parce que chaque logiciel a une histoire, et que les débuts de Flash racontent une histoire de l’Internet.

🍬🎮👾 Internet Archive a commencé à émuler certaines créations en Flash, plus de deux mille projets, dont un bon millier de jeux ont été sauvés, raconte « le Monde ».

🍬🔎 Du Minitel à Chris Marker... PAMAL_Group est un « groupe artistique européen », composé d’artistes, théoriciens des média, conservateurs-restaurateurs et ingénieurs, qui s’occupe donc de « conservation-restauration des arts et littératures numériques ».

🍬🖼️💻 Forcément, le métier de la semaine, c’est restaurateur d’œuvres numériques… Ça peut aussi se faire depuis un grand musée. Le 16 mai 2017, le Guggenheim à New York annonçait avoir restauré la première œuvre digitale de sa collection. Il s’agissait de « Brandon » de Shu Lea Cheang (1998), et ça ne s’est pas fait « sans difficulté ».

🍬💾 A la française, ça donnerait donc médiarchéologue. Ça claque sur un CV !

🍬🎄 Préservation ou conservation ? Et si la bonne-mauvaise idée, c’était de filmer des œuvres interactives ? « Noël » de Claude Closky (2001) s’active avec le lecteur Shockwave... qui n’est plus – depuis avril 2019, encore une décision d’Adobe. Avant que la création ne puisse être à nouveau (ou pas surtout) activée, l’œuvre a été filmée.

Navigation filmée dans « Noël » de Claude Closky (2019) :

🍬🎥 Même stratégie du côté du labo NT2 de l’Université du Québec à Montréal pour sa toute première exposition en ligne en 2012. Le labo de recherche sur les œuvres hypermédiatiques de l’UQAM avait décidé de filmer les navigations de créations en ligne pour son « Abécédaire du Web ».


L’interface de la première exposition en ligne du labo de recherche de l’Uqam : des dessins. Derrière chaque dessin, des archives vidéo de navigation. © NT2

🍬⚰️ Mort programmée (1) : le site « Citizen Fan » va disparaître en 2021 (et c’est pas la faute d’un virus ! ) On fait quoi ? #fanfic

Il restera juste, tout juste, la bande-annonce de lancement du webdoc de 2014 sur Youtube :

🍬⚱️ Morts programmées (2). Hey Google toi le 🤑 des Gafam, pourquoi tu fermes un tas de services, dont Poly, la plateforme d’objets en 3D qu’on adorait avec toutes ces pizzas et autres paysages féériques ? Des problèmes de trésorerie ? 😂


C’est en juin 2021 que Google désactivera sa plateforme d’images 3D Poly. © Capture écran

🍬💡 Pour organiser la « résistance au temps des œuvres numériques », on pourrait peut-être chercher des solutions du côté des formats ouverts et des logiciels libres ? Déjà en 2009, l’artiste et chercheuse Anne Laforet écrivait dans cet article (lui-même conservé sur Web archive ! ) que le format ouvert peut constituer une alternative « plus démocratique, en étant ouverte à la participation de celles et ceux qui le souhaitent, avec des modalités d’accès plus larges que les institutions de la mémoire ».

🍬📕 Et la meilleure archive serait-elle le papier ? A lire en tout cas en livre papier (ou e-book), « Le Net Art au musée » par Anne Laforet, édition Questions Théoriques, 2011.

🍬🎁💝 Deux bonus cette semaine puisque c’est bientôt Noël.

🖥 Le premier, c’est une chaîne YouTube qui a fait parler d’elle après sa suppression, par ses auteurs, en direct le 13 novembre 2020. « Unus Annus » et son mot d’ordre « Memento Mori » (souviens-toi que tu vas mourir) a été lancée par Mark Fischbach (Markiplier) et Ethan Nestor-Darling pour ne durer qu’un an. Une performance ? De quoi poser des questions sur la vie-la mort en ligne en tout cas.

👾 Le deuxième bonus, c’est la meilleure conversation de Noël qui tienne, celle que tu peux avoir avec l’un des premiers bots d’artiste, programmé par Chris Marker en 1988 en Basic sur un Apple II, jamais montré et réactivé après sa mort par un trio sous la houlette de Poptronics. « Dialector » a été émulé, montré et présenté sous différents formats ici et là (dans sa fenêtre qui rappelle l’Apple II d’origine).


« Dialector », de Chris Marker, créé en 1988, émulé post-mortem. © Chris Marker

En attendant l’année prochaine, rattrape-toi avec les vraies papillotes, c’est de saison !

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Les archives de Papillotes sur Poptronics

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