Ceinture de chasteté XIXe, métal, anonyme, à voir dans l’exposition Je crois aux miracles, les 10 ans de la Collection Lambert en Avignon. © DR
< 08'01'11 >
La Collection Lambert a 10 ans, t’ar ta gueule en Avignon
(Avignon, envoyé spécial)
La Collection Lambert fête ses 10 ans dans une ambiance plutôt électrique. Le collectionneur et galeriste Yvon Lambert menace en effet de retirer sa collection de la ville d’Avignon. Et de mettre ainsi fin à l’ambitieux projet de mise à disposition de sa très riche collection pour 20 ans (avant de l’offrir à l’Etat français).
Yvon Lambert, qui collectionne de « grands » artistes, voit rouge face aux interminables problèmes de subventions et de manque d’entretien du lieu que la ville a mis à disposition, et nomme ironiquement sa dernière exposition « Je crois aux miracles » ! Un anniversaire un peu triste, même si le gâteau est délicieux…
Tous les artistes de sa dream team sont invités à se joindre à la fête et dresser un état de la création contemporaine vu par un collectionneur et marchand d’art. Yvon Lambert aime beaucoup de monde, la liste des invités est carrément longue, en vrac et pas dans l’ordre alpha : Nan Goldin, Douglas Gordon, Dennis Oppenheim, Andres Serrano, Christian Boltanski, Joseph Kosuth, Richard Long, On Kawara, Barbara Kruger... et même des anonymes.
« Je crois aux miracles » est aussi un prétexte pour montrer des œuvres déjà vues lors de précédentes expositions dont « Coollustre », curatée par Eric Troncy en 2003, la jubilatoire « A fripon, fripon & demi » en 2003 ou « Figures de l’acteur » en 2006 sur le thème de la scène vivante (Avignon, c’est THE festival de théâtre) et son rapport à l’art contemporain.
Impossible de résumer cette « cour aux miracles » (dont une ceinture de chasteté). Voici donc un aperçu-inventaire subjectif et incomplet de ma visite.
Bien entendu, il y a Nan Goldin, ses photos et un touchant diaporama, Douglas Gordon et une vidéo hommage à Cézanne, des télégrammes de On Kawara sur lesquels sont écrits « I’m Still Alive » (l’artiste japonais continue dorénavant à indiquer qu’il est vivant sur son compte Twitter).
Il y a aussi Christo et certains travaux préparatoires de l’emballage du Pont Neuf, le Christ photographié dans du pipi par Andreas Serrano (cette fois-ci, la photo, présentée lors d’une précédente exposition, n’est pas protégée par un épais plexiglas). A propos de protection des œuvres, souvenez-vous du baiser avec rouge à lèvres sur une toile de Cy Twombly, ce vandalisme avait fait la Une des journaux en 2007 et une exposition réplique, « J’embrasse pas », avait été présentée en 2007.
L’artiste conceptuel Lawrence Weiner présente une création hommage un brin moralisatrice (voir ci-contre). A propos de sécurité, l’artiste Kendell Geers signe une installation de matraques qui forment un cœur. Une photo de Claude Lêveque représentant une villa de province surlignée « Prêts à crever » plombe l’ambiance. Cette œuvre réalisée en 1994 pour une campagne de prévention contre le sida me fait aujourd’hui penser à la crise immobilière américaine et ses expulsions à la chaîne…
Plus légères, les photos de Jonathan Monk de la série « Waiting for famous people », où des inconnus dans un aéroport tiennent une pancarte Elvis Presley ou Sean Connery.
Côté jeunes artistes, il y a aussi voir. Coup de cœur pour « Lasso » (2000), vidéo étrangement fascinante de la Finlandaise Salla Tykkä, où une jeune fille en jogging observe un jeune homme torse nu s’entraînant au lasso ; étonnement face à la sculpture « Oasis » (2010), du Lituanien Zilvinas Kempinas.
Une bande magnétique se déplace dans les airs… Magique :
J’avais aussi envie d’essayer le costume de Katia Bourdarel, « La dépouille » (2004), un mix entre « Peau d’Ane » et la folie Furry, mais pas envie de me faire réprimander par un gardien…
Une installation poétique :
Côté numérique, c’est bien le désert... Le site Internet de la Collection semble à l’abandon, pas de net art et encore moins de base de données des œuvres. Pas même une petite application branchée pour iPad ! Quand je demande à la boutique le catalogue, on me répond qu’on ne sait pas encore s’il y en aura un. En attendant, je m’offre le dernier numéro de « Frog magazine », publication d’art très épaisse et qui fait aussi le pari du tout pas en ligne !
A la sortie de l’exposition, une amie dégaine son iPad pour me présenter une application qui recense plus 50.000 œuvres d’art que l’on peut toucher… même avec les mains sales :
Un outil techno complémentaire pour « consommer » de l’art. Et peut-être une belle idée de cadeau d’anniversaire pour la Collection Lambert ?!
nicolas frespech
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